Rain makes everything better.

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ＩＮＴＲＯＤＵＣＴＩＯＮ

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La pluie s'abattait sur le village. Les gouttes, glissant sur la fenêtre de la chambre de Yuuhi, venaient s'écraser contre la base tandis que cette dernière observait, le regard vide. Il était bien trop tard pour sortir, bien trop tôt pour dormir et, ainsi coincée dans cet intervalle infernal, Yuuhi ne put que jouer un rôle plus que passif. Puis, d'un geste las et sans réel but ni énergie, elle leva son bras et colla son doigt à la vitre avant de dessiner ce qui lui passait par la tête grâce à la buée. Toujours assise sur son lit et appuyée sur le mur, dans son large pyjama avec ses cheveux relâchés et emmêlés, Yuuhi ne pensait pas, elle subissait l'action du temps.

Yuuhi avait toujours aimé la pluie, mais l'avait toujours détesté par la même occasion. Ce phénomène la ravissait et en même temps ravissait son esprit. C'était un de ces jours où l'on n'est plus qu'une proie face à nos émotions.

This man must fall as all men must.
The fate of all is always dust.

Elle se surprit elle-même à penser pareille chose, mais encore une fois, les nuits sombres et pluvieuses sont toujours les plus éclairantes.
Ayant soudain repris ses esprits, Yuuhi se leva rapidement et fit ce qu'elle avait l'habitude de faire en cas d'insomnie : s'entraîner. Dégainant ses deux sabres et les plantant dans le sol, exactement au même endroit que les fois précédentes -les deux seules cicatrices du-dit sol le prouvent-, elle s'assit entre les deux lames et, superposant ses mains, commença à méditer.

A quoi bon avoir un corps si l'esprit ne suit pas? Si le tien se brise aussi facilement, peut-être devrais-je aussi te briser les os?

Un souvenir qui revint malgré elle à la surface. Prise d'un instant de rage et, à la même vitesse que l'éclair qui s'abattit au même moment, Yuuhi se releva et prolongea les marques au sol en reprenant ses katanas trop violemment. Toujours en position de combat, suant et montrant les crocs avec un regard glacial que l'on ne lui connaissait plus, la Prêtresse du Tonnerre ne fit aucun mouvement avant que ne cesse la pluie.

Tu vois? La pluie rend tout meilleur, même les armes comme toi...

SILENCE! hurla-t-elle en tranchant l'air.

Essoufflée, Yuuhi remit ses armes dans leurs fourreaux et se dirigea vers la douche.

Enlevant ses vêtements un à un, sa peau parcourue de petites perles salées pouvait se voir de plus en plus. D'abord son bas de pyjama, tellement long qu'elle marchait dessus, puis son haut, découvrant ainsi le nombril, puis le ventre entier, la poitrine et enfin, les bras.
Les fines gouttes de la douche glissèrent sur sa peau, se mêlant aux perles qui se faisaient déjà rares, jusqu'à les remplacer complètement. Yuuhi serrait ses bras autour d'elle, retint cri et pleurs puis enfonça son poing dans le mur, déjà vieux, fissuré et attaqué par l'eau. C'est alors que l'on put voir, sur ces mêmes bras qu'elle tenait si fermement quelques instants auparavant, deux tatouages identiques légèrement en-dessous des épaules, à l'endroit d'ordinaire caché par les brassards habituels. Six longs cristaux séparés par six autres plus petits, dansant tous autour d'un losange central, le tout surplombé par des ailes. L'eau s'arrêta de couler.

Yuuhi sortit de la douche, se sécha et, une fois habillée, sortit en coup de vent avant de se diriger vers les terrains d'entraînement. Si la méditation ne la débarrasserait pas de toute cette rage, alors l'exercice physique, lui, le ferait sûrement.

