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 Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo.

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Enako Toshizo

Enako Toshizo

Messages : 8
Date d'inscription : 26/12/2013
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MessageSujet: Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo.   Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo. EmptyMar 7 Jan - 17:23

❆ Toshizo (Otamura)
Enako ❆




"Le monde a beau être gris, je le verrai toujours bleu"






Personnage

|- Age : 18
|- Surnom : Ako ou Ena
|- Sexe : Féminin
|- Village :
|- Rang : A rajouter plus tard
|- Liens familiaux : Petite sœur d'Ibuki, Hijikata, Sayuri Toshizo, et belle soeur d'Assia Toshizo

Joueur

|- Age : 16
|- Localisation : J'avais le choix entre SimsCity et Salem. J'ai choisi Poudlard.
|- Comment êtes-vous arrivé ici : Par la volonté Divine d'Hiji et d'Assia. Amen.
|- Une note sur 10 : Franchement, 20.
|- Vos Hobbies : Essayer de ne pas couper la tête d'Inaku ou Yine ou même de Invité par inadvertance...




[EN COURS DE RÉALISATION ET DE FINITION
PAR LES MAÎTRES CHOCOLATIERS MILKA]





❀ Physique



"Enako Toshizo ou l’art de n’être qu’une larve. Terrible constatation.

Sa peau se flétrie dès qu’elle s’expose au soleil, la condamnant à sa plus grande joie à un larvage constant sous un amoncellement de couverture assez impressionnant. Sa bouche pend toujours mollement du côté droit alors qu’un filet de bave trace un sillon brillant sur le chemin qui mène de la cuisine au lit...ou du lit à la cuisine ! Effrayant tableau n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas tout. La larve s’agite alors, mollement, Vous ne l’avez guère vu lorsqu’elle est réveillée par l'un de ses malheureux frères ou sœurs, auxquels nous adressons une pensée émue, là haut près du père céleste. Amen !
Vous l’aurez compris, Enako subit un dérèglement du sommeil quasi divin, ce qui lui permet de rester des jours sans bouger au fond de son lit. Méthode pour mincir optimal puisqu’elle n’émerge que pour mieux se rendormir par la suite, rentabilisant les réserves de nourriture au mieux. La larve qu'elle est sait passer le temps ainsi couchée... "


Mon Sensei posa la feuille devant lui, la mine sévère et complètement fermée de toute plaisanterie.

- Je vous ai demandé une description physique de vous même. Pas d'une... larve. Vous allez recommencer, tout de suite. Et je n'accepterai pas aucune autre blague. Je vous préviens.

Je me reteins de lever les yeux au ciel pour ne pas aggraver mon cas. Visiblement, il arrivait au bout de sa patience, et moi aussi. J'avais vraiment essayé d'être plus assidue avec lui, mais il n'avait pas été très correcte non plus. Mais je n'allais pas me démotiver, et je me remis à écrire ma description physique.

"Enako Toshizo ou l'enfant dans la tour d'ivoire.

Bluet révolté ou Camélia Blanc, la nature fait les choses en offrant une singularité à chacun. Ainsi, deux fleurs qu’on pose sur un lit lors d’une journée d’été peuvent être le symbole même d’un être…

Le sablier a une forme qui lui ai bien singulière, et on reprend l’idée de ces contours particuliers, qui gardait captif le temps qui s’écoulait par minutes et secondes, pour décrire la silhouette parfaite pour une femme. Cette silhouette était marquée par un buste et des hanches bien équilibrés, de même largeur, ainsi qu’une taille assez fine, joliment dessinée, qui s’arrondie gracieusement jusqu’aux hanches. Ainsi, munie d’une poitrine honnête, et des formes voluptueuses qui la rendaient attirante, certes, mais qui ne faisait pas tout son charme, elle avait déjà un atout physique conséquent. Son éducation l'obligeant à se tenir droite, elle abordait son corps de manière élégante. Elle avait de la délicatesse et le raffinement, même si quand on la croisait le matin il ne restait plus grand chose de présentable, à part son naturel jovial. Légère, assez grande, elle utilisait ses longues jambes finement musclé pour escalader les murs les plus hauts, et courir toujours plus loin. Sportive, elle était endurante, et son corps souple pouvait réaliser des enchaînements de figures qui lui avaient demandé beaucoup d'entraînement, mais qui aujourd'hui étaient réalisable sans inconvénient et très utile. Sa peau était immaculée, à l'exception d'une marque sur l'épaule, indiquant son appartenance au clan Toshizo, et qu'elle avait trouvé moche jusqu'à ce qu'elle comprenne la signification de ce tatouage atypique. Trois virgules en cercle dorée recouvraient son épaule droite, ainsi incontournable quand elle se dénudait les épaules.  Il subsiste aussi une cicatrice juste en bas du tatouage, grossière, datant de la fois où elle était tombée sur un rocher pointu. Ainsi, elle a toujours une petite entaille au niveau de la cuisse droite, où elle plante généralement la seringue pour le traitement de sa maladie. Une affreuse balafre courait sur son ventre. Grossière, imprécise, tâche sur la neige immaculée, c'était l'affreux souvenir d'une nuit de torture, du jour où on l'a éventré.  

Voyez-vous la neige ? Cette froide et poudreuse substance qui se solidifie sous vos pas lourds, sûrement un peu perdus dans cette brume épaisse et blanche qui cache l’horizon ? Saisissez la pureté de la couleur, sa luminosité et sa présence dans tout ce qui vous entour. Comme le paysage dans lequel vous avancez, elle est inévitable. Cette splendeur immaculée s’était immiscée dans l’océan de fils, les rendant étincelant de lumière. Ces longs fils tombaient en un rideau de cascade blanc qui parfois, ondulait quand une puissance invisible en décidait ainsi, telle une vague que soulève la brise. Ses cheveux reflétaient alors, les quelques rares rayons qui perçaient les nuages, créant une sorte d’halo autour d’elle. Sa crinière n’avait pas toujours été aussi longue, fut une époque où rebelle, l’enfant les avait coupé sauvagement, les faisant s’hérisser les pointes, de tel façon qu’on aurait dit un petit écureuil des neiges. N’importe quelle coupe lui allait, même si peigner cette cascade n’était donné qu’aux doigts les plus fins et les plus expérimentés. Quand elle essayait de se les coiffer, elle repartait souvent avec une poignée de pauvres cheveux ayant perdue la bataille.

Les traits délicats de son visage inspiraient l'innocence, accentuée par sa chevelure et ses immenses yeux bleus océans qui vous fixent comme si vous étiez la meilleure chose qui lui était arrivé. Ses yeux... Il arrivait qu'ils s’assombrissent de nuages gris, reflétant une forte émotion qui venait rendre l'esquisse de son visage mélancolique. Et comme le ciel, ils reflétaient son âme, ses humeurs et ses pensées. Comme un livre ouvert, ses yeux ne cachaient rien de la personnalité d'Enako. Ses miroirs du ciel en avaient charmés et émerveillés plus d’un, bien que ce qu’on retenait le plus d’elle, c’était l’aura globale qui se dégageait d’elle. On lui aurait donné le bon Dieu sans confessions. Cette lueur enfantine qui illuminait son regard lui donnait un côté fragile, appuyée par la pâleur de sa peau pour avoir passé sa vie sous un nuage de neige et de vent. Elle ne s'attardait jamais à se maquiller ou à rendre ses joues plus colorées, ni même à souligner ses deux sphères bleues. Elle faisait cet effort quand sortie obligeait ou visite, mais elle restait naturelle, fidèle à elle-même.

Passons à la tenue... Dans ses jeunes années, elle gardait toujours son pantalon bleu et son pull de la même couleur couvert par une longue veste blanche qui s'arrêtait au niveau des genoux, sans oublié l'écharpe grise qu'elle gardait comme son bonnet de la même couleur, du moins, quand elle sortait. Cette tenue l'avait accompagné longtemps, jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'une loque dont elle se sépara à contre cœur. Changement oblige, elle passa de nombreuses tenues, car malheureusement, tout lui allait, et malgré qu'elle choyait les habits larges et pratiques, elle devait avoir une tenue correcte. Et elle la trouva, à son image tout en apparaissant distinguée. Pantalon serré noir, qui moulait ses grandes jambes, avec un tee-shirt manches trois quart bleu marine qui découvrait ses hanches. Cette tenue confortable était revêtue essentiellement pour les missions qu'elle effectuait quand habitait encore à Yuki. Lors de son intégration à son clan retrouvé, elle n'abandonna pas cette tenue, même si elle dû revêtir un haori auquel son frère tenait tant. Elle détestait par-dessus tout cet accoutrement où elle avait l'impression d'être une poupée de porcelaine, donc elle utilisait divers stratagèmes pour ne pas croiser ses aînés dans le domaine. Généralement, son haori était d'un bleu profond, voir nuancé avec du violet, mais elle variait avec des couleurs plus pastelles, toujours à son image coloré et joyeuse. Quant à ses chaussures, des sandales venaient compléter l'ensemble, mais qu'elle remplaçait bien vite par ses bottines blanches qu'elle portait avec sa tenue de mission, car bien plus confortables et bien plus pratiques pour escalader le toit.

