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 Pluie de cendres (PV Kitano)

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Ao Nanashi
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Ao Nanashi

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MessageSujet: Pluie de cendres (PV Kitano)   Pluie de cendres (PV Kitano) EmptyMar 11 Mar - 18:52

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Trois semaines.

              Si je devais être exacte, il s’était écoulée deux semaines et cinq jours depuis mon départ mais au point où j’en étais, la notion du temps n’était qu’un vague talent que je n’avais pas en ma possession. La seule chose dont j’avais pleinement conscience et ce avec une extra-lucidité, c’était la douleur aiguë qui me lançait dans le creux de l’estomac, ce dernier m’apostrophant avec toute la hargne du monde car étant vide depuis trois jours et ne pouvant plus puiser dans ses réserves, il hurlait famine. La seconde, c’était l’affaiblissement progressif de mes forces puisque même la boisson venait à manquer, la pluie n’étant pas la chose la plus saine et la plus équilibrée qui soit. L’emmagasinement considérable de colère, stock largement inépuisable et grondant comme l’orage avait maintenu la carcasse que j’étais à présent en vie.

Enfin en vie…c’était un bien grand mot.  

              N’étant plus que l’ombre de moi-même, je glissais sans un bruit où je le pouvais, volant ce qui s’avérait nécessaire pour ma survie et devenue maître après maints années dans l’art ardu d’esquiver les commerçants les plus hargneux en quelques acrobaties qui n’avaient eu pour conséquences que quelques bleus supplémentaires. Mes joues déjà neigeuses avaient pris une teinte cadavérique et mon ventre creusé rendait mes côtes plus saillantes que jamais, n’ayant rarement été privée de nourriture aussi longtemps et de manière aussi…drastique. Les quelques hardes jetées sur mon dos pour le départ s’étaient transformées en quelques loques décousues à moitié déchirées, s’effilochant en lambeaux que je semais derrière moi à chaque petite course-poursuite. Ma nudité restait préservée par les quelques tissus volés que j’avais noués de ça de là aux endroits les plus découverts, dénudant toujours mes cicatrices au flanc car les plaies n’ayant jamais réellement cicatrisées, elles restaient une source de douleur vive lorsqu’un vêtement y frottait trop longtemps.

D’esclave, j’étais devenue fantôme.

                  Il y avait même un minuscule village où les enfants m’avaient surnommée « L’ombre qui court » puisque les deux jours que j’y avait passé étaient exclusivement consacrés à voler du pain et des rations sèches. Forcément, il avait fallut faire deux trois foulées légèrement plus endiablées, bien que je prenne toutes les dispositions du monde (ce fichu chien avait fait un repas de choix mais il hurlait fort l’abruti…il allait de soit que ses hurlements d’agonis ameuteraient la moitié du village).
             Qu’importe. Depuis bientôt trois semaine, j’errais en perdition, perdant chaque jour un peu plus de force vitale et mon esprit se brouillant au fur et à mesure, braqué sur une vengeance factice et suintante qui coulait sur mes membres comme un sirop poisseux, m’engluant lentement. J’avançais moins vite, ma respiration sifflait de plus en plus aigue et mon estomac ne tarissait pas d’un langage fleuri lorsqu’il s’agissait de me rappeler à quel point il était désespérément vide. Une nouvelle douleur naissait au sein de ma tête, cognant contre ma tempe droite depuis quelques jours en vagues incessantes, m’arrachant parfois l’équilibre et c’est chancelante que j’avançais au travers de paysages qui m’étaient inconnus. Je ne savais rien du monde extérieur. Ces années d’enfermement ne m’avais jamais offert de pouvoir observer d’autres visages que ceux d’Enako et du cadavre qui devait avoir ameuté quelques gros poissons et je ne doutais pas qu’on me recherche déjà…aussi, traverser de nouveaux villages se révélait être une source de méfiance instable que je craignais, bien qu’il me soit impossible de les éviter si je voulais rester en vie. Ma liberté n’était donc condamnée qu’à durer si peu de temps ?

                J’en étais donc au vingtième jour…peut-être vingt-et-un, en soit cela n’avait plus d’importance, les jours qui semblaient me rester étaient réduit de moitié un peu plus chaque heures. Depuis tôt dans la matinée, une pluie glaciale pleurait du ciel dans un déluge cinglant qui ruisselait sur ma peau et mon visage, collant par là quelques mèches emmêlées par l’absence de soin et rendant ma ressemblance avec un démon ancien terriblement flagrante.

Faim.
Froid.
Peur.
Colère.
Faim.

