Tout est calme dans le petit village qu’est celui de Kiri. Le soleil est déjà haut dans le ciel et tout le monde commence à s’agiter, l’heure du levé est dépassé depuis de nombreuses heures. Mais alors que la joie semble être présente dans toutes les rues jusqu’à la plus sombre des ruelles, une maison reste là tristement. Elle a été bâtie dans l’ombre d’un des plus grands bâtiments du village, la bibliothèque. On ne la voit que si on s’obstine à faire le tour de l’infrastructure plusieurs fois. Elle est là mais, derrière tant de technologie et de propreté, cette petite bâtisse fait pâle figure. Elle semble être là depuis deux générations de clans alors qu’elle n’est construite que depuis 12 ans. Vous me direz que 12 ans c’est déjà pas mal, mais pour une maison qui paraît si vieille ce n’est pas assez.

A l’une des fenêtres de cette imposante maison se tient une femme. Elle regarde les gens qui entrent et sorte du bâtiment qui cache son lieu de vie. Un sourire au coin elle s’amuse à essayer de deviner le caractère selon le comportement. Sa silhouette est svelte, presque trop pour être normale. Sa peau est blanchâtre mais pas assez pour passer inaperçue parmi les femmes du pays de l’eau. Elle n’est pas d’ici, elle a trop de couleurs. Vêtue d’un haut noir moulant et d’un leggin tout aussi moulant elle reste là adossée à sa fenêtre. Son sourire disparaît et ses trais se durcissent lorsque le soleil disparaît. Il a disparu d’un instant à l’autre et de ce fait les gens ont commencés à rentrer chez eux. Ici, à Kiri, on est habitué à ce changement soudain d’atmosphère. Néanmoins la jeune femme si spéciale agite ses oreilles. Oui, car elle n’a pas des oreilles comme vous et moi, elle possède les oreilles ainsi que la queue d’un chat noir.

Agacé Kyo, car c’est là le diminutif de son prénom, soupire. Son jeu prend fi, ce n’est plus amusant du tout ! Enfin, la pluie arrive ce n’est pas une si mauvaise nouvelle. Car la femme-chat aime beaucoup quand il pleut, à la différence de ses amis à quatre pattes. Elle enfile donc son sac à dos avec dedans toutes les provisions pour plusieurs jours et décide de partir faire un tour. Saisissant le premier stylo qui lui vient elle arrache un bout de papier de son carnet et écrit rapide ce qu’elle va faire et qu’elle ne sera pas là avant un moment. Elle enfile ses ballerine, un long imper qui fait penser aux forces spéciales sauf qu’il est noir et c’est parti ! La pluie tombe fort dehors, peut être que le ciel est triste ? Kyo leva ses yeux vert-rouge vers le ciel, ne le contemplant pourtant qu’à moitié. Ses oreilles s’agitent sous son ample capuche, elle n’aime pas beaucoup ça. Un mauvais présentement la fit frissonner.

« Aujourd’hui, je rencontrerais celle ou celui pour qui le ciel pleure. »

Se dit-elle comme pour elle-même. Kyo se mit alors à courir pour sortir plus vite du village. Les regards portés sur elle dans les rues l’énervaient fortement, elle avait hâte de quitter cette atmosphère oppressante qu’était celle de Kiri.
La femme-chat atteignit finalement la sortie de son village d’adoption, un soupire de soulage qu’elle ne put contenir lui échappa alors. Elle était désormais loin des gardes des portes, loin des habitants normaux, loin des ninjas de rang plus ou moins élevé. Pourtant elle n’avait aucune mission, aucun but. Juste des provisions, de quoi dessiner et un peu d’argent. Sa seule et unique question maintenant c’était « où aller ? » Il fallait un endroit où même celui qui la connaissait le mieux ne pourrait pas la débusquer. Lassée de chercher elle finit par hausser ses épaules rondes et fines, autant aller là où ses pieds la guideraient. Elle n’a rien à faire et tout son temps donc autant en profiter non ? Direction : quelque part !

Le soleil n’est décidément pas décidé à revenir, la pluie tombe de plus belle et de fines gouttelettes d’eau éclaboussent fréquemment le visage de la jeune femme qui a l’air de s’en fiche comme ce n’est pas permis. Elle déambule depuis de nombreuses heures sans avoir trouvé l’endroit qui lui plaît. Elle continue donc, le souffle plus rapide qu’au début de son périple. Mais toujours pas essoufflée. Après tout, ça ne fait que trois heures qu’elle court à un rythme correct pour une ninja de son endurance.