Malgré ses réticences à paraître distinguée et féminine, elle restait coquette quand il était question de bijoux. Elle avait une préférence pour l'argent, dont un bracelet qui ne la quittait jamais, cadeau de son père à sa naissance, enfin, d'après ce que sa mère avait dit à Sayuri. N'ayant pas connu ce dernier, elle le chérissait beaucoup, ainsi qu'une vieille bague qu'Ao, sa meilleure amie de toujours lui avait donné. Cette bague était en or blanc, et elles l'avaient trouvé sur le quai de Yuki. Ao l'avait gardé durant plusieurs années avant d'y faire graver son nom et de la donner à Enako, qui la gardait comme un symbole de leur amitié. Elle cachait aussi sous son tee-shirt, un nombril percé d'un anneau. Ce piercing, seule Ao connaissait l'existence de cette folie qu'Enako avait fait à l'âge de seize ans. Elle porte aussi au bas du dos, à sa ceinture, un wakizashi au manche blanc, quand elle ne l'oublie pas."




❀Caractère


- Bon. Comme tu le sais, je vais te poser deux trois questions sur ta personnalité pour faire plus ample connaissance et pouvoir mieux travailler ensemble.

Je refoulais un sourire moqueur. Je me demandais si c’était une nouvelle manière de procéder, mais en tout cas, elle avait l’air chouette comme Sensei. Enfin, si elle ne me fuyait pas au bout d’une semaine, mais je pense que Nii-San avait dû la mettre au courant. Je devais être son défi personnel, genre “dompter l’indomptable”, faire de moi une vraie Toshizo ou un truc qui aurait pu devenir le Nindo de plus d’un … enfin, ça serait présomptueux de ma part de le prétendre, mais cette idée me plaisait beaucoup.

- Pas de problème. Vous voulez savoir quoi ?

- Commence par une description de ton caractère. J’aimerais savoir comment tu te vois toi.

Je réfléchis à peine quelques secondes, et j’offris un immense sourire avant d’entamer ma réponse.

- Je n’ai pas ce qu’on appelle un sale caractère. Je ne saute pas sur le lustre en maudissant la terre entière et en proclamant l’apocalypse parce qu’on me refuse quelque chose, ou parce qu’on n’est pas d’accord avec moi. Mais, je ne manquerai pas de demander l’asile politique au pays voisin en vous déclarant la guerre, si on me demande de descendre à la cave. J’ai la phobie des caves. Je suis claustrophobe. Pourtant, elles sont généralement grandes. Surtout la nôtre, une vraie fourmilière. Mais, j’peux pas, c’est psychologique. Et je n’aime pas les araignées, aussi. Ça a beau être l’habitant de la maison le plus discret, elle et moi, on se flaire comme chien et chat. Mais nous vivions quand même sous le même toit sans hostilité apparente (je tiens un tableau de chasse ; deux cents dix-sept victimes à ce jour. C’est une guerre sans merci et discrète, dans les règles de l’art), comme deux éternels ennemis emprisonnés dans le même pénitencier. La condamnation avait été prononcé le jour de ma naissance après avoir commis un crime dont j’étais sûrement innocente (j’ai toujours doutée de ma culpabilité, mais  j’avais peut-être tué un lama dans une autre vie et j’en payais les frais), et tout de suite, on m’avait mis les fers et traînée dans un berceau aux barreaux solidement forgés. Les gens se penchaient alors, admirant le dernier produit de la fabrique Toshizo (100% bio,  non remboursable, ni échangeable), faisant la fatale erreur de laisser leurs cheveux pendouiller au-dessus de mes petites mains frêles. Mes admirateurs sortaient souvent avec des cheveux en moins, et je m’agitais fièrement avec mes touffes de cheveux dans mon berceau, gazouillant, contente de mon trophée souvenir. Je crois que mes frères et surtout, surtout ma sœur en ont fait les frais pendant longtemps, avant de trouver la parade : « Un problème capillaire ? Perte de cheveux ? Cheveux gris ? Essayez la nouvelle formule : Anti-Enako. Cheveux soyeux garanti. ». Je n’étais pas méchante, mais disons que je ne tenais pas en place. Et ça, depuis toute petite. Je ne me souviens que très peu de mon enfance, mais je la vois toujours très mouvementée. Entre les gaffes, les excursions sans permission, les punitions, j’étais une terreur. Il fallait toujours que je fasse quelque chose, que je m’occupe. Tout le temps. C’était instinctif. Curieuse comme personne, je voulais tout savoir, aujourd’hui encore, et si j’ai une idée derrière la tête, il est très difficile de m’en défaire. Et j’en avais toujours une. Je suis plutôt entêtée, tête de mule et bornée, ça, c’était un fait que personne ne peut contester. Ce qui me vaut souvent l’agacement de mes frères.  
Je suis assez impatiente, ce qui me rend assez débrouillarde, avec des tendances bricoleuses et artistiques. Un problème avec une latte du parquet ? Ne bougez pas, je cherche un marteau (ou un quelconque outil fera l’affaire, du moment qu’il n’est pas trop coupant). Une petite sculpture en chocolat ? Pas de problème, je vous fais ça. Mais, si ça fond avant que j’ai fini, je la mange. Ah, et je suis musicienne. Surprenant, mais j'ai eu la patience d'apprendre à jouer d'un instrument, même si au début, c'était un peu de la découverte. Je joue du guzhen, et un peu d'erhu. J’aime beaucoup les nouvelles choses, les nouvelles sensations. Marcher sur un fil suspendu entre deux toits ? Je m’étais cassée le bras en tombant, mais je m’étais bien amusée à débusquer le matériel pour réaliser cet exploit !... Mais, je pratique aussi des activités calmes, il ne faut pas croire, hein, il m’arrive d’être fatiguée... Je dessine énormément, mais je fais plus dans la caricature (généralement d’Hijikata, mon aîné, un excellent sujet et modèle pour mes petites histoires où j’ai l’habitude de peindre ses traits en arrondissant ses joues. Il est marrant avec des joues de rongeur.) que dans les beaux-arts… L’humour, j’en ai. Bon, il n’est pas forcément au goût de tout le monde, mais temps que je peux rigoler un bon coup, ça ne m’embête pas. J’ai des amis. Pas énormément. Voir pas du tout. J'ai bien Ao et Ainzen... Mais, ma belle-sœur, Assia-Chan reste ma confidente. Parfois, je l’appelais Onee-Chan, mais seulement quand je veux lui témoigner mon affection. Elle a le mérite de me supporter et de m’écouter parler. Surtout parler, je suis très bavarde quand je m’y mets. J’arrive même à la faire rire. Parfois. J’ai le sens de ma famille, aussi. Ça, jamais personne ne pourra le contredire. J.A.M.A.I.S. Ma vie ne vaut rien sans eux, et je la donnerai sans problème si ça peut garantir la leur. Mais ça ne m’empêche pas de les embêter. J’adore mes nièces, et je ne manque jamais de jouer avec elles, et mes frères et ma sœur… Que Dieu me pardonne, je ne suis pas tendre avec eux. Mais bon, ce n’est pas comme si je le faisais exprès ! Je ne suis peut-être pas la petite sœur modèle, mais ça part toujours d’un bon sentiment… Je crois... Et puis, je ne refuse jamais un câlin (je suis une boule affective, mais je ne l’avouerais jamais. Plutôt mourir… Mais ça se négocie toujours avec du canard laqué), même si j’en donne plus que j’en reçois. Mon éducation me limite beaucoup niveau effusion, mais si j’ai un talent, c’est bien  l’art de la dissimulation. Un invité ce soir ? Une sortie en ville ? Pas de problème, j’enfile le gant de la petite Toshizo, un rôle que je me suis conçue en me basant sur mon éducation stricte et noble. Mais, mon âme est rebelle, et je n’ai jamais réussi à me plier, et à faire ce qu’on attendait de moi. Donc, pour ne pas être la bête noire de la famille (je l’étais quand même, d’une certaine façon), j’enfilais mon masque forgé avec la patience de tous mes précédents professeurs (un peu poussé à bout, je dois vous l’avouer) et de ma famille. Mon éternel sourire un peu moqueur est alors remplacé par un visage froid qui faisait concurrence avec celui de mon frère, Hijikata (même si c’était impossible, sa peau n’était pas assez souple pour esquisser un sourire, mais j’aimais me berner d’illusion).  
Enfin bon, je suis comme je suis. Une enfant intenable depuis le berceau, rebelle et qui ne rentre pas dans le moule. J’ai cependant horreur qu’on me le rappelle, car je pense que c’est déjà assez dur pour ma famille de me supporter. J'ai aussi comme défaut, un côté sadique... Mais, terrible. Voyez-vous, j'ai passé une partie de mon enfance à disséquer des animaux avec Ao-Chan, car nous avons toutes les deux un goût prononcé... pour la vision du sang. Rassurez-vous, je ne suis pas psychopathe non plus, mais je n'hésiterais pas à faire souffrir une personne par vengeance. Peut-être est-ce un tort, mais ne cherchait pas à me duper, à me manipuler ou à me tromper. Je risque de devenir... sanglante, et le mot est faible.
J’ai tendance peut-être à être trop détachée de la situation, pas assez assidue, concentrée. Il faut que le sujet me passionne pour que je m’accroche, car disons tel qu’il est, je suis pantouflarde, niveau étude. J’aime courir, m’entraîner, apprendre des techniques, ça me défoule, mais j’ai horreur qu’on me force la main… Audacieuse, j’ose, je relève les défis les plus improbables (esprit compétitif, je n’aime pas trop perdre), et peste les mauvais jours où j’enchaîne les échecs. Je ne suis pas râleuse de compétition, mais je me défends pas mal. Je suis assez cérébrale, un trait héréditaire qui heureusement ne m’avait pas été épargné, donc je résonne assez, mais j'oublie souvent les choses, ce qui fait de moi quelqu’un d’assez… désordonnée. Et ça ne se limite pas à ma chambre. Pourtant, j’essaie, vous comprenez, au moins par respect pour les domestiques (ils ne trouvaient plus très drôle de trouver une chaussette sous le canapé), mais je n’y arrive pas. J’embarquais parfois un livre, que je lisais sur le perron, avant de me rendre compte que j’avais laissé bouillir l’eau du thé, et de filer en l’oubliant  pour après aller dessiner dans le jardin… Étourdie jusqu’au bout, je suis maladroite à partir du moment où l’on me coince de la porcelaine entre les mains, ou une quelconque verrerie susceptible d’être brisé par mes soins. Ah, je n’ai pas le sens de l’orientation. Je suis vraiment nulle quand il s’agit de trouver quelque chose ou même de trouver la route… Je me suis déjà perdue dans ma maison, mais j’avais cinq ans… et douze ans… Mais enfin, j’essaye, je m’applique… Malgré mes nombreux défauts, je suis persévérante, loyale et même si j’ai tendance à ironiser les événements, je suis objective. Je ne déprime pas souvent, mais quand ça arrive, je peux me montrer très philosophique et pleine de bon sens. Pas que je n’en ai pas en règle général, mais disons que la petite voix ne fait pas souvent écho dans mes pensées… Et puis, vous savez, finalement, ça aurait pu être pire, concluais-je en croisant les jambes.

