Négociations économiques et politiques
au pays de la Lune !

"On peut commencer la guerre quand on veut, mais on ne la finit pas de même."

Une nouvelle fois, Kogomi avait rendez-vous avec sa supérieure dans le bureau de celle-ci ; c'était bien normal, étant donné qu'elle était son bras droit. Plusieurs fois par jour, elle montait et descendait les escaliers en colimaçon qui menait au sommet de la tour du Raikage.. Maya lui avait dit qu'il s'agissait d'une mission, mais elle n'avait donné aucun détail. Un certain temps s'était écoulé depuis que Kogo n'avait pas mis un pied sur le terrain, à vrai dire, depuis sa promotion en tant que bras droit, mais lorsqu'elle l'avait été à Konoha, sous les ordres de Grimmjow Jaggerjack, autrefois son Hokage et son amant. Mais cette période lui paraissait, loin, si loin... Depuis qu'elle servait le village des nuages, tout s'était enchaîné si vite, et surtout si bien. Pas de problèmes notoires à relever, hormis l'altercation entre Jin, son cher disciple, et sa Raikage, durant laquelle elle avait du intervenir pour éviter d'avoir un ninja en moins dans les rangs de Kumo. Cet épisode s'était achevé à l'hôpital, où elle avait promis à son élève de l'entraîner. Cependant, le village avait des requêtes prioritaires sur l'entraînement de ses shinobis, comme des arrangements politiques ou économiques.




Elle fit irruption dans le bureau de la Raikage, où celle-ci rédigeait des papiers indispensables à la gestion du village. Kogo connaissait tout cela, il lui arrivait de l'aider, et ce assez fréquemment. Mais là n'était pas la raison de sa venue aujourd'hui ; sa supérieure lui expliqua qu'elle venait de s'entretenir avec Jin quelques minutes auparavant et qu'elle lui avait confié une mission de rang A, celle qui devait réunir Kumo et le village caché de la lune, Getsu, au niveau de leurs relations d'affaires. La puissance d'un village s'avérait être un excellent point, voire même indispensable en cas de guerre, de missions importantes en matière d'effectifs ou de techniques, ou même simplement pour sa renommée, mais il ne fallait pas omettre l'aspect financier ainsi que celui des relations entretenues ou à entretenir avec les puissances voisines. Sans commerce, un village ninja ne peut survivre, il faut développer des échanges entre grands importateurs/ exportateurs de matières premières, sous peine de voir la « santé » de son patrimoine décliner aussi vite qu'un feu follet. Lorsqu'elle entendu le nom de Jin et les mots « économique » et « politique », elle fut tout d'abord interloquée : elle connaissait son protégé, il ne tenait pas en place dans un domaine pareil, ou disons qu'il exécrait ce genre de choses, qui était habituellement traitées par des personnes administratives maîtresses en la matière. Alors savoir que sa chère Raikage avait laissé au bretteur, à celui qui fonce tête baissée, une tâche d'une telle envergure la laissa tout simplement perplexe. Si il y avait bien une personne que la rousse ne voyait pas en train de parlementer prix et marchandises avec des dirigeants, c'était son élève. Têtu, tenace, il ne pourrait pas arriver à mener à bien cette mission... à moins que Kogomi n'y apporte son grain de sel. Loin de vouloir le rabaisser, elle savait pertinemment que ce n'était pas la spécialité de Jin de traiter avec des grosses têtes aux commandes d'un village. Il avait ses points forts, en l'occurrence le combat pur et dur, et ses points faibles, comme tout shinobi, ce qui ne voulait pas dire qu'il était faible. Après leur combat, elle avait appris à mieux le connaître, et elle avait recelé en lui un énorme potentiel...