                   Relevant la tête de la route boueuse sur laquelle je perdais mon regard vide, toute étincelle ayant désertées mes prunelles fauves à présent ternes, je vis de se découper au travers du rideau diluvien la forme imprécise de quelques habitations aux fenêtres encrassées qui courrait le long d’une grande rue et s’étalant ensuite en différentes embranchées. Les ruelles pavées laissaient croire à un lieu ordonné, sain et propre mais plus je m’y enfonçais en rasant les murs, plus le caractère glauque et insalubre des lieux me sautait au visage comme une évidence, les bâtisses et les murs suintant la mort et les cris rauques s’échappant de petites auberges indiquant assez explicitement quant à la nature des lieux.
Il n’était pas question de s’attarder ! Qui plus est, je n’avais plus la force de malaxer correctement mon chakra et tout ce que je pouvais produire en ce moment se résumait à quelques étincelles crépitantes le long de mes membres soit juste assez pour piquer ou effrayer les gamins trop curieux. Sillonnant au travers des ruelles sales de cet étrange village, à la recherche de l’un ou l’autre établissement susceptible de m’assurer de quoi remplir le démon de la faim au moins le temps de tenir jusqu’à demain matin, je priais le ciel que cette pluie cesse.

Prier le ciel…la bonne blague ! Comme si il avait jamais écouté mes prières !

              Arpentant en tout sens, laissant mes pas me guider au gré de leurs envies, je n’avais croisé dans tout le lieu que quelques ninjas qui discutaient sans faire attention à moi et un enfant qui m’avait regardé passer dans l’ombre avec de grands yeux effrayés. Un doigt sur ma bouche accompagné d’un sourire et fermant les yeux, il s’était retourné en faisant mine de ne pas me voir avant de détaler dans un petit rire joyeux, comme si il venait d’être le témoin d’une blague. Rajustant le tissu défraîchie qui couvrait ma poitrine avant qu’il se défasse totalement, je longeais les murs sans un bruit. L’eau du ciel glissait contre ma colonne en toute impunité, m’arrachant des frissons désagréables tant mes défenses immunitaires avaient pris congé depuis longtemps.
               Enfin, au carrefour d’une longue avenue, une auberge modeste aux abords légèrement plus soigné que le reste des bicoques entrevues jusque là se dressa devant moi, sa façade moqueuse et dégoulinante de pluie. Trottinant dans les flaques jusqu’à l’entrée, je jetais un œil à l’intérieur en fronçant le nez, n’ayant aucunement envie de mettre un pied à l’intérieur de l’endroit, encrassé de fumée de cigarette, imbibé d’alcool et il était hors de question que je vende mon corps pour quelques sous comme semblait le faire une jeune fille en tenue légère au fond de la salle. Jamais ! Détournant le regard, j’avisais près de la porte quelques poubelles fraîchement déposées il y a peu puisqu’elle paraissait moins débordantes de plus que les autres, à peine plus loin. Je soulevais le couvercle en grinçant des dents, la douleur perforant mon estomac se faisait de plus en plus insoutenable. Fouillant un peu de quelques mouvements de la main, je secouais la tête pour moi-même en soupirant avant de tomber sur un morceau de pain sur lequel je plongeais ma main, enserrant le petit trésor entre mes doigts qui…

- HEY ! Venez voir ce qu’on a là ! Ya une chatte de gouttière qui est venue nous saluer, les gars !
- Vraiment ? Montre voir, fais pas ton radin !


Deux hommes d’une vingtaine d’années bien révolues et un trentenaires se dressaient devant moi, les poings sur les hanches et un sourire mauvais sur le visage, tandis que je reculais lentement sur mes jambes instables et affaiblies, le regard flamboyant et le pain serré contre ma poitrine. Le premier s’avança vivement en me saisissant le bras :

- Elle est pas morte ta chatte de gouttière mon vieux ? Parce que celle là elle est vilainement amochée.

Je grondais férocement en tirant sur la poigne de l’homme mais solide, je ne pus que la faire remuer faiblement. Le second homme se pencha vers moi, mesquin en jetant un œil vers l’entrée derrière lui :

- Les proprios ont entendus du bruit, c’était toi hein ? Tu fouilles les poubelles du coin ? Pauvre petite chose…

Son doigt passa sur ma joue mais j’y refermais brutalement mes dents dans un claquement sec, lui arrachant un hurlement de douleur tandis qu’il contemplait la trace régulière d’où jaillissait un petit flot couleur rubis. Je passais ma langue sur mes lèvres avec une plaisir non dissimulé. L’homme qui me tenait la main m’asséna brusquement une gifle en plein visage auquel je répondis en poussant un glapissement de rage qui ne fit que plus les amuser encore. Le troisième s’avança à son tour en écartant son camarde qui geignait pour sa petite blessure et m’empoignant la crinière, me renversa la tête en arrière en ricanant :

- Tu sais ce qu’on leur fait nous, aux petites chattes comme toi ? On les tabasse un bon coup et on les regarde crever lentement par terre. Parfois, on joue même un peu avec ! T’en pense quoi dis ? Ca t’apprendrait à arrêter de fouiller les poubelles, c’est mal élevé…