- Que veux-tu dire ? demanda-t-elle, les yeux écarquillés, comme ceux d’un poisson lune.

J’arquais un sourcil en haussant les épaules.

- Bah, j’aurais pu être lunatique.


© Never-Utopia
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Dernière édition par Enako Toshizo le Mer 23 Avr - 15:55, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo.   Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo. EmptyDim 2 Mar - 20:13



❀ Histoire




Avant de commencer...



Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo. Shiori10

   C’était un soir d’hiver, un 7 décembre d’une année tellement lointaine qu’il ne semble pas utile de citer. Mais, c’était il y a dix-huit ans, sur une île dont le nom lui a longtemps échappé, mais qui aujourd’hui avait pris une telle importance dans sa vie que dans sa bouche, il sonnait comme une terre perdue, une destination emplie de mystère qu’elle aurait tant aimé connaître… L’île de Chizoraï, archipel du Pays de l’Eau, une île placée sous l’aile du clan Toshizo, pour une raison qu’elle ignorait encore aujourd’hui et qu’elle n’avait pas cherché à connaître, mais qui avait permis à son clan de s’établir loin du village barbare et sanglant qu’avait été Kiri, mais séparant celui, une partie migrant à Konoha, plusieurs trentaine d'années auparavant. L’île, dont  les richesses maritimes et agricoles rendaient l’économie prospère, assurant ainsi une vie simple aux pêcheurs,  agriculteurs et marins  qui embarquaient plusieurs fois par jour sur leur navire, en quête de denrées à vendre, avait pour réputation un sale temps propre au Pays de L’Eau. Brumeuse, pluviale, il n’était pas rare qu’un orage éclate et parfois d’une telle violence qui l’aurait fasciné, si elle avait pu en être spectatrice. C’est dans ce paysage qui semblait terne et peu joyeux, qu’elle vit le jour, pointant le bout de son nez au même instant qu’un voile de brouillard venait recouvrir le domaine. Quelques misérables kilos enveloppaient son être fragile, qui gesticulait, agitant ses petits bras, tout en vrillant les oreilles de ses parents qui semblaient cependant, heureux de sa venue. C’était un bébé déjà couvert de quelques cheveux blancs, et dont la couleur de ses grands yeux restaient indéfinie pour le moment, mais qui tira vers un bleu aux teintes particulières. Mais, à peine ses deux sphères s’étaient ouvert sur le monde, que sa mère la prit, elle et sa soeur Sayuri pour fuir leur père, ayant trompé cette dernière avec une domestique. Ainsi, à peine née, confrontée aux éléments, blottie contre sa mère, elles arrivèrent après des semaines de voyage dont en voyait pas le bout, on retrouva la petite Enako, sa grande soeur et leur mère dans le pays natal de cette dernière. Pays de la Neige, village de Yuki, pays du froid constant, Kaya Otomaru ne vécue pas assez longtemps pour voir les premiers pas d’Enako. Emportée par la température glaciale, elle laissa derrière elle ses deux filles, toutes les deux trop jeunes pour comprendre vraiment la situation. Chance pour elles, Kanaro Oriwa, l'ancien Sensei de leur mère, à la retraite depuis longtemps, les prit sous son aile de la famille, et les deux jeunes filles grandir recevant l’éducation qui leur était dû. Les années passèrent, et Sayuri l’éleva tant bien que mal, jusqu’au jour, il le temps des changements arrivèrent.



Chapitre 1
Rouge Pers
Narrateur externe.



Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo. Surpri10

   ”Cher journal,


Je voulais jouer dehors. J’avais vraiment envie d’aller courir dans la neige, mais on ne veut pas me laisser sortir. “C’est la tempête dehors, tu tomberai malade, si tu sortais.” me disait Sayuri. Mais elle m’avait promis que je pouvais aller faire un bonhomme de neige ! Je ferais attention et elle pourrait me surveiller comme elle le fait toujours. Puis Kanaro-Obasan dort, donc ça ne peut pas la déranger !



   L’enfant gribouilla encore quelques mots qu’elle barra par la suite, avant de refermer son carnet à la couverture où se dessinait des roses bleus et des fleurs de Bach. Habillée de son habituel pantalon bleu et pull de la même couleur, elle restait postée à la fenêtre, regardant la neige tomber en flocons qui venaient blanchir la terre, lasse. La petite s’imaginait alors, ce à quoi pouvait ressemblait une étendue désertique, une plage au sable fin et au soleil caressant sa peau blafarde dans une chaleur presque étouffante. Jamais, elle n’avait vu un paysage ensoleillé, ou que très rarement. Ici, il ne régnait que ce tapis blanc éternel qu’un Dieu avait posé ici. Sans s’en rendre compte, son petit cerveau de primate plus évolué que la moyenne se mit en marche effréné. Elle avait une idée derrière la tête. L’enfant ramena sa tignasse de cheveux blancs attachés et sourit alors, déterminée.