C'est donc ainsi qu'elle reçut de Maya un rouleau contenant les modalités de la mission qu'elle venait d'accepter. En arrivant au pied de la tour, elle avait retenu tous les points importants qui allaient s'avérer être utiles durant son séjour à Getsu. Le temps de préparer ses affaires, et Kogo se mit en route le plus rapidement possible. Dans son sac, des parchemins,  des munitions, en cas de combat, quelques vivres, de l'eau, l'ordre de mission, et le papier qui attestait qu'elle venait au village de la lune pour affaires. Celui-ci se trouvait à un ou deux jours de Kumo, bien qu'il se trouvait sur les terres du pays de la foudre. Il fallait qu'elle rattrape Jin avant qu'il ne commette une quelconque imprudence qui pourrait coûter cher à leur patrie...
Le chemin qui menait à Getsu n'était pas trop long ; au final, elle fit deux pauses, histoire d'être en forme en parvenant à destination, et mit une journée et demie. Devant les portes qui donnaient accès au village où allait se dérouler la mission, un garde la fixa avec insistance, signifiant qu'elle ne pouvait entrer sans décliner son identité. Après les modalités de passage remplies, elle s'avança à travers la rue principale, en direction du lieu où se ferait les négociations : la résidence du Getsukage. A l'entrée, des gardes l'interceptèrent, sûrement parce qu'un émissaire de Kumo était déjà passé auparavant et qu'il n'en attendait qu'un seul, et non pas deux. Jin était donc en train de parlementer avec le Getsukage en ce moment même... Kogomi sentit un frisson lui parcourir l'échine : il fallait qu'elle se dépêche d'interrompre, enfin, de s'incruster dans ces négociations, sans quoi il pouvait arriver tout et n'importe quoi. Pendant près d'une demi-heure, Kogo du justifier sa présence en ces lieux, ainsi que son grade au niveau du village de Kumo. Après moult justifications, elle put enfin pénétrer dans le château où résidait  l'homme d'importance du jour. Passer une salle était une véritable épreuve ; on contrôlait, on devait patienter en attendant l'autorisation d'un supérieur... Kogo, avant d'arriver devant la salle où se trouvait Jin, ainsi que le Getsukage, précisa une ultime fois, avec une voix forte, qu'elle était bel et bien le bras-droit du Raikage, et qu'elle n'était pas ici pour perpétuer un attentat !
Le ninja, qui devait être de grade junin, s'inclina, et ouvrit la porte, qui laissa alors entrevoir le chef du village, le visage calme, prenant une expression de surprise quand il aperçut la rousse.

Elle était vêtue d'une short rouge orangé, qui laissait entrevoir la longueur de ses jambes, et d'un haut légèrement décolleté, qui mettait en valeur ses épaules et son dos nu. Le reste de ses affaires se trouvait dans son sac, resté aux étages inférieurs. Kogo s'inclina profondément devant le kage, et prononça ces paroles :

- Cher Getsukage, veuillez pardonner mon retard, je suis le bras-droit du Raikage, chef du village des nuages et mon nom est Kogomi Saku. Je suis chargée d'accompagner ce jeune homme...

Avant même qu'elle n'aie fini sa phrase, elle jeta un coup d'oeil à sa droite, et vit un homme se tenant le poignet, sa main n'existant plus, des lambeaux de chair fondus et du sang brûlé en dégoulinant dans un spectacle macabre. On entendait son souffle exacerbé dans toute la pièce, et une odeur désagréable l'envahissait peu à peu. La jeune femme regarda Jin avec insistance, avant de se tourner vers leur négociateur :

- Ne perdons pas notre sang-froid, seigneur Getsukage. Vous avez sous les yeux mon élève, qui parfois se laisse emporter en cas de situation où il se sent en danger.

Elle fit signe à Jin de se lever, et lui intima l'ordre de s'excuser auprès de leur hôte. Celui-ci répliqua :

- Je crains que cela ne suffise, jeune fille... Vous osez faire pénétrer en ces lieux un homme avec si peu de diplomatie ! Comment voulez-vous que je vous fasse confiance?

Dans sa tête, un élan de haine et de rage la prit, et elle fit en sorte de mettre Jin mal à l'aise en insistant sur son regard et sur son expression. Tout en gardant son calme, et en parlant d'un ton ferme et léger, elle se tenait prête à se défendre ou à en découdre, dans le pire des cas, ou à débattre fortement avec le gestukage... Dans quel enfer Jin les avaient-ils fourrés ?

© Eryu/Yaku

Complications
inattendues

"L'homme est un animal politique."

Les deux Kumojins se trouvaient dans une position bien inconfortable, faisant face à un kage, même s'il était bien moins connu de ses compatriotes que les dirigeants des cinq grands villages ninjas, qu'il venait d'offenser par la réaction de Jin. Kogomi se demanda pourquoi sa chère Raikage avait décidé d'envoyer Jin effectuer cette mission pourtant d'une importance qui n'était pas moindre pour leur patrie. La politique est souvent effacée de l'esprit de n'importe quel shinobi qui ne prend pas place dans l'administration d'un village, ou autrement dit une grande majorité, mais cette même discipline fait aussi en sorte qu'une machine comme un village caché tourne bien, se crée des alliés, noue des ententes et améliore ses relations. Et pourtant, ce n'est pas à la portée de tout le monde de manier les mots face à des personnalités politiques, pour leur faire entendre raison quand ils sont persuadés d'être dans une position confortable, bien installés à la tête de leur petit empire.