Soudain elle arriva devant un magnifique lac. Séduite par ce paysage si beau et frais elle décida de s’y arrêter, ne serait-ce que quelques minutes, d’autant plus qu’elle commençait à manquer un peu d’air. Une contraction au niveau du cœur la conforta dans son hypothèse d’un besoin de repos. Elle ne broncha pas mais sa douleur fut assez forte sur le coup. Appuyée à un arbre le temps que ça passe Kyo repéra une jeune femme ninja qui devait avoisiner son âge. Elle chercha son bandeau mais en vain, pourtant sa vue était des meilleure. Peut être ne l’avait-elle pas sur elle ? La jeune femme sentait le sable. Mais également le pays de la foudre où Kyo s’était déjà rendue avec le précédent Mizukage pour signer deux trois papiers. Néanmoins le flair n’est jamais infaillible, la kirijin préféra donc laisser ses hypothèses de côté et s’approcher doucement. Elle avait l’air à cran, sa tête dans ses genoux. Pleurait-elle ? Oui, sûrement.

Désormais à portée de voix de la supposée kumojin Kyo agita sa queue pour attirer le regard de sa partenaire. Elle avait alors le regard d’un chat intriguée. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Tant de chose qu’elle voulait savoir sans même savoir pourquoi elle le voulait. Peut être venait-elle de se trouver une nouvelle amie ? Elle lança à tout hasard :

« Bonjour ? Qui êtes-vous ? Que faites-vous au pays de l’Eau ? »

Je regardais la jeune femme qui e tenait juste devant moi. Elle semblait ne pas avoir entendu, mais à quoi bon répéter ce que je venais de lui dire ? Je savais très bien ce qu’il s’était passé. La pluie continuait de tomber, lourde et sonore sur mon long manteau noir à capuche. Je regardais furtivement le ciel par moment, pas question de m’allumer une clope avec un tel temps elle ne tiendrait même pas deux minutes. Soupirant agacée j’essayais d’imaginer ce qui avait pu se passer. Peut être s’était-elle faite jeter de son village ? Je ne sais pas pourquoi mais je ressentais une sorte de compassion très forte pour cette jeune femme qui devait avoir à peu près mon âge. Quelqu’un chose m’unissais à elle, comme si nous étions destinées à vivre les mêmes choses mais avec un certain temps de décalage.

Je lui souris machinalement lorsqu’elle releva la tête pour regarder dans ma direction. Trouvant impoli de garder ma capuche je l’ôtait de ce pas pour qu’elle puisse voir mon visage. Les gouttes de pluie me tombaient désormais sur la tête et le visage, glissant le long de ma peau couleur du lait. Mais je n’en tenais pas compte, après tout j’aime beaucoup la pluie. La sentir glisser le long de mon corps ne m’a jamais gênée. Au contraire, je trouvais à cette pluie glaciale quelque chose de réconfortant dans les moments difficiles que j’ai du passer, il y a des années de cela. Mon interlocutrice finit par prendre la parole, j’écoutais avec attention ce qu’elle décidais de m’avouer :

- Qui je suis ? Ou plutôt qui j'étais ? Je m'appelle Ayumi Hidemi, du cl... de l'ancien Clan Hidemi. Je viens du pays de la foudre et je fus Juunin à Kumo. Désormais j'ère de pays en pays, cherchant à fuir un passé douloureux.
Et vous, qui êtes vous ? Si ce n'est pas indiscret, ninja de Kiri.

Je m’inclinais alors avec respect. Mais j’étais tout de même satisfaite de ne pas m’être trompée. Comme quoi malgré la pluie j’étais encore capable de discerner les odeurs que je connais. Mais je ne répondis pas tout de suite, je préférais échanger un long regard avec cette Ayumi. Ses yeux bleus me rappelaient tellement de souvenirs que je dus faire un énorme effort pour ne pas détourner le regard. J’avais l’impression de contempler un lac. Je lui souris et pris à mon tour la parole :

« Je manque à tous mes devoirs, je me nomme Kyoshiro Yang, je ne fais plus parti d’aucun clan désormais. Je vous cherchais. Je cherchais, celle pour qui le ciel pleure. Vous n’êtes pas loin de Kiri, avec votre odeur vous n’êtes pas en sécurité ici. Que comptez vous faire ? »

Je n’osais pas lui tendre la main et pourtant j’en mourrais d’envie. Elle avait l’air tourmentée comme moi mais en même temps tellement rayonnante. J’avais envie de mieux la connaître et pourtant je savais que je ne pourrais pas la ramener avec moi ? Je n’en avais pas le droit. Cette envie je ne l’avais plus ressentie depuis longtemps. Alors, si elle revenait, ce n’était pas pour rien. Je devais écouter mon instinct félin, qui se réveillait en sa présence.