              Aveuglée par une colère sourde, je dégageais ma chevelure de son emprise et lui assénait un puissant coup de boule en plein front en puisant dans le peu de réserve qu’il me restait. Quelques étincelles crépitèrent le long de mes doigts et surpris, celui qui me tordait le bras lâcha prise en fronçant les sourcils. Remis de sa petite plaie, le second comparse voyait rouge et encouragé par ses camarades, il revint à la charge en m’envoyant m’écraser par terre d’un coup de poing sur la tempe, enchaînant par de violents coups de pieds dans les côtes. Geignant comme une enfant, je n’avais même plus la force de hurler et serrait le quignon de pain contre moi à l’en faire exploser. Le type qui avait pris le coup de boule s’empara soudain d’une large poutre aussi grande que moi et la leva vers le ciel juste au dessus de ma tête en ricanant, dans un large geste du bras…

Je fermais les yeux.
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Kitano Hayashi
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MessageSujet: Re: Pluie de cendres (PV Kitano)   Pluie de cendres (PV Kitano) EmptyMer 12 Mar - 17:53


~De la cendre, tu deviendras un volcan~

 
Les ricanements bedonnants, une fumée ocre qui emplissait le nez et s'insinuant dans le corps comme un poison savoureux, des chopes qui s'entrechoquaient, une ambiance que j'appréciais tout simplement. Dans le fond de la salle mal éclairée par la flamme chancelante d'une bougie, une table bancale se dressait et mon visage inexpressif se dessinait entre deux zones d'ombres. Mon regard orangé se posait sur l'assistance qui regroupait un panthéon d'ivrognes en tout genre, de cas sociaux qui tentaient vainement de se créer une vie et de femmes qui vendaient leurs corps pour survivre et moi, un être qui profite du malheur et de la cupidité de ses congénères. Cigarette à moitié entamée entre les doigts, je reportais mon attention sur un homme frêle assis à ma table. Un kimono de seconde mains, une paire de lunettes de confort qui donnait à son regard un air de perversion à tout épreuve, mais un bien piètre négociant. Portant sa main contre son torse et là, passant sous son vêtement, l'homme retira un parchemin et le fit rouler sur la table jusqu'à moi. Un sourire malsain naquit sur son visage décharné, alors je fis glisser le document jusqu'à moi du bout du doigt. Frottant légèrement la bague que je portais au pouce avant de dérouler de manière monotone le parchemin, j'observais les demandes de mon commanditaire, inclinant légèrement la tête sur le flanc puis posant mon menton sur mon poing en réfléchissant.

Devant moi se présentait une liste exhaustive et un prix griffonné à la hâte, 35'000 ryos, une somme extravagante que la plupart des cloportes présents ne pourront même jamais espérer imaginer entre leurs mains crasseuses. Pourtant, pour les gens comme moi, une somme commune, comme une viré dans une maison close ou encore une tournée de saké. Tendant le bout du doigt qui se noircie et prenant une forme légèrement pointu, je viens biffer certaines conditions qui ne me plaisaient guère ou des marchandises que je ne fournissais pas. Marchandises, et pourtant nous parlions bien d'êtres humains, la vie ce traçant au bout d'une mine, leurs libertés effacées d'un simple acquiescement de tête. L'épouvantable banalité de la chose révulserait le commun des mortels pourtant cette tumeur qu'on appelle pègre est ancrée dans notre société tel une maladie la rongeant de l'intérieur. Oubliant ma cigarette qui se consumait d'elle-même entre mes doigts, je viens l'écraser d'un geste vif dans un cendrier puis l'homme par une moue désappointé ne semblait pas ravis de mes ratures.

-25'000 sans les moins de seize-ans je n'irais pas plus haut.

Braquant alors mon regard dans le siens et me redressant légèrement sur ce qui me servait de chaise je lui dis.

-Depuis quand j'officie dans le trafique d'enfants monsieur Genji ? Je trouve cela fort déplaisant de votre part de m'insulter de la sorte et ça sera 35'000 ou je garde ma marchandise, de toute manière je suis certain que d'autres acheteurs se feront une joie de me payer le prix.

Visiblement pas habitué à ce qu'on lui tienne tête, l'homme frappa du poing sur la table avant de se redresser en me fixant.

-Je suis dans le métier depuis bien longtemps espèce de jeune opportuniste, on ne la fait pas à moi !

Cette tirade m'arracha un léger sourire avant que d'une main je viens remettre le col de mon Kimono en place en signe de provocation, avant qu'à mon tour je me lève de mon assise et pose une main sur l'épaule de l'homme qui semblait surpris.

-Il n'est pas commun que les jeunes prennent la place des anciens ?