Kogo n'avait pas toujours fait ça, puisqu'il était passée par des épisodes bien moins subtils auparavant, lorsqu'elle faisait partie d'une certaine organisation aux desseins plus sombres... Alors, sa tâche ne consistait pas à négocier avec des hommes comme celui qui lui faisait face en ce moment même, mais à faire valoir son point de vue avec la violence et la brutalité dont Jin venait de faire preuve. Elle s'avoua qu'au fond, cela s'avérait être plus rapide, mais que les conséquences engendrées par ce genre de comportement pouvait avoir des conséquences dramatiques.

Les méthodes du bretteur, et qu'importe si elles avaient pu fonctionner par le passé, ne trouvaient plus leur place dans le monde ninja actuel. Ou du moins pas pour ce genre de négociations... En tout cas, elle allait devoir faire preuve de prudence dans les minutes à venir, afin de ne pas aggraver la situation, et cela passait par le fait de surveiller Jin de très près. Au fond d'elle, elle croisait les doigts pour qu'il ne commette pas d'imprudence qu'elle devrait ensuite réparer avec grand peine...

Scrutant son disciple du coin de l'oeil, elle voyait que sa main s'était dangereusement rapprochée de son sabre, ne présageant rien de bon pour la suite. La kunoichi s'apprêtait alors à saisir le poignet de Jin, quitte à lui briser s'il le fallait, quand celui-ci émit des paroles, en réponse aux propos acérés du Getsukage :

"J'ai d'autres atouts que le verbe sucré et les courbettes pompeuses dont vous gracient vos seigneurs. Notez que j'ai le geste sûr et fidèle mais surtout une seule parole ! Ce que je dis, je le fais..."

Imprévisible : sûrement le mot le plus qualificatif pour définir son élève. Mais que pouvait-elle faire pour empêcher ça ? Lui trancher la langue ? Manquerait plus que ça... Et puis après tout, il avait souligné le revirement antérieur des seigneurs du pays de la lune, qui faisait que les shinobis de Kumo se trouvaient en ce lieu à cet instant. Cependant, même si pour elle, cette dénonciation venant du fond du cœur constituait une amorce pour un dialogue, ce n'était pas de l'avis de leur interlocuteur : immédiatement, il hurla « Gardes ! », et des dizaines de soldats armés de piques firent irruption dans la salle. Celle-ci n'était d'ailleurs pas assez grande pour accueillir tout le monde, des hommes attendaient encore d'agir dans le couloir, sûrement sans pouvoir assister à un seul morceau de la scène qui se déroulait. En tant que bras-droit, elle représentait la puissance de Kumo, et elle n'avait pas le droit d'engager un combat sous le toit de leur hôte, voire même à l'intérieur même du village caché de la lune. Son regard se promena sur l'assemblée qui avaient les yeux rivés sur Jin et elle, et tous n'attendaient que d'enfoncer leurs armes dans les corps des deux shinobis de Kumo si la fantaisie en prenait à leur dirigeant de leur ordonner. Enfin, avant d'en arriver à ce stade là, il faudrait encore que Kogo et sa pupille soient complètement inactifs....

Inspirant un grand coup, elle relâcha la pression qui appesantissait ses épaules, et, au lieu de porter la main à l'étui qui abritait ses kunais et autres armes de jet, elle serra les poings, et releva la tête, se dressant face au vieillard dirigeant :

- Seigneur Getsukage, je ne ressens aucune aversion pour vous, tout comme la nation que je représente. J'en conviens, nous vous avons offensé, et ce n'est pas d'une simple courbette que nos torts s'effaceront. Mais si nous sommes ici, ce n'est pas pour créer des liens de haine et de colère ; nous sommes ici pour raviver la flamme qui faisait vivre nos deux villages en paix, tout en leur permettant de s'entraider quand cela était nécessaire, et ce à tous les niveaux. Avez-vous oublié cette période ? J'estime qu'une entente, si forte soit-elle, ne devrait pas être perdue pour des broutilles.

Le vieux fronça les sourcils, comme pour exprimer un mécontentement, et jeta un regard à l'homme qui, étalé à terre, terrassé par la douleur, avait subi l'attaque de Jin.

- Si estropier un de mes hommes est ce que vous appelez une broutille, dans ce cas j'ai bien peur de devoir réfléchir quant à la poursuite de notre entente. Vous devez bien le savoir, chaque pièce a son rôle à jouer sur le grand échiquier qu'est le monde...

Malgré les paroles peu encourageantes qu'il avait prononcées, le seigneur Getsukage semblait avoir repris son calme.