   Elle commença par  jeter un coup d’œil au salon, où sa sœur buvait un thé en lisant tranquillement. Sayuri-Chan, treize ans alors, être réfléchie et posée se gardait bien de montrer un quelque signe indiquant qu’elle se doutait de l’idée qu’avait sa petite sœur derrière la tête. La petite se glissa alors, lentement, faisant à peine craquer le parquet où elle avait retenue chacune des lattes bruyantes. Telle une danseuse, elle se mouvait, glissant d’une pointe à une autre, pliant ses genoux, reprenant subtilement son équilibre telle une fleur balayée par le vent qui se redresse après la caresse. Ainsi, elle dansait sur le son invisible d’un instrument dont on titillait la chanterelle, et elle posa son pied délicatement dans l’entrée. L’aînée n’ayant pas bronchée, Enako satisfaite, continua ses pas de danses jusqu’à l’entrée de la demeure. Elle enfila sa cape, ainsi que ses moufles, oubliant comme toujours son bonnet, et tenta d’ouvrir la porte d’entrée,. La poignée tourna dans le vide ; c’était fermé.

   Croire qu’Enako s’arrêterait là, c’était la croire péronnelle ! Des idées limpides et aussi hyalins de doute, elle s’introduisit dans la pièce voisine et ouvrit l’immense fenêtre, par laquelle elle se faufila, enjambant le rebord à l’aide d’un petit meuble qui faisait l’angle. Le vent, un mistral fou qui fouetta ses cheveux et faisait vagabonder les nuages blancs qui obombraient le tapis de neige, prenant une teinte noire à certains endroits de la cour. Le froid vint lui mordre les joues qui rougirent, et ses yeux pers balayaient l’horizon blanc. Il était difficile de voir à travers le rideau  de fer blanc qui s’abattait avec violence sur la couche terrestre.  Il était dur d’avancer dans cette gifle constante, qui poussait avec force le petit corps svelte de l’enfant aux cheveux coton. Dans ces conditions, il était clair que nul ne pouvait avancer. Mais l’enfant, lubris de l’innocence ou simple fait de réalité, ne semblait pas se soucier de cette tempête qui se déchaînait. Prise entre ce courant d’air et la neige, drossée tel un navire, elle marchait, aveugle de tout point de repère. Elle avait conscience qu’elle s’égarait, mais elle n’avait pas peur. Elle aimait plutôt ce sentiment de solitude et orpheline d’une route à suivre, ne cherchant pas encore sa voie du retour, elle poursuivait son périple.

   Peut-être s’écoula-t-il des heures, voir à peine quelques minutes, mais la neige s’arrêta de tomber. Le bout du nez glacé, les oreilles plus que deux morceaux de chairs glacés sous la capuche de la cape, et les chaussures humides d’eau gelée, Enako s’arrêta brusquement, son attention captée par un mouvement dans les buissons. Curieuse, elle s’approcha, ses pas s’enfonçant dans la neige en un bruit étouffé, et se pencha devant le buisson vert et blanc. Le silence se fit, et la nature semblait retenir sa respiration, quand soudainement, une créature détala sur le tapis blanc. Surprise, Enako recula vivement, et eu le temps de voir s’enfuir un lapin gris. Estomaquée par l’apparition de cette créature en cette période, dans un mouvement improvisé, elle s’élança à sa suite, sans en connaître la raison. Devions-nous avoir une raison à tout, à huit ans ?

   Enako était rapide, très rapide même, mais pas assez pour rattraper le lapin gris qui avait disparu dans l’horizon. Même les traces dans la neige ne suffisaient pas pour retrouver la trace de l’habitant de la forêt. N’abandonnant pas pour autant, elle suivit les quelques traces qui restaient, mais très vite, elle ne vit plus rien. Quand elle leva la tête, elle découvrit un château, ou plutôt l’arrière-cour. Quelques arbres nus, et un pluie, près du quel elle distinguait une petite silhouette. Curieuse, elle s’approcha avant de constatée qu’il s’agissait d’une petite fille. Une cascade de cheveux charbon coulait sur ses épaules vêtues d’un haillon qui devait laisser le froid la traverser, et elle tenait au bout de ses frêles bras un sceau empli de glace. Quand la petite qui semblait avoir le même âge qu’elle se releva, Enako fut captivée par ses immenses yeux rouges. L’enfant du pluie soutient son regard, avant de baisser la tête et de s’incliner très légèrement.

   Il y eu un instant de flottement, où le paysage avait disparu, et où seules, elles étaient. Enako ne voyait qu’elle, que cette enfant sale, mais elle vit aussi autre chose. Les mots sont faibles, mais elle y vit son âme.  Ses yeux rouges étincellent et s'enduisent d'une vague nitescence, et dans les fragments d’une ombre sombre, Enako voyait la splendeur d’une âme, des couleurs éblouissantes, qui la laissa pantoise.

   Quand la vision disparue, elle se précipita vers la petite, attrapant avec une extrême douceur son bras. Admirant de plus près ses deux perles rouges, elle lui offrit un immense sourire.

- Tu as des yeux magnifiques…. Dis, tu peux me dire où se trouve la route principale ? Je suis un peu perdue…

   La petite fille resta silencieuse, et semblait interloquée par l’enfant aux cheveux blancs. Elle pointa alors le chemin du doigt, et serra son sceau contre sa poitrine, comme une protection, un mur entre elles deux. Les traits angéliques semblaient être tirés par une vive douleur infligée et de par le temps, que de par la corvée qui la faisait se tenir là, ce qui lui donnait un air égarée. Était-elle aussi perdue que l'était Enako ? Mais, égarée par la vie sur un sentier rude, aussi froid que la glace et aussi sec que le désert, on décelait dans ses traits une tendresse agonisante, devenue ignorée des années. Enako, toujours accrochée à son bras, lui demanda son nom, et pour la première fois depuis quelques minutes, l’inconnue parla, fronçant les sourcils et grogna d'une voix un peu pincée quand même :

- Nanashi.

   Penseuse, Enako pencha la tête sur le côté, pour mieux observer l’enfant. Elle voyait sur la peau que découvrait son haillon, des cicatrices. Beaucoup de cicatrices, qui se faisaient une place parmi les hématomes qui recouvraient son petit être. La souffrance que l'enfant du pluie éprouvait n'était plus une question, mais affirmation qui pénétrait inconsciemment Enako. Du haut de ses huit ans, ne cherchant pas forcément à révolution le monde, elle avait cet esprit de forte tête et déterminer à vivre. Et c'est cette impression que cette Nanashi lui donnait. D'avoir déjà vu tellement d'horreur, au point de voiler son regard, qui semblait seulement demander une paix qu'on ne trouvait que six pieds sous terre, de n'avoir plus envie de se battre, plus envie de rentrer où que ce soit. Elles n'avaient que huit ans, et bien que l'innocence devait régner à cet âge-là, il semblait n'être qu'un songe un peu irréel. Puis, elle sourit, fit poser le sceau à Nanashi et l’entraîna avec elle.

- Viens, j’ai vu un lapin, tout à l’heure ! Il était tout gris, tu l’as vue ? Ah, et je m’appelle Enako, mais tu peux m’appeler Ako ! Dis, pourquoi tu n’as pas de prénom ?

   Nanashi se débattit, griffant au passage Enako qui s’arrêta alors, pour observer la fille. Celle-ci l’observait, visiblement troublée par les dire de l’autre fillette. Puis, semblant se reprendre, un voile noir passa sur son visage, et une mèche de ses cheveux noirs lui raya le front.

- Ce ne sont pas tes affaires. Je n’ai pas de tout, point.

   Elle se tut et tourna la tête, ignorant le regard de l'autre fillette.

- Une fille comme toi ne devrait pas traîner ici.

   Haussant un sourcil, ce fut au tour d’Enako, d’être troublée par la jeune fille. Une fille comme elle ? Et qu’était-elle, par rapport à elle ? Ne comprenant pas vraiment, elle éclata de rire. Son rire raisonna dans la cour qui semblait devenu un lieu mystérieux et coupé du monde. Il se perdit au loin, sûrement, mais il fuyait vers un ailleurs lointain.

- Mais, tu es autant une fille comme moi, que je suis une fille comme toi ! Et tu peux avoir un nom !