Terminant cette phrase qui semblait avoir une portée toute indiquée, une pression appliquée sur l'homme le fit vaciller, son visage vient s'écraser sur la table et ces lunettes ce déforme légèrement sous le choc. J'appréciais toujours la vanité des hommes, certain de se cacher derrière quelques bras cassés tout aussi bon à rien qu'eux-mêmes, ou cette fâcheuse tendance à prôner que l'argent donne le pouvoir. La force vient uniquement de la volonté qu'on applique aux autres en les écrasant si nécessaire, voilà pourquoi les forts et les faibles n'auront jamais la même valeur sur l'échiquier, les pions sont sacrifiés pour permettre aux autres pièces d'avancer, ainsi va la vie. Cette pensée philosophique quittant peu à peu mon esprit je reportais mon attention sur l'acheteur qui était dans une position plus qu'inconfortable. D'un léger mouvement de tête, ma nuque craquait et je me rapprochais de l'oreille de ce fameux Genji qui marmonnait des sons incompréhensibles.

-Je vous livre la marchandise à l'endroit habituel cher client ?

Un acquiescement quelque peu maladroit viens répondre à mon interrogation , relâchant la pression que j'exerçais sur sa nuque l'individu finit par se relever en grommelant, puis il vient à pousser une mallette du bout du pied pour terminer par s'en aller dans cette foule compacte et fortement alcoolisée. Passant une main dans ma chevelure pour ensuite terminer ma coupelle de saké tout en soupirant. Saisissant la poignée en cuire de mon attaché caisse que je ne manque pas d'entre-ouvrir pour vérifier son contenu comme tout bon commerçant le ferait , je prends lentement la direction de la sortie, quittant ce doux halo de tabac et d'odeur de déjections. Arriver à la sortie, je poussais la porte d'un revers de bras et assista à une scène banale qui normalement n'attirait pas du tout mon attention, trois hommes qui s'acharnaient sur une pauvre jeune fille qui semblait bien mal en point. J'étais bien loin de me douter que cette situation allait néanmoins être assez frappante pour retenir mon attention et quel ne fût pas mon étonnement quand l'un des hommes viens déplacer ça poutre en bois me toucher le visage m'infligeant un lécher choc qui me fit vaciller un court instant.

Étonné de ma présence, les provocations commençaient à fusées à mon égard, pauvre imbécile. Passant lentement la paume de ma main sur l'endroit du choc ou au lieu d'une éraflure banale et un léger écoulement sanguin, une croûte sombre, un effritement, tel la cendre, d'habitude quelqu'un de relativement posé et réfléchit je perds légèrement le contrôle quand on touche à mon visage et j'allais le faire savoir. D'un mouvement agile je viens frapper dans la carotide du cafard qui avait posé la main sur moi, s'étranglant dans un râle d'agonie l'homme s'effondra sans préavis.

Un des autres larrons quand àlui mefit face avant de précipiter sur moi le poing lever, décalent légèrement la jambe, je le fis trébucher vers l'avant, passa sur son flanc, enlaçant sa nuque entre mes bras et d'un mouvement sec la brisa. Le troisième quand à lui, finit par fuir, comme le rat qu'il était, redressant une nouvelle fois mon col après cet exercice, je passais mon chemin devant le corps de la jeune fille et pour une raison que j'ignorais je m'arrêtais près d'elle. Sa respiration était saccadée et faible, comme si la vie était sur le point de l'abandonner, sans gêne j'observais néanmoins ses courbes, son visage, une expertise macabre d'un bien qui peut être réparé et vendu. Saisissant une branche à m'a porté, je défais légèrement son haut pour observer son décolleté, puis remonte légèrement le maigre tissu qu'elle portait au niveau de ses cuisses. Un intérêt non dissimulé me gagna et me rapprochant d'elle, passant une main qui donnait l'illusion d'être protectrice derrière son cou je lui dis.

-Tu vas venir avec moi et tu n'auras plus à d'inquiéter de rien....






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Ao Nanashi
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MessageSujet: Re: Pluie de cendres (PV Kitano)   Pluie de cendres (PV Kitano) EmptyMer 12 Mar - 19:54

Doko ?




            Je ne voyais plus grand-chose, un épais filet poisseux opacifiant ma vision déjà troublée par la pluie et la faim. A mes oreilles, ne parvenaient que quelques bruits sourds et attendre le coup de poutre qui ne venait pas m’avait invité à entrouvrir les paupières… La pluie cinglait contre mon dos et un gout désagréable de fange s’insinuait dans ma bouche, le visage embrassant à moitié le sol ruisselant dans un glougloutement sordide.

Une silhouette supplémentaire.

                   A mes trois bourreaux auxquels je n’avais pus échapper par manque de condition physique, venait de s’inviter une quatrième présence que je percevais mal, trop occupée à régler ma respiration qui s’affaiblissait bien contre mon gré…Mourir en étant libre pouvait paraître une fin honorable comparé à ce que j’avais déjà subit mais une rage terrible secouait mon corps de spasmes invisible, refusant de mourir comme un rat éventré au milieu de la boue. Deux bruits sourds et mats… Le dernier arrivant venait d’en tuer deux. N’importe qui se serait effrayé de cette scène et aurait poussé de déchirants hurlements révoltés avant de s’enfuir en hurlant au meurtre mais sur ma langue, leur mort avait le goût délicieux d’un sang versé par mérite. L’homme passait près de moi.