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La porte claqua silencieusement derrière Yuuhi. Le bruit des pas de celle-ci était couvert par celui des gouttes de pluies venant se fracasser contre le sol toujours aussi dur et toujours plus froid du village. Elle se retrouva trempée jusqu'aux os au bout de quelques minutes à peine, continuant à marcher le long de la route sans s'en soucier le moins du monde. Après tout, les Kirijins sont habitués depuis déjà fort longtemps à être mouillés... même s'il est bien plus commun pour eux de se retrouver plongés dans une brume blanche aussi opaque qu'un mur de briques.

Sa marche en direction des terrains d'entraînement continua, encore et toujours. L'heure tardive ne rendit ce court périple que plus court encore, mais surtout bien moins palpitant (non pas que traverser le village et suivre une route de campagne soit palpitant). Il n'y avait rien ni personne entre elle et son objectif. Pas âme qui vive. Pas même un simple caillou. Cette fois elle l'avait bien compris, et on ne l'y reprendrait plus, sortir à cette heure et par ce temps risquait de la tuer d'ennui.

Un rat mort est plus divertissant... Je ferais mieux d'accélérer la cadence ou d'ici à ce que j'arrive, on ne pourra plus compter que mon squelette dans les rangs du village...

N'ayant même pas pris la peine de garder ses pensées pour elle-même, elle s'appuya sur le sol sous ses pieds et se propulsa de manière fulgurante, continuant à s'approcher de son objectif dans une course effrénée contre la montre. D'elle ou de l'impatience, qui allait l'emporter? Le vainqueur était clair, mais jamais auparavant un tel coude-à-coude a pu être vu chez notre protagoniste. Rain makes everything better... even your bad sides.

Elle ne s'arrêta qu'une fois arrivée. La pluie s'était elle aussi arrêtée, comme si elle s'était décidée à lui laisser un moment de répit¹. Yuuhi détacha ses katanas et les posa contre un arbre, à deux pas d'un des nombreux pantins et, après avoir pris un peu de distance par rapport aux poupées de bois, ne fit plus aucun mouvement. Les bras légèrement tendus vers l'avant et les poings serrés, seul le torse de Yuuhi bougeait.

Le prix de la vie... pensa-t-elle en inspirant, ... est le poids du silence, continua-t-elle en expirant.

Relâchant ses muscles et desserrant ses poings, elle rapprocha sa main droite de sa poitrine et dirigea la paume de l'autre main vers les cibles, toujours inanimées. Lorsqu'elle ouvrit lentement ses yeux, l'on eut l'impression de la voir disparaître un instant tant sa prise de vitesse fut foudroyante², avant de la revoir devant l'un des mannequins de bois. Enchaînant coups de poings, coups de pieds et attaques de paume³, sa vitesse n'avait rien à envier aux ninjas spécialisés dans le Taijutsu, bien que la puissance de ses coups était nettement inférieure.
Une fois ce léger échauffement fini, Yuuhi alla reprendre ses armes pour se replanter devant un second pantin, derrière lequel s'alignaient plusieurs autres. Les nuages se faisaient de plus en plus sombres et, alors qu'elle s'affaissait pour prendre position, les mains prêtes à dégainer, la première goutte d'une nouvelle pluie tomba. Yuuhi fonça.

Un monde sans vie se doit d'être coupé...

D'un clignement de l'oeil, la goutte fut tranchée en deux suivie par le premier pantin, avant qu'un bruit ne se fasse entendre. Le choc de la lame contre le second pantin, qu'elle n'avait pas réussi à traverser totalement.

Je manque de vitesse... je manque de force... Comment j'ai pu devenir Chuunin avec un tel niveau?! Il faut que je devienne meilleure, il le FAUT...

Levant la tête et regardant le ciel, elle laissa la pluie rafraîchir son visage avant d'aller se poser elle-même contre l'arbre, avant de s'assoupir, avant qu'une ombre ne lui vole ses biens les plus précieux sans qu'elle ne s'en rende compte...

¹ : Je vous aurais bien marqué "au plus grand plaisir de Yuuhi", mais c'eut été mentir ; She doesn't give a duck.