Je le regarde, le visage toujours ruisselant. Elle semble réfléchir, peut être me cherche-t-elle dans sa mémoire ? C’est inutile, elle ne le sait peut être pas encore et je ne peux pas me permettre de le lui dire. Moi je n’ai pas besoin de chercher si je la connais, je m’en souviendrais forcément. Je n’oublie jamais une odeur, jamais. Pendant qu’elle trifouille sa mémoire à la recherche de l’inconnue que je suis-je l’analyse moi aussi, mais plus physiquement. Elle a l’air grande, de longs cheveux noirs aux reflets bleutés sont attachés en queue de cheval qui tombe gracieusement derrière elle. Deux longues mèches tombent et encerclent son visage au sein duquel je distingue assez nettement ses deux yeux bleus clairs. Un sourire étire mes lèvres une fraction de secondes avant que je ne me reprenne. Pourquoi sourire à une inconnue ? J’agite mes oreilles noires et dirige mon regard vers le ciel.

« Va-t-il pleurer encore longtemps ? »

Murmure-je tandis qu’elle semble encore perdue dans ses pensées. C’est alors qu’un mouvement de sa part attire mon attention. Elle vient de se relever, chose que je ne la pensait pas en état de faire. Elle fixa elle aussi le ciel, ce qui me fit sourire de nouveau. Oui cela m’amuse de voir que nous faisons la même chose, avec un train de retard. Et tout comme moi elle a perdu son village et sa famille, mais là encore, avec un train de retard. Elle redirige son regard vers moi ce qui me fait sursauter et détourner le regard. Je n’aime pas que les gens me voient sourire car je me suis promis de ne plus jamais sourire ! Ou du moins rarement et uniquement devant des personnes qui savent que j’ai partiellement oublié comment on faisait. Mais là avec elle, je ne sais pas pourquoi, mon sourire est vrai. D’habitude il sonne faux, semble faire parti de mon masque, mais là c’est comme si je lui dévoilait une part de moi que j’étais sensée avoir oubliée depuis plus de douze ans.

Elle aussi porte un sabre dans son dos. Tien, encore une coïncidence. Moi aussi, je porte un sabre dans mon dos. J’en porte même deux ! Je la laisse planter sa lame dans le sol, je connais moi aussi les bienfaits de la pluie sur ce genre d’arme. Son sabre empeste le sang et je dois me retenir de ne pas froncer le nez. Même une averse comme celle-ci ne pourra pas nettoyer une odeur aussi pestilentielle ! Elle laisse un silence furtif s’installer puis prend la parole, ce qui fait tressaillir mes oreilles :

- Je ne sais pas quoi faire. Mourir serait trop facile, vivre devient bien trop dur. Je dois vivre pour ma famille, mais surement mourir pour leur paix.

Un air étonné s’empare de mon visage. C’était exactement ce que je m’étais dis, lorsque j’ai perdu mon chez moi. Au départ j’avais opté pour la mort, mais j’avais trouvé ça bien trop facile. Une chose de ce type était réservée aux faibles, ce que je n’étais déjà pas. Revenant à la réalité je remarque qu’elle a posé ses mains sur ses hanches et qu’elle s’apprête à reprendre la parole :

- Si seulement il y avait un moyen de les faire disparaitre, de les pousser à ne plus me suivre ...

Un lueur d’intérêt s’allume alors dans mon regard. Je viens peut être de trouver la solution pour qu’elle reste avec moi. Je n’ai aucune envie de la laisser me filer entre les doigts, elle a quelque chose à me donner, et j’ai quelque chose à lui donner aussi, je le sens. Je toussote alors et la regarde le regard brillant :

« Tu as de la chance, tu es tombée sur la plus fine pisteuse de tout kiri. Je peux me charger de dissimuler ton odeur, si jamais des chiens ninja sont lancés à tes trousses. Pour l’instant tu as besoin de repos et d’être soignées, tu n’as qu’à venir chez moi ce n’est pas très loin d’ici. »

Je lui propose sans vraiment lui laisser le choix car dans mon regard il est écrit « viens, s’il te plais ». Je tends alors ma main, espérant qu’elle la saisisse mais détournant le regard quant même. C’est trop gênant pour moi de s’abaisser à être amical et gentil avec quelqu’un.