S’arrêta.

                  Remuant faiblement et laissant monter des tréfonds de ma gorge un grondement de menace qui ne devait même pas crever le bruit de la pluie, je craignais à devoir subir un nouvel affront et préparait mes dents contre ma langue. Plutôt me la trancher et l’avaler que d’affronter encore le mépris détestable de ces charognards qui ne recherchaient que les plaisirs sanguins et charnels. Quelque chose de froid jouait avec le vêtement improvisé donc j’étais couverte, dévoilant quelques parcelles de chaires, la plupart encore fraichement marquées par les égratignures que je venais de récolter. Je n’avais même plus la force de faire crépiter quelques étincelles et en jugeant l’aura terriblement lourde et noir que j’entrevoyais au travers de mes prunelles rubis, cela m’aurait épuisé plus que de raison. De toute manière, j’avais plus une goutte d’énergie ou de chakra.
Son visage s’approcha et se découpa plus nettement…c’était un homme au beau visage mais aux yeux cruels qui me glacèrent la moelle, ces derniers restant la dernière chose que je vis avant de perdre connaissance, en sentant une main sur ma nuque.

Black out.


……


             Un tintement sourd me tira de l’engourdissement profond dans lequel j’étais et c’est en prenant sur moi que j’ouvrais les paupières…pour les refermer dans la fraction de seconde qui suivit. La lumière bien trop vive indiquait clairement que je n’étais plus à l’extérieur et la chaleur sur mon corps que j’étais morte… Aïe ma tête…Je ne devais pas totalement avoir rendu l’âme puisque les trois quart de mon corps était douloureux au possible, rendant mes quelques mouvements faiblards foutrement lents et maladroits. Plissant les yeux, je me redressais, le cou raide et la tête bourdonnante, enfonçant avec curiosité mes mains dans un…

CANAPÉ ?

           Me raidissant violemment en garde, je tournais la tête, les pupilles fendues et scrutant la pièce tous mes sens en alerte, sans trop me préoccuper de mon état ou de mon mal de crâne avant de faire brusquement volte face pour me retrouver nez-à-nez avec un homme. La dernière silhouette, je l’aurais aisément reconnu à ses traits atypiques et séduisants et à sa carrure fine et musclée qui ne m’inspirait rien de plus pour le moment qu’une monumentale source de danger.
Il tenait quelque chose à la main et me le tendit d’un geste sec, son timbre de voix à la fois glacial et autoritaire résonnant dans la pièce :

« Mange ! »


                 Méfiante et le regard brillant, j’observais le bol de…ramen instantané qu’il me tendait comme si il venait de me faire la plus grande grâce qui soit sur Terre. Peu soucieux de ce que je pouvais penser face à cet homme, dressée et tendue comme une corde d’arc sur son canapé, mon estomac se mit à hurler comme un forcené en se tordit si fort que mon visage se crispa dans une mimique de douleur. Je dus me plier vivement en gémissant, mes cheveux obscurcissant mon visage, avant de tendre la main pour m’emparer du bol dans un geste très lent et très calme, puisqu’il fallait que je garde le contrôle des tremblements qui menaçaient de m’agiter. Portant le bol à mes lèvres sans quitter l’homme des yeux, j’engloutis la portion en quelques lapements de langue sans pouvoir retenir un soupir de plaisir. Certes…cela n’avait rien de bien extraordinaire face à ce que j’avais du préparer pour les banquets mais…mais il me semblait ne jamais rien avoir mangé d’aussi délicieux. Je ne m’inquiétais pas pour une drogue quelqu’onc, si il avait voulut faire quoi que ce soit, il n’aurait pas pris la peine de m’amener ici. Ici ?

Où étais-ce par ailleurs ?

                   Quittant un instant le visage de silex de mon « hôte », je parcourais des yeux la vaste pièce meublée en conséquence par diverses babioles, aménagements anciens ou modernes, encombré par des piles de feuilles raturées de chiffres et une cuisine largement spacieuse. L’habitat paraissait désordonné au possible mais donnait pourtant un rendu propre et net…comme une sorte de bordel organisé où l’on aurait pu trouver ce que l’on désirait pour peu que l’on connaisse un peu l’endroit. Je reportais à nouveau mon attention sur cet hôte incongru dont je ne connaissais pas encore les intentions ou les volontés. M’enfonçant un peu plus dans le dossier pour créer le maximum de distance, je lui lançais un regard incandescent, emplis d’une crainte, d’une colère sourde et d’une méfiance naturelle incontrôlée.
                   Je m’accordais un instant pour l’observer plus en détails, gravant son image dans mon esprit s’il devait être ajouté à la liste noire de ma rancœur… Un visage harmonieux et séduisant, sans nul doute un homme à femme à en juger par sa musculature discrète mais mise en valeur et bien dessinée. Danger supplémentaire, la force physique. Des cheveux et deux perles brunes aux éclats froids et cruels de ceux habitués à obtenir ce qu’ils veulent et pas forcément avec un sourire, un café et une poignée de main. Je frissonnais en m’enfonçant un peu plus, les poings recroquevillés en défense contre ma poitrine et les jambes croisées. Comme il ne semblait pas réagir, je fronçais le nez dans une petite moue curieuse et questionnais d’un ton sourd :

« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? »

Allongeant un peu le coup et jetant un œil sur le bol vide, j’ajoutais, un brin amer :

« Merci… Mais ne rêvez pas ! Je n’ai pas l’intention de vous laisser faire ce que vous voudrez pour trois nouilles, la maison ne fonctionne pas ainsi, navrée ! ».


           Puis, durcissant mon regard, je soupirais en le fixant droit dans les yeux, un air de défi non dissimulé sur le visage avant d’être prise d’une violente douleur au crâne qui me rejeta net sur le canapé où je me tint la tête en gémissant. J’étais seule dans un endroit que je ne connaissais pas avec une type étrange dans une maison spacieuse avec pour seul regain d’énergie des ramens instantanés.

La situation ne pouvait pas être pire je crois…


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Kitano Hayashi
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MessageSujet: Re: Pluie de cendres (PV Kitano)   Pluie de cendres (PV Kitano) EmptyDim 16 Mar - 20:49


~Tonnerre, pluie et choix~

 
La route c'était bien passée, sans anicroche, il faut dire que rarement j'utilisais cette technique pour quelqu'un d'autre que moi. Je retrouvais alors les bâtiments aux formes si singulières et morose d'Amegakure enfin je devrais dire Jiyuu depuis la chute de l'ancien pouvoir en place. Celle que j'avais arrachée à la mort un peu plus tôt semblait déjà reprendre des forces après la nourriture aussi gastronomique soit elle que je lui ai proposée. L'observant engloutir ce maigre repas tant la faim la tenaillait une étincelle de vie brilla dans ses yeux méfiants et empilent de toute la haine du monde, je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire légèrement carnassier bien malgré moi. D'une pâleur sans pareil sa peau reflétait les sévices du temps qu'elle avait dû endurer à l'extérieur, dans le froid, la solitude et la fin, pas besoin d'être un savant devin pour s'en douter. Un visage ferme et doux à la fois, une longue tignasse en bataille d'une noirceur pouvant masquer le soleil, un corps aux courbes généreuses d'une jeune femme dans la fleur de l'âge, marqué cependant par des cicatrices indélébiles. La voyant terminer son bol et ce recroqueviller sur elle-même réalisant certainement peu à peu le danger que je pouvais représenter en ce moment les questions commencèrent à s'imposer, mais je pris mon temps pour répondre, la dévorant du regard tout en gardant cette légère mimique manifestant une satisfaction quelconque sur mon visage.

-Tu penses sincèrement que si mon intention était de céder à mes instincts les plus primaires ton avis m'importerait ? Je crois que nous connaissons tous deux la réponse.

D'un revers de main je viens retirer une mèche gênante de ma chevelure brune qui m'obstruait légèrement la vue avant de reprendre.

-Ensuite, tu peux m'appeler Tenshi, le reste importe peu et le fait que nous avons cette conversation est due aux capacités que tu sembles possédées, ne me le cache pas, pendant que tu étais évanouies j'ai pu observer de légères étincelles courir le long de tes bras.

A vrai dire, je ne tenais pas à lui dire que j'avais l'intention de la monnayer comme un vulgaire morceaux de viande bien que son physique si porterait largement, en tout cas pas tout de suite, ça ne ferait que la braquer. Bien entendu mon premier rôle n'est pas un esclavagiste c'est..... une lubie plus qu'autre chose, je ne suis que le trésorier d'une organisation criminel après tout et je remarque que gérer seul ce poste sans assistance devient compliqué. Laissant planer un moment de silence dans cette conversation le tonnerre venait rompre cette monotonie singulière, éclairant brusquement la pièce et épousant les traits de mon visage donnant à la situation une face sombre. Les goûtes de pluies venant s'écraser contre la vitre de la pièce où nous nous trouvons rythment cette symphonie lugubre, le prélude à la corruption d'une âme par le malin, la scène était plantée, le premier acte commençait pour nous deux, simple spectateurs, acteurs et metteurs en scènes.

-La réponse qui me vient logiquement est, que tu es sans doute une orpheline sans attache, errant sans but précis, la faim comme seule et unique compagnon d'infortune. Une brebis égarée, boitant dans un pâturage vierge de toutes végétations, attirant les renards qui viendront quotidiennement tenter de t'user pour te dévorer. Finalement, ta vie aura eu un sens ?