- Non ! Tu ne peux pas dire ça ! Et puis, personne ne pourra jamais me donner de nom, puisque je n’ai pas de famille !

   La voix sombre et grondante de Nanashi vint s’écraser contre son rire qu’elle stoppa net. Elle dévisagea la jeune fille, visiblement remontée, et elle se pinça les lèvres. Alors, elle n'avait pas de famille ? Enako se dit qu'elles avait beaucoup de choses en commun. Certes, l'une avait une sœur, mais ce n'était que diable tout ce qu'elle avait. L'autre, ne semblait ni connaître l'amour d'une personne. Une personne qui aurait pu lui donner un nom. Comment ne peut-on pas avoir de prénom ? Posant ses deux moufles sur les joues de Nanashi, Enako réfléchissait longuement. Elle observait les deux prunelles rouges comme les coquelicots, et elle y revit sa vision. Silencieuse, elle esquissa un sourire tendre.

- Je vois tes couleurs. Elles sont belles, chatoyantes, et accueillantes.

   Puis, elle secoua la tête de Nanashi, sans violence et avec tendresse. Elle lui dit que les liens du sang n’avaient pas d’importance, et que seul l'amour comptait, au final. Enako leva les yeux vers le ciel, qui s’était dégagée par une brise et qui laissait passer les rayons du soleil. Elle observa rêveuse quelques instants l’éclat de la nappe bleue qui couvrait leurs têtes, et baissa la tête pour regarder Nanashi.

- Si tu n'as pas de nom, alors tu seras Ao pour moi. Car un jour, tu verras, toute peine sera chassée de ton regard, et ils seront aussi bleus que les miens !

   De très loin, un écho, un murmure que le vent emporta, faisant soulever les cheveux des deux êtres, protagonistes de cette scène qui semblait se graver dans la mémoire de ce lieu soudain enchanteresse. Le souffle d’une promesse à peine dissimuler sous un sourire des plus sincères, et inscrite dans les cœurs les plus pures de deux humaines dont l’innocence dormait pour l’une, et riait pour l’autre. Liées ainsi, le Yin posa à son tour ses mains sur les joues rosies du Yang.

- Comme le ciel… Murmura Ao, ses traits s’étirant en un sourire.

- Comme le ciel. Répéta Enako.

   Silencieusement, sans plus besoin de mots, l’enfant du pluie recula, attrapa son sceau, et s’éloigna, le bruit de ses pas scellant la promesse, scellant leur destin. Deux amies, voilà ce que leur soufflait le vent.

   Enako s’enfuit à son tour empruntant le chemin indiqué un peu plus tôt, l’image de la couleur d’un rouge sanglant où naissait une pointe de bleue dominant.

   Tel un rouge pers.



Chapitre 2

Diagnostique
Narrateur interne

Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo. 140302091138501444


- Un rat ?
-Déjà fait.
- Un cochon ?
-Trop gros.
- Une poule ?
-Non.
- Un renard ?
-Trop dur.
- Un chat ?
-On n’avait dit pas les chats !
- Ah oui, pardon. Lapin ?
-Enako, quand je te dis que c’est à toi de choisir, ce n’est pas pour que tu m’en proposes !
-Je te ferais dire, que la dernière fois, tu m’as fait tout un cirque parce que j’avais choisi une grenouille !
-Raah, et puis va pour la poule. C’est plus simple à attraper, et sûrement facile à disséquer.
- Bah voilà, quand tu veux !

   Je me levais alors tout en souriant, avant que je perde soudainement l’équilibre. Des tâches noires apparurent dans ma vision, et je chancelais. Je sentis deux mains me rattraper avant que je n’avance à l’aveuglette, m’immobilisant ainsi sur place. Ma respiration qui avait accéléré sous le coup de la panique raisonna dans le silence de la cabane. Je sentais mes muscles se contracter et se décontracter, en même temps que les battements de mon cœur. Il fallut une bonne minute pour que les tâches disparaissent de ma vision, et que je retrouve un semblant d’équilibre. Les mains ferment d’Ao ne me lâchèrent pas pour autant, et il me fallut jouer en silence avec ses doigts pour qu’elle se décide à me libérer. Je reculais de quelques pas, avant de me retourner vers elle. Je levais la main pour lui imposer le silence.

- Je sais.
- Enako. Depuis qu’on a fait cet entraînement il y a quatre jours, tu n’as toujours pas récupéré tout ton chakra. J’ai même l’impression que tu te portes encore plus mal.

   Je levais les yeux au ciel. Je comprenais l’inquiétude d’Ao, mais de là à dire que ça allait de mal en pire… Je jetais un coup d’œil en dehors de la petite cabane que nous avions construite, il y a quelques mois, quand il faisait un peu plus chaud. Même si plus chaud signifiait 4°C, c’était une victoire sur les affreux bonhommes de glaces (il fut un jour où ils étaient en neige) dont les visages avaient fondu de manière à ce que leur sourire flippant deviennent insupportable à regarder. Ils effrayaient même les corbeaux. Plus efficace que ça, tu ne fais pas.

   Je soupirais, et levais à nouveau les yeux au ciel. J’allais voir un médecin de passage au village, demain matin, Sayuri y avait tenu tout particulièrement. Enfin, si me menacer de m’enfermer dans une pièce jusqu’à la fin de ma vie était un signe d’intérêt particulier. Mais je connaissais ma sœur, toujours à me scruter et à veiller sur moi encore pire Kanaro-Obasan. Mais je ne comprenais pas vraiment ce qu’elles voulaient me dire avec le Chakra et tout… Ce n’était pas très intéressant, alors bon. Mais c’était censé être important pour devenir Ninja, mais je n’avais pas totalement écouté…

   Je tapais dans mes mains gaiement, tout excitée à l’idée d’attraper une poule chez le vieux père Rasko. Ce vieux grognon passait son temps à veiller sur ses poules comme si c’était ses enfants. C’était marrant de le voir leur parler et de prendre leur piaillement pour des réponses. Ce fou nous jetait des pierres quand nous passions, Ao et moi, parce que nous avions eu un jour, la mauvaise idée de chiper ses œufs pour en faire notre quatre heures. Aujourd’hui encore, je ne sais pas comment il a su que c’était nous, parce qu’on n’est pas les seules canailles du village… Les plus jeunes, peut-être. L’idée de prendre l’une de ses poules étaient bien plus que plaisante, et je savais qu’Ao en avait aussi l’idée. C’est pour cela que nous n’eûmes même pas besoin d’échanger un mot de plus, que déjà nos petits pieds s’enfoncèrent dans la neige. Sautillant dans la matière poudreuse, j’étais contente de la nouvelle aventure qui se profilait.

   Nos deux cerveaux étaient en symbiose pour trouver une stratégie d’attaque. Le but étant d’attraper une poule dans le poulailler au fond du jardin du père Rasko.  Je proposais qu’on puisse passer par les toits, mais ce n’était pas très discret à deux. Et puis le vieux était toujours dehors, à nous guetter comme du gibier.  Donc, nous décidâmes après moult remise en cause, j’allais faire diversion pendant qu’Ao passerait par le toit du voisin pour chopper une poule. Je trépignais d’impatience à l’idée d’avoir une poule. Sur le chemin, nous nous arrêtâmes à l’unique boutique qui vendait des sucreries pour ne pas faiblir durant l’opération.  Nous n’allions pas partir à la guerre l’estomac vide, tout de même !

   C’était Ao qui allait récupérer la poule. Car quand il était question de crier un bon coup, j’étais la plus qualifiée sans aucun doute. Ça devait être mon deuxième prénom, brailleuse. Nous devions nous retrouvé au pont, à dix minutes de marche, cinq en courant. Si tout tournait au vinaigre, c’était le point de rendez-vous, le vieux n’arriverait pas à nous suivre avec sa jambe de bois. La rumeur disait qu’il l’avait perdu du temps où il était un mercenaire. Après, comment il l’avait perdu, on avait toutes les versions. J’en avais même lancé une ou deux, je l’avoue. Celle où c’était un pigeon bourré d’explosif qui avait piqué sur lui, et dans un mouvement il l’avait assommé, puis du pied il avait vérifié que sa victime était bien inconsciente avant que celle-ci explose, réduisant son pied en bouillie. La deuxième version, ma préférée, c’était celle où il avait dû se déguiser en femme, et que lors d’une poursuite, il s’était coincé son talon dans le pavé, et on lui avait tranché le pied.

   C’était la plus populaire.