² : Cet effet de "disparition" est surtout du au fait qu'en tant que spectateur de la scène, nos yeux se sont habitués à son immobilité et qu'ils n'ont ainsi pas pu s'adapter assez rapidement au changement brusque dans ses mouvements.

³ : Je préfère le préciser juste pour être sûr : Ce ne sont que des coups de paumes normaux, pas les paumes version Hyuuga.

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ＴＯＡＮＯＴＨＥＲＲＥＡＬＭ

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Yuuhi se revoyait encore plongée dans de profondes et impénétrables ténèbres. A la fois douces, réconfortantes et mystérieuses, elle s'y sentait bien, mais pas assez pour se sentir en sécurité. Que pouvaient-elles bien cacher? Une fois le rideau levé, qu'est-ce qui en surgirait?
Flottant dans cet espace vide et malgré les doutes et l'appréhension qui rageaient en son sein, Yuuhi se laissa aller, entièrement. Pour la première fois depuis longtemps, calme et silence lui étaient accordés durant son sommeil d'ordinaire agité, et elle comptait bien en profiter tant qu'elle le pouvait.

Dis, qui c'est? - Il faudrait aller voir Sensei...

Des... voix? Elles étaient loin d'être familières. A qui appartenaient-elles? Et pourquoi maintenant?

Hum... Ojou-san? Est-ce que vous allez bien?

Les voix avaient du mal à parvenir clairement et entièrement aux oreilles de Yuuhi, toujours profondément endormie contre l'arbre. Et soudain...

Ojou-san?

Yuuhi ouvrit subitement les yeux et se releva sauvagement, cherchant ses katanas de sa main à tâtons. Mais ils n'étaient plus là. Ses biens... son trésor n'était plus là. Après avoir baissé ses yeux, choquée, pour confirmer son angoisse, elle releva la tête et prit celui en face d'elle avant de le plaquer contre le tronc.

- OÙ SONT-ILS?! OÙ EST-CE QUE TU LES AS MIS?!
- Euh je... je ne...
- SENSEI!

Yuuhi dirigea son regard vers l'endroit d'où provenaient ces petites voix et, à sa grande surprise, vit une classe entière de jeunes enfants les larmes aux yeux. Elle refit face à celui qui se révéla être leur Sensei et le lâcha sur le champ.

Oh je... je... je suis désolée je... pardon...

Confuse et rouge de honte, elle ne sut plus où se mettre. Les élèves, terrorisés pour certains et déçus de ne pas voir un oeil exorbité pour d'autres, retrouvèrent vite leur quotidien plat et innocent et oublièrent tout aussi rapidement cet incident.
Après de longs moments passés à continuellement s'excuser, Yuuhi repartit vite et retourna à son petit logement. Mais elle n'avait pas oublié. Quelqu'un lui avait définitivement volé ses armes et ce, sans s'être fait repérer malgré ses dons de Senseur et ses sens aiguisés. Cela voulait-il dire que le sommeil dans lequel Yuuhi s'était retrouvée plongée n'était pas ordinaire? Cette hypothèse n'expliquait-elle pas le fait que c'était la première fois depuis longtemps que Yuuhi dormait paisiblement? Son esprit était préoccupé par ce qui avait pu arriver à ses armes et toute ces questions n'aidaient aucunement.
Toujours debout dans le couloir de sa maison, Yuuhi passa ses mains sur son visage et remonta lentement vers le haut de son crâne, avant de se laisser tomber à genoux sur le sol et de totalement décontracter ses membres. Inspirant profondément et expirant tranquillement, elle se reprit en main et, au moment de se relever, entendit un froissement dans l'une de ses poches. Y glissant la main, elle en tira un morceau de papier contenant le message suivant :

Le morceau de papier a écrit:: J'AI TES DEUX TRÉSOOO~RS.
EST-CE QUE T ' ES CAPABLE DE ME RETROUVER? VOILÀ UN PETIT INDICE POUR TOI :

Rain makes verything better...