Me levant alors de mon assisses, marchant un peu dans le salon, j'étais convaincu et résolu à faire de cette jeune femme une part de moi-même, de ce que je construis et laisserais aux générations futures. Oui l'interrogation s'il s'agissait oui ou non d'une espionne m'était venu de manière logique et indiscutable, mais certainement trop élaboré de la part des quatre grandes puissances ninjas, je ne compte pas de toute manière me montrer sous mon vrai jour avant un certain temps. Le petit bout de femme qui se tenait derrière moi , avait une certaine répartit et cela me plaisait sa langue était aussi fourchue que son esprit, exacerbé par son instinct de survie.

-Et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça peut bien vous faire ? Vous croyez pouvoir vous distinguer des autres renards par vos belles paroles ? J'ai vu assez d'hommes pour savoir qu'ils sont les mêmes ! Laissez-moi !"

Il était clair pour moi en cet instant de flottements qu'il ne serait pas aisé de la rallier à ma cause, un défi qui m'attirait. Toujours de dos j'écartais légèrement les bras laissant mes mains tomber dans le vide en poussant un soupir de satisfaction.

-Je me distingue certainement déjà en t'ayant sauvée de ces hommes et nourris et en ayant une discussion construite avec toi au lieu d'abuser de ta personne non ? J'avais dans l'idée de te proposer de rester pour t'aider à développer tes capacités et te donner un but, mais tu es libre de partir.

Mon but était clair, la manipuler, faire naître en elle un désire inavoué de rage contre des chimères tant que cela la conduit à suivre ma voie. Peut être que je me trompe et qu'elle partira, mais ou serait la beauté de l'exercice sans que le risque n'existe ?

Elle enchaîna rapidement, tout en gardant son air questionnée et méfiante.

-Et qu'avez-vous à m'apporter ? Que gagnez-vous à m'aider ?

-C'est un échange mutuel, je te loge, te nourrit et t'enseigne ce que je sais, en contreparties tu travailles pour moi.

Me retournant vers elle, la fixant de mon regard orangé, je voyais qu'elle doutait toujours, cas cela ne tienne j'allais abattre ma dernière carte, tendant la main dans sa direction, une aura noire ce forme au-dessus de ses cuisses dénudées et un kunai apparu à la surface de ces dernières.

-Si tu ne veux pas me croire, je mets ma vie en gage de mes paroles, tu peux me tuer je ne me défendrais pas.

Écartant les bras, laissant mon torse comme nu et sans armure face à cette décision qui changera certainement la vie de la jeune femme je patientais, au rythme du tonnerre qui fendait les cieux.

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Ao Nanashi
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Ao Nanashi

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MessageSujet: Re: Pluie de cendres (PV Kitano)   Pluie de cendres (PV Kitano) EmptyDim 23 Mar - 18:16

Shisho



Suspicion.
Doute.
Incompréhension.
                     
                      Trois émotions s’entremêlaient dans une spirale douloureusement brûlante au creux de mon estomac, dispensant une sorte d’énergie volcanique dans chacun de mes membres. L’évocation de son nom me permit enfin de placer quelques lettres sur un visage que je gravais en mon esprit comme une menace potentielle, tout en gardant le secret espoir que ses paroles n’aient pas le sens futile d’un soir.  Bien malgré moi, mes doigts se mirent à suivre avec une douceur mesurée les lignes fissurées des cicatrices qui courraient sur mes flancs, grinçant des dents alors que le dilemme d’une autre vie s’offrait à ma personne misérable… Quant à la sienne, elle me narguait sur les muscles sinueux de son torse, dans une sorte d’injure, de provocation inaudible qui faisait courir sous mon épiderme la sensation délectable d’avoir la vie d’un être vivant dans le creux de mes mains. Le goût métallique et poisseux du sang se rependit dans ma bouche au fur et à mesure que j’enfonçais les canines dans la chaire de mes propres lèvres et glissais le kunail noir contre ma paume en frissonnant.

C’était si simple…

                    Le simple fait qu’il ai pris conscience des capacités en matière de techniques ninja que je possédais représentais une raison suffisante à mes yeux pour l’éliminer rapidement, si possible dans un maximum de souffrance avant de rafler tout ce qui pouvait m’être utile dans le spacieux habitat et de déguerpir, libre comme le vent. Et aussi vulnérable qu’un agneau boiteux. Je ne savais rien du monde extérieur, ni ce qui pouvait m’attendre au-delà de la traversée de cet étrange village pluvieux et affaiblie, il m’aurait fallut rester des jours auprès d’un cadavre à récupérer mes forces. De plus, si je connaissais plusieurs techniques, leur utilisation peu fréquentes ne m’aurais pas permis de combattre plus de cinq ninjas moyen au meilleur de ma forme. En d’autres mots, j’étais faible. Les seuls atouts dont je disposais à la perfection étaient ma légèreté physique qui me permettait de nombreuses acrobaties, le silence indispensable des voleurs et une envie de tuer presque malsaine qui rendait chacune de mes actions particulièrement cruelles.  