   Bientôt, le vieux Rasko était en visuel. Debout devant sa maison délabrée, tirant sur sa barbe poivre et sel, grattant sous son bonnet troué. De ses yeux espiègles couvraient son entrée où des piques de glace ornaient la pièce. D’une main vierge de gant et rouge de froid, il décrochait ses armes de la nature et les jetait non sans violence dans un saut. Ao me quitta juste avant que je m’engage dans la ruelle. Avalant mon dernier caramel, je m’étire puis sourie. C’est partie !

   Je m’engageais sans hésiter dans la propriété du vieux Rasko, suivant du coin de l’œil la progression d’Ao sur le toit glissant. Nos récents entraînements de Ninja nous avaient permis de nous faciliter les choses, mais pas forcément là où Kanaro-Obasan et Onee-Chan pensaient… Enfin bon, il fallait bien que ça nous soit utile !

   Rasko ne me vit pas tout de suite, trop occupé à pester contre un pique qui ne tombait pas. Il frappa plusieurs fois l’encadrement de la porte, manquant de glisser avec son pied de bot. Penchant légèrement la tête, je m’approchais tout doucement, faisant craquer le moins possible la neige sous mes pieds, jusqu’à me retrouver qu’à quelques centimètres de lui. Je sentais son odeur horrible de composte et de bois pourri. Il y avait même une odeur d’alcool qui me retournait l’estomac. Il dû m’entendre respirer, car il se retourna vivement, m’effrayant au passage, me forçant en reculer. Je vis le visage du vieux Rasko se décomposer littéralement, juste avant de devenir rouge, mais rouge ! Il serrait dans ses mains le pic à glace fraîchement décroché.

-          QU’EST-CE QUE TU FOUS ICI, SALE BATARDE ?!

    J’esquivais à temps le coup de poing qu’il m’envoyait. Dans ma précipitation, je trébuchais sur le saut de pic, le renversant au passage. Je me rattrapais à la rampe du perron, mais je fus incapable d’esquiver le deuxième coup. Je me le pris en plein nez qui émit un bruit très sonore de craquement. Tout devint flou une seconde, et la douleur se propagea avec violence, me faisant tanguer. Il en profita pour m’asséner un troisième coup, moins violent que le premier. Je le pris dans le ventre, me coupant le souffle et me faisant plier sous la douleur. Mais, coup de chance, le vieux glissa avec sa jambe de bois. J’en profitais pour taper du poing le poteau du perron, pour que toute la neige présente sur le toit légèrement penché tombe sur le vieux qui peinait à se relever. Ce mouvement me fit grimacer de douleur, et j’eus de la peine à voir à nouveau correctement. La souffrance me fit cracher du sang, et je le sentais dégouliner du nez aussi. Je grimaçais tant bien que mal.

    Le vieux se dégagea lentement en pestant, hurlant des mots que je ne préférais pas entendre. J’escaladais la balustrade, et me faufilais dans la ruelle, espérant qu’Ao avait eu assez de temps pour récupérer la poule. Elle était rapide et appliquée, mais avec la neige, tout pouvait être ralentie. J’avais la tête qui me tournait tellement, qu’une fois sortie de la ruelle, je n’étais plus sûre d’où je devais aller… A gauche ou à droite ?... Peut-être tout droit ?... Oh-oh…

   Mon sang eut le temps de gelée, quand j’arrivais sur le pont. Ao m’attendait, tapant du pied, le visage un peu las, tenant fermement contre elle la poule qui semblait s’être calmée. J’eus un sourire un peu confus, essayant de sauver la mise.  Mais dès qu’elle vue mon visage amoché, je crus que j’allais mourir. Ao Nanashi, dans toute sa splendeur, me passa un savon, auquel je répondis en gonflant mes joues douloureuses. Je la regardais droit dans les yeux, fixant ses deux perles rouges. J’avais envie de lui dire que je savais. Je n’étais pas dupe, que je n’étais pas aveugle. Que je voyais toutes ces marques sur son corps. Mais, je ne pouvais rien faire. Pas encore. Mais je m’étais promis que le jour où je serais une grande Ninja, je la protégerais. Voilà pourquoi il fallait que je m’applique.
Il s’écoula peut-être bien une  trentaine de minute, le temps que nous rentrâmes à la maison et de s’installer. Sayuri étant en mission et rentrait ce soir, quant à Kanaro-Obasan était partie au marché et allait sans doute prendre le thé chez une de ses amies. Le grenier était tout à nous.
Le grenier, une pièce éclairée par une unique lucarne qui faisait jouer des ombres étranges sur le parquet grinçant, et dont de drôles de tâches apparaissaient çà et là, formant des auréoles, gondolant sous les lattes. Ainsi, le sol était irrégulier par endroit. Une vieille table basse assez grande trônait au milieu de la pièce, que nous avions tirée de contre le mur. Là-dessus, des dizaines de notes, de petits dessins qui traversaient les âges, et dont on avait longuement supposé les origines. Cette table, lieu de rendez-vous incontournable pour nos expériences, se tenait près d’un vieux coffre aux lanières de cuir craquelées et aux verrous rouillés dans lequel étaient cachées toutes  nos affaires qu’on avait chapardé pour nos expériences et dissections. Entre ces grands murs tapissés de sombres fleurs jaunis, se trouvait notre repère après la cabane. La cave aurait été peut-être meilleur lieu, mais il était hors de question que je mette mes pieds dans une cave de mon vivant.

    Déchaussées, réchauffées et soignées, nous montâmes sans attendre par le petit escalier dérobé au fond du couloir. Ao posa, qui tenait toujours la grosse poule qui recommençait de s’agiter dans les bras de mon amie. Elle me faisait tellement rire avec ses petits cris et ses battements d’elle inutile. Pire encore, elle se cognait à tous les meubles, totalement déboussolée. C’était… comme si dans la panique, la poule ne semblait plus avoir conscience qu’elle n’avait que deux pattes pour courir. Le spectacle dura quatre bonnes minutes, où hilare, Ao et moi nous tenions les côtes. Mais ce fou rire s’arrêta quand la poule perdit une grosse touffe de plume. N’ayant pas vraiment envie de nettoyer encore plus tout à l’heure, je catchais la poule sans ménagement. Ainsi assommée, elle n’était plus qu’une peluche entre mes mains. Je regardais le petit être inanimé, pensive sur une pensée que… J’ai oublié. Secouant la tête, je tournais la tête vers Ao, et lui souris.

-           C’est à mon tour !

   Ao se contenta de lever les yeux au ciel, sans répondre. Elle partit installer le matériel, pendant que je m’installais en tailleur devant la table. Je m’excusais à voix basse, et sans attendre, je lui brisais le cou. Le craquement résonna dans la petite pièce en même temps qu’Ao finissait de déposer le scalpel. Je posais la poule morte sur la table, et attrapais ma blouse couverte de sang, et la boîte en carton. Ao me rejoignit, et nous déplumions une à une l’oiseau.

   Plus tard, manuel de biologie ouvert, je plantais mon scalpel dans la chair encore chaude. Le sang coula au fur et à mesure que ma main courait sur la peau. C’était maladroit, sûrement grossier (sans aucun doute), mais la sensation de la chair qu’on lacérait était étrange… Ao ne perdait pas une miette. Il me fallut reprendre deux fois pour pouvoir écarter les deux pends en Y.  Je passais la main à Ao, essayant mes mains sur la blouse. Elle plongea ses mains dans la poitrine, fit craquer quelques os, et…

   Mon estomac se retourna.

   Je tombais à quatre pattes, ne pouvant contenir les spasmes de mon corps. Je suffoquais. Je ne respirais pas, ou peu. Le liquide acide inondait ma bouche. Je crachais, les larmes dévalant mes joues, se mêlant à la morve qui coulait et ma gorge qui brûlait. Les spasmes étaient de plus en plus violent, les sursauts plus douleur. Je voulais hurler, crier, appeler, mais j’avais mal. Tellement mal. J’ai peur.

   Il y eu un craquement sonore. Je mis quelques secondes, entre deux tremblements,  à réaliser que c’était mon doigt. Comment, je ne sais pas, je devais l’avoir cognée… Je ne sais pas. J’ai mal, mal… Mal… Je dû fermer les yeux.



   Sayuri.

   Je savais que c’était elle.