BONNE CHAN~CE

Son sang bouillait. Son esprit rageait. Son corps tremblait. Elle écrasa le papier dans sa main et fit violemment volte-face. Elle ouvrit à nouveau sa porte et se dirigea d'un pas décisif vers le lieu qu'elle ne connaissait que trop bien. Il était temps de mettre un terme aux nuits de cauchemars. Il était temps de tourner la page.

- Alors tu y retournes à ce que je vois...

Cela faisait bien longtemps que Yuuhi n'avait pas entendu cette voix. Cette voix qui pourtant l'a bercée lorsqu'aucune autre ne prit la peine de le faire. Elle se retourna.

- T-Tsukune... dit-elle en tentant de contenir ses émotions.
- Ah... tu es devenue une belle jeune femme. Je suis désolée de ne pas être revenue plus tôt, nous avons eu quelques complications...

Le visage de cette femme se referma, tandis que Yuuhi peinait à réaliser que celle qu'elle considérait -et considère toujours- comme sa mère était enfin de retour.

Est-ce que tu penses... que tu peux reporter ton petit voyage?

La gorge de Yuuhi se serra tant elle contenait ses larmes.

- Tsukune... ils m'ont prit mes-tes lames... celles que tu m'avais offertes...

Elle ne put plus se retenir, et une larme vint couler sur sa joue, suivie par tant d'autres. Cela peinait Tsukune de voir Yuuhi dans cet état, à genoux sur le sol trempé de Kirigakure, pleurant au même rythme que la pluie incessante.

- Viens, rentrons, on parlera à l'intérieur...

Encourageant Yuuhi à se relever en posant son bras sur son épaule, Tsukune la ramena chez elles, où Yuuhi put se nettoyer, se réchauffer et laisser libre cours à ses sentiments.

[Plus tard]
- Je comprends... mais tu ne dois pas y aller sur un coup de tête, c'est certainement un piège...
- Mais si je n'y vais pas alors... je ne les retrouverais jamais...

Tsukune soupira profondément.

- ... Soit. Je sens que je vais le regretter mais... ok. Je suppose que de toute manière, si tu n'y vas pas cette fois, ils te forceront à y aller une autre fois et pour une autre raison, alors autant limiter les dégâts...

Le regard de Yuuhi s'illumina aux paroles de sa mère et, avant d'avoir pu dire quoi que ce soit...

CEPENDANT!, dit-elle donnant un petit coup de poing sur le haut du crâne de Yuuhi, tu n'iras certainement pas seule. Je viens avec toi.
- Mais Tsukune, tu devrais te reposer...! Tu viens seulement de rentrer de mission, et au bout de 4 ans en plus!
- Tu as passé la majeure partie de ta vie avec moi. Est-ce que tu penses réellement que tu pourras me faire changer d'avis?

Yuuhi baissa la tête et la secoua.

Bien, alors je viens avec toi, c'est décidé.
- Merci, Tsukune...
- Ah, combien de fois devrais-je te le répéter? Tu peux m'appeler onee-chan... Nous ne somme peut-être pas liées par le sang, mais nous sommes tout ce qu'il y a de plus proches. Je peux t'être réconfortante comme une mère, agaçante comme une soeur et collante comme une meilleure amie, alors je pense qu'il serait plus que temps... non? dit-elle d'une voix douce et chaleureuse.
- ...oui... onee-san...

Yuuhi et Tsukune décidèrent de partir le lendemain pour, finalement, achever ce qu'elles avaient jadis commencé.

De tous ceux qui ont pu voir grandir Yuuhi ou qui ont pu la côtoyer pendant un temps, certains diront qu'elle était froide comme beaucoup de Kirijins. D'autres diront qu'elle leur paraissait gentille et polie. Mais nuls ne diront l'avoir vu dans un tel état, comme si elle était redevenue, ne serait-ce que pour l'espace d'un instant, une petite fille dans les bras de sa mère.