- Afin de poursuivre l'accord qui perdure depuis des années, je suis prête à mettre à votre disposition les meilleurs ninjas dont dispose mon village pour réparer les dommages qu'à subi votre soldat.

Kogo faisait de son mieux pour apaiser son négociant du jour, et elle attendait une expression positive suite à la proposition qu'elle venait de lui faire, ce qui serait un premier pas vers la rédemption de la véritable négociation qui l'avait amenée en ces lieux.

- Vous savez qu'il n'est pas question que de sang et de chair brûlée, très chère... Les notions physiques ne font pas tout. Que faites-vous des dires de celui qui vous seconde?

C'est alors que la kunoichi se retourna vers son disciple, attendant une réaction de sa part, et de préférence une réaction qui ferait tourner la situation en leur faveur.

© Eryu/Yaku

Complications
inattendues

"L'homme est un animal politique."

Deux ninjas à la parole acérée face à un seigneur : chacun avait son rôle, Kogo devait calmer les esprits et tempérer le discours, tandis que Jin, qui jusqu'à présent n'avait fait qu'aggraver la situation, mettait son franc parler au service de leur village : même si c'est de maladresse dont il avait fait preuve les derniers instants, ses mots semblait avoir touchés l'assemblée constituée des gardes rapprochés du Getsukage, ainsi que le seigneur lui même. Un silence lourd s'était installé, laissant songer que les dires du disciple de Kogo avait leur part de vérité. Tous autant qu'ils étaient, en tant que shinobi, savaient au fond d'eux même que ce brin d'homme à la parole affûtée avait entièrement raison. Et cela, personne ne pouvait le remettre en cause...
Les événements passés, même s'ils avaient eu lieu bien avant leur naissance, se transmettaient entre ninjas du même village. Jin avait su profiter de ce savoir pour tourner la situation à leur avantage : les colosses avaient baissés leurs armes, et leurs regards se perdaient dans le vague, laissant leur esprit songer à ce qui venait d'être dit. Le chef du village ne se prononçait toujours pas, malgré quelques minutes de réflexion. Désormais, la rousse devait s'en remettre à lui, ou plutôt attendre ce qu'il allait dire sur cette vérité criante.  Les yeux clos, le visage de marbre, il releva lentement la tête et regarda attentivement les deux shinobis émissaires de Kumo.

« Jeune homme, vos paroles sont aussi tranchantes que votre sabre, et elles atteignent parfaitement leur but. Je suis certain que vous deviendrez un formidable bretteur, même s'il vous reste du chemin à faire.  »

Il soupira, et reprit son prologue :

« Je dois admettre que notre village est étroitement lié au vôtre, nous nous devons de faire que les accords passés perdurent. Il est de mon devoir de Getsukage d'entretenir la flamme de notre entente. Le différent qui vient de se produire n'est qu'un point sans importance comparé aux liens qui sont censés nous unir. C'est donc pourquoi je tiens à écouter la raison pour laquelle vous êtes réellement venus, nous avons déjà assez perdu de temps. »

A cet instant, la kunoichi savait la partie gagnée d'avance : mener les négociations à son avantage faisait partie d'un de ses talents, elle n'avait qu'à laisser ses opinions parler pour elle, le dialogue suivait derrière, se tissait tout seul, parfaitement adapté à la situation. C'était peut être une des raisons qui avait poussé sa Raikage à la nommer bras droit....

-Ce qui nous amène ici, ce sont des raisons commerciales : nous voudrions revoir avec vous les prix des matériaux échangés entre nos deux pays, et étant donné que nous bénéficions d'un accord particulier, nous sommes prêt à descendre certains prix de 15% par rapport aux prix en vigueur sur le marché.

Un léger sourire s'esquissa sur le visage du Getsukage, laissant deviner que la proposition qui venait de lui être faite lui paraissait alléchante. Kogo disposait des papiers à rédiger dans son sac, qui était sans doute resté à l'entrée, lorsqu'elle avait accepté de se faire contrôler par les forces armées chargées de cette tâche. Elle demanda donc au Kage si les gardes restés en retrait pouvait lui restituer ses effets, nécessaires à la finalisation du marché. Un grand gaillard, les muscles ciselés, la tête haute et le regard perçant, lui redonna sa besace, quand un bruit sourd se fit entendre, au niveau du plafond. Un coup, deux coups... il semblait que quelque chose se cachait dans les combles du toit. Les yeux de la belle rousse se dirigèrent vers Jin, qui s'était mis en alerte, la main sur son sabre. Que se passait-il donc ? Ils n'allaient pas tarder à le savoir...

© Eryu/Yaku