   Il n’y a qu’une seule personne qui est capable de vous faire savoir qu’elle est inquiète et en colère en étant juste à côté de vous. C’était son aura, qui avait une telle prestance, qu’il n’était pas rare que les gens se retournent ou reculent en la voyant.  Elle n’était pas terrifiante, au contraire, c’était quelqu’un de distingué, à l’apparence soignée, mais elle pouvait se tenir juste derrière vous, et vous sentez vibrer dans chacune de vos cellules son humeur du jour.

   J’avais mal. A vrai dire, j’avais légèrement l’impression d’avoir subi une dissection suivit sûrement d’une éviscération. Hm, appétissant… Peut-être que pour me punir, j’étais entrée dans le corps de la poule… N’empêche, ça serait marrant. Mon estomac me tirait, mon poignet me piquait… Ah, je sentais que cela ne présageait rien de bon.
Dans mon inconscience silencieuse, je me demandais ce qu’il se tramait derrière toutes ces sensations inhabituelles. Je me souvenais bien d’avoir vomi sur les chaussures d’Ao, mais j’avais un doute quant à la raison de la rébellion de mon estomac… Peut-être les sucreries ?

   Cependant, quand j’ouvris les yeux (après avoir été aveuglé par une centaine de tâches indéfinissables) et que je vis le moniteur cardiaque papoter tout seul et à un rythme constant, ainsi que son amie la perfusion bien silencieuse,  j’eus un doute sur les sucreries. Est-ce que j’avais fait un accident ? Pourtant, le vieux Rasko n’avait pas frappé aussi fort que ça… Peut-être alors que c’était dû au fait que j’avais mangé un canard laqué en entier pour mon anniversaire, il y a cinq jours ? C’était peut-être un peu trop loin pour faire une indigestion…

   J’étais bel et bien dans un hôpital. Mais pas celui de Yuki, car celui-ci n’avait rien du vieux bâtiment délabré où la seule infirmière gentille du servir te donnait des sucettes donc les couleurs avaient terni dû à un manque certain de… conservation au sec… La chambre que j’avais investie durant mon sommeil involontaire était rose pastel, et assez petite. Pas de décoration, ni d’autres objets que deux tabourets occupés par ma sœur et Kanaro-Obasan, et un arsenal médical.

   J’étais peut-être à la morgue, qui sait…

   Kanaro-Obasan fut la première dont je captais l’attention. Son chignon poivre et sel ne tenait pas en place, alors qu’habituellement, celui-ci était impeccablement tiré à quatre épingles, et plus étrange encore, ses yeux violacés semblaient distant. Distants, alors qu’ils étaient toujours très aimant.

   Est-ce que c’était grave ?

   Le médecin entra avant même que je ne puisse ouvrir la bouche. Un homme, aux yeux verrons et crâne dégarnie où seuls quelques rares cheveux essayaient d’atteindre la cinquante approchante. Bloc à la main devant sa blouse blanche dont la poche était une piscine à stylo, il resta silencieux quelques instants, avant de s’approcher de moi. Il brandit une lampe de poche sortie de nulle part et agressa mes yeux à peine ouvert. Je ne me gênais pas pour râler.

- Hé, Docteur, je suis tout aussi ravie de vous rencontrer, mais avant de vouloir m’handicaper, on peut me dire ce qui se passe ?

   Ma voix était basse et roque, et je me rendis compte que j’avais soif. Très soif d’ailleurs. Je ne sais pas ce qu’il y avait dans ma perfusion, mais ça ne semblait pas m’hydrater. Ni même de nourrir… C’était peut-être juste une illusion… Mais oui… Pourquoi pas… Mm…

   Ma théorie tomba  à l’eau quand le médecin dégarnie dévoila un sourire édenté.

- Bonjour, Enako. Je suis le docteur Marno Tasko. Pour commencer, calme-toi.

   J’haussais un sourcil, et me retenant de lui répondre avec un immense sourire ironique tout ce que ma pensée avait à lui dire. Mais Sayuri-Chan disait que la politesse avant tout. Cher Docteur Marno continua sur sa lancée, m’expliquant que j’étais à Oto depuis un jour et que je roupillais depuis deux. Dans ma tête, les informations faisaient comme une tâche d’encre sur l’un de mes magnifiques tableaux. Ça m’énervait d’avoir fait une tâche d’encre, mais ça m’agaçait encore plus de ne pas comprendre comme j’ai pu la faire. Sauf que là, je pouvais difficilement recommencer.

   Je n’écoutais plus Cher Docteur Marno depuis quelques instants déjà, quand Sayuri rejeta sa natte blanche en un mouvement d’humeur, signe qu’elle s’était rendue compte que mon attention avait filé avec l’idée de jouer à la marchande avec Ao. Je captais alors un brin de phrase.

-… malade. Gravement malade, sûrement. Cependant, il faudrait plus de…
- Q-Quoi ?

   Mes yeux écarquillèrent. Qu’est-ce qu’il venait de dire ? J’avais bien entendu ? Cher Docteur Marno disait quoi ? Ce dernier s’arrêta net, et me fixa, d’un air qui transpirait l’empathie. Soudain, j’eus le sentiment que la tâche noire sur la toile s’éparpillait, dégoulinait comme une éponge qu’on essorait. Obasan et Sayuri étaient restées immobiles, figées dans le temps, dans l’instant. De mon regard, j’essayais de transpercer Sayuri-Chan, pour qu’elle se retourne, pour qu’elle me parle, me sourit, me dise que ce n’est pas ça. Mais elle ne le fit pas.

- Tu es malade, Enako. Je sais qu’à dix ans, c’est dur à comprendre. Mais tu es atteinte d’une maladie auto-immune très rare, qui fait que ton chakra ne peut pas se renouveler. Voilà pourquoi tu te sens faible ces derniers jours, depuis ton dernier entraînement.
- Auto-quoi ? Répétais-je, hébétée encore, et totalement perdue.

   Docteur Marno eut un sourire attendrissant. Il coinça son bloc sous le bras, et s’approcha de moi. J’eus envie de reculer, mais en bougeant ma main, je réveillais la douleur de l’aiguille qui l’habitait. Voyant que j’étais effrayée, Sayuri l’arrêta d’un coup dans le mollet, discret, pas fort, mais assez pour que je le vois ainsi que le visage du docteur se fermer. Sayuri et Obasan ne me fixaient, le regard toujours aussi droit, comme deux statues montant la garde. J’en avais mal au cœur.

- Il y a en toi, comme chez tout le monde, un stock de chakra. Vide, tu meurs, ça, tu le sais. Normalement, quand tu as utilisé du chakra, celui-ci se reforme avec un peu de repos dans ton corps. Mais, chez toi, les trois canaux principaux ne se remplissent pas, car ton système de défense s’est mis en tête que ton chakra était mauvais pour toi.
- Mais il est bête, lui ! M’écriais-je, en me redressant vivement.

   La tête me tourna automatiquement. Devant moi, la pièce dansait, et le bip du moniteur s’était pris les pieds dans le tapis, faisant une chute en accélérée. Je mis quelques secondes à réintégrer la réalité que j’avais semblerait-il quitté. Le visage du Docteur Marno s’était enduit d’un sourire doux. Mais dans mon esprit, j’avais l’impression que ce n’était que de la pitié. Il avait le même visage que le marchand de pomme qui nous jetait des trognons moisies à Ao et à moi quand on jouait près de son stand, en pensant qu’on n’était des orphelines. Ce même visage répugnant, mais avec un côté réconfortant.

- Tu as tout à fait raison, Enako-Chan. Répondit-il, d’une voix posée et contrôlée.
- Je vais guérir ? Demandais-je, la gorge nouée et sèche.

   Obasan ouvrit la bouche pour la première fois. Noble, sûre d’elle, elle imposait un respect qui j’admirais beaucoup. Mais aujourd’hui, il n’était pas question d’admiration. Sa voix, douce, froide, tranchante mais emplie d’amour, un contraste que j’aimais tellement… Ses mots claquèrent sec dans l’air, et résonnèrent dans mon esprit.

- Tu vas mourir, Enako. Car il n’existe actuellement aucun traitement. Ils peuvent te maintenir en vie une semaine, voire plus, mais s’ils ne trouvent pas de traitement…
- Nous sommes sur des bonnes pistes, la situation n’est pas si…
- Arrêtez s’il vous plait. Il faut qu’elle comprenne. C’est une Ninja. Les coups, c’est ce qu’elle doit encaisser. Ne lui parlez pas comme à une enfant, mais à une Ninja.