                    Un second éclair déchira le ciel dans une cacophonie terrifiante, zébrant un instant le trait de son buste d’une lumière blafarde. Pourtant, c’est dans cette ambiance que je me sentais le plus sereine, au milieu des claquements des gouttelettes contre la vitre et de la lumière sèche et d’une incandescente froideur, aussi belle que mortelle. Le regard fixé sur le kunail noir, je fronçais le nez et dépliant mes jambes encore repliées, je descendis prudemment du canapé sans cesser de fixer le regard pénétrant de mon hôte du coin des yeux avant de faire le tour du mobilier, me dirigeant vers la porte sans lâcher l’arme. Posant la main sur la poignée, je tournais légèrement la tête et murmurait, menaçante, le ton assassin :

« Ne bougez-pas. »

                   Au dehors, une averse pleurait du ciel avec fracas, clinquant sur le pavé dans un ballet humide et délicieusement frais sous lequel je plaçais ma tête, appréciant pleinement la senteur de la terre humide, de la fraicheur du ciel et de la pluie qui lavait la sueur sur mon front, générée par la tension. A toute vitesse, je lançais mon esprit dans une profonde réflexion…au vue de ma force actuelle et de mes capacités encore à l’état embryonnaire par absence de véritable enseignement, je pouvais survivre l’équivalent de trois mois à courir comme une vagabonde. Au-delà, il me faudrait plus de capacités d’adaptation, ce que je ne possédais presque pas puisque n’ayant presque jamais connu la lumière d’un autre village. Je ne devais ma survie qu’à un instinct animal à peine refoulé. Ce que proposais cet homme semblait honorable mais il aurait été fatal de lui accorder immédiatement ma confiance et m’étais d’avis que quoi que je choisisse, il n’avait pas l’intention de mourir par ma main.                                    
                    Le mobilier de sa maison semblait signe d’une richesse que je devinais plus importante rien qu’au bruit de mes pas sur le sol…sous la grande pièce se trouvait un espace plus grand encore, le bruit sonnant creux incroyablement longtemps pour une oreille habituée au silence et aux grincements.
Je passais une main sur ma gorge en suivant le tracé déjà connu de mes doigts à la perfection.

Le visage ruisselant de pluie, je lançais à l’adresse de Tenshi, encore à l’intérieur :

« Je suppose que vous raconter mon histoire serait une perte de temps, pour peu que vous vous y intéressiez… Mais sachez, et ce que j’accepte ou non votre aimable proposition, que j’ai une vengeance à accomplir que je ne laisserais rien m’en détourner ! »

Je lui lançais un regard brillant en revenant vers lui, lentement :

« Pas même vous. »

           Reprenant place sur le canapé sans me soucier de la pluie dégoulinant tout le long de mes cheveux et de mon corps, je continuais d’une voix sourde, légèrement détendue par le temps orageux qui avantageait en cas de besoin l’utilisation de mon affinité avec la foudre :

« Il se pourrait que j’accepte de vous suivre…mais j’ai également quelque chose à accomplir. Si j’ai tué mon précédent maître, c’est pour acheter ma propre liberté et cela, je ne vous laisserais pas me l’enlever après toutes ces années à sentir ses mains sur moi à chaque matins de chaque jours  jusqu’à maintenant. »

                        Je laissais planer un temps, les veines saillantes de rage à l’évocation de ces souvenirs révulsant, jouant avec l’arme noire avec agilité en passant un doigt presque amusé sur le fil de la lame. Me levant une nouvelle fois, j’appuyais très légèrement la pointe de cette dernière sur la pomme d’Adam de mon interlocuteur silencieux et en passais le fil sous son menton en marmonnant :

« Cette liberté à un prix pourtant…si j’ai été autant haï, j’ai besoin d’une raison valable, autre que ma naissance que je n’ai nullement souhaité. Tout ce que je vous demanderais en échange, c’est de me laisser avoir du sang sur les mains ! Que cela vous plaise ou non…-j’esquissais un sourire carnassier en passant ma langue sur mes lèvres, murmurant – je lui trouve un goût délicieux. »

                 Posant l’arme sur la table, j’ouvrais mes paumes vides en me tenant campée en face de lui, dans un regain d’énergie fulgurant et un air de défi plaqué sur le visage sal et mouillé qu’était le mien. Bien…si cet homme avait quelque chose à m’offrir sans répartie dégradantes, j’avais à y gagner et lui aussi semblait-il. Dans le cas contraire, je n’aurais qu’à ficher le camp, si possible avec sa tête.
Ca valait le coup de tenter le diable. Après tout, j'avais déjà une place en enfer.

« J’accepte votre marché, Tenshi-san, tant que vous acceptez le mien. Auquel cas, je ne resterais pas ici. Qu’en pensez-vous ? »

Je penchais la tête sur le côté en croisant les bras, un petit sourire narquois étirant mes lèvres :

« Je dois vous appeler Maître peut-être ? »
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