   Mon cœur me fit mal. Quelque chose me disait qu’elle faisait ça pour moi, mais j’ai mal. Je vais mourir et c’est tout ce qu’elle me trouve à dire ? Pourquoi Obasan est comme ça ? Ce n’est pas juste !

   Chaudes, les larmes dévalaient mes joues, et ma morve m’empêchait de respirer correctement. J’allais mourir sans avoir dire au revoir à Ao. J’allais mourir sans avoir pu vivre une semaine avec les singes. J’allais mourir sans avoir cherché la définition d’un « bordel ». J’allais mourir sans rencontrer un garçon qui ne serait pas une grenouille. J’allais mourir sans avoir monté une montagne en marche arrière. Et j’allais mourir sans avoir pu réaliser tous les paris fous que je m’étais lancée. Deux mains chaudes me saisir par les épaules, et Sayuri me serra contre elle. Je blottis contre elle, à la recherche d’une étreinte rassurante, qui me ferrait oublier la réalité.

- Onee-Chan…
- Je sais, Enako. Fit-elle, en m’embrassant le haut du crâne.

   Mon corps était parcouru de spasmes et de sanglots qui vrillaient ma gorge, m’empêchant d’entendre ce que le médecin avait à dire. Je savais qu’il parlait, mais c’est Sayuri qui me répétait au creux de l’oreille que plusieurs médecins, venant de Kiri, Konoha et Kumo travaillaient déjà sur une solution, et avait fait le voyage dès que mes résultats leur avait été communiqué. Il disait que c’était de très bons médecins, et qu’ils allaient travailler jours et nuits, c’était un défi.

   Ma vie se résumait à un défi.

   J’ai beau avoir dix ans, paraître candide, je pouvais réfléchir de temps en temps, je ne suis pas idiote… Pas totalement du moins, et Sayuri m’entraînait à comprendre les subtilités, parce que j’ai un peu de mal. Mais là, ce n’était même pas subtil. Comme un nez sur la figure… Mais qu’est-ce que je raconte…

   Je vais rejoindre Maman.



   « Cher bout de papier raturé qu’Obasan a trouvé sous mes chaussettes sales alors que tu devais être dans le tiroir,

   Aujourd’hui, c’est long. Ça fait deux jours déjà que Cher Docteur Marno est passé, pour ne pas revenir. Obasan est rentrée récupérer des affaires qu’elle n’avait pas pu emmener dans la précipitation, et Onee-Chan dort avec moi. Elle ne me quitte plus. Elle me lit des histoires, me parle tout le temps, tout le temps. Elle qui n’aime pas trop ça… Y a de drôles d’infirmières. Y en a une, elle se promène toujours avec un ours en peluche. Quand j’ai demandé pourquoi elle le gardait, elle m’a dit qu’elle attendait pour l’offrir à quelqu’un. A quoi ça sert de faire ça ? Pourquoi elle attendrait quelqu’un pour donner son ours ? Si c’est juste une personne qu’il faut, elle peut bien me le donner ! Je ne comprends pas trop…  Ah, et il y en a encore une, elle, elle pousse toujours un chariot vide tôt le matin. Ça fait un bouquant à réveiller les morts, mais après elle entre dans la chambre et elle dit : « vous aurez un chocolat chaud pour me faire pardonner ! ». Elle est drôle elle, moi je ne veux pas de chocolat chaud, j’aimerais juste qu’elle arrête de passer avec son chariot !

   Je m’ennuie d’Ao. Je n’ai pas de nouvelles d’elle, Obasan ne l’a pas croisé. Et puis, il n’y a pas d’enfant de mon âge, ou alors ce sont des Ninjas qui passent juste soigner quelques blessures et repartent aussi vite. Hier, peu avant midi, un garçon est passé. Il avait bien été amoché au visage. Sayuri était sortir s’entraîner un peu, alors quand je rentrais dans la chambre en poussant ma perfusion, il m’a interpellé. Il s’appelle Sunomoko, et il était très gentil. On a un peu parlé, et il m’a promis de repasser dès qu’il pouvait, parce qu’il allait sans doute partir en mission, mais il viendrait me voir après.

   Je n’ai pas osé lui dire qu’il n’y aurait peut-être pas d’après.

   Ah, tiens, Sayuri est rentrée ! Oh, elle a du canard laqué, je le sens ! Bon, je reviens ! »





   « Papier du jour,

    Sunomoko est repassé, hier soir, juste après que j’eus fini mon canard laqué (très bon, d’ailleurs !), et il m’a dit qu’il s’en allait trois semaines. J’ai vue du coin de l’œil Onee-Chan se crisper, mais elle n’a rien dit. Moi non plus d’ailleurs, je lui ai souri, et je lui ai dit que peut-être je serais rentrée chez moi quand il reviendra. Il m’a promis qu’il viendrait à Yuki pour me voir. Dans la nuit, j’ai pleuré pour la première fois depuis trois jours.

    J’attends Cher Docteur Marno, il est sensé venir me faire des examens. Je n’ai pas trop bien compris à quoi ça allait lui servir, ma maladie n’allait pas changer de style pour être à la mode… Mais, Obasan dit que c’est pour voir s’il y avait une évolution. Ah, je n’aime pas quand elle lit derrière mon épaule dans mon journal. Elle rigole, attends, je me déplace.

   Voilà ! Comme ça, je suis tranquille. N’empêche, ça fait du bien de la voir sourire. Elle ne dit pas grand-chose, au contraire de Sayuri. C’est comme si elles avaient échangées les rôles, c’est drôle et bizarre à la fois. Malgré tout, je n’ai pas l’impression d’être mourante. Je me sens plus faible, comme ces derniers jours depuis l’entraînement, mais sans plus. Et puis, je m’amuse à fond, j’aime beaucoup faire les courses en fauteuil roulant, c’est marrant. Sauf que Sayuri n’a joué qu’une seule fois, elle ne veut pas abusée de la gentillesse des infirmières qui ont fermées les yeux sur nos bêtises. Elle est peut-être plus bavarde, mais toujours pas très marrante.

   Le temps est long. J’ai envie d’aller jouer dehors, pour une fois qu’il n’y a pas de neige. C’est la première fois que je n’en vois pas, et je ne peux qu’admirer l’herbe du haut de ma fenêtre. Même pas toucher, ni rien. J’ai tellement envie d’aller voir… En plus, j’ai vue des arbres que je n’avais jamais vus ! Ce ne sont pas des sapins, et Obasan m’a dit que c’était sécoya. Je ne sais pas si ça s’écrit comme ça… Sékoia ? Séquoia ? Je ne sais pas, ce n’est pas grave. Mais il y en a beaucoup ! Et des fleurs ! Je n’en avais jamais vue d’aussi jolies ! Oh, si tu savais comme c’est dur de ne pas pouvoir aller courir… Peut-être que si je demande à Cher Docteur Marno, je pourrais y aller ? Oh, d’ailleurs, il est là ! Croisons les doigts ! »




   « Blanche feuille, bientôt plus blanche,

    Aujourd’hui, je ne peux plus marcher.

   Je sens toujours mes jambes, mais je n’ai pas la force de les bouger. Du coup, je joue avec mes doigts pieds. Ils ont essayé un nouveau traitement, mais j’ai l’impression que l’horrible gélule verte qui me donne est un vampire qui pompe toute mon énergie. En fait, je ne sais pas si c’est la gélule verte, ou si c’est la maladie qui m’affaiblit. Enfin qu’importe, je n’ai pas pu sortir, ces deux derniers jours, je n’ai pas vue l’herbe. Ni les arbres et les fleurs. C’est triste, j’aurais tellement aimé les voir. Sayuri m’a cueillit des pensées et quelques herbes sauvages, qu’elle a mis dans un vase. Elles sont tellement belles ces fleurs. Mais si triste… J’ai entendu une infirmière dans le couloir, tout à l’heure. Elle aussi elle aime mes fleurs, mais elle espère que je ne fanerais pas avec. Je ne comprends pas tout, mais je sais que ce n’est pas très on signe. Cher Docteur Marno se fait plus rare dans ses visites, Obasan dit que c’est parce qu’il travaille pour me sauver. J’espère qu’elle a raison.

    Sur ma plaque d’identification, à côté d’ Enako Otamura, il est écrit un numéro de série : 1323CF413. J’aime bien ce numéro, il ne veut rien dire, mais j’aime bien. Quand je l’ai dit à Sayuri, elle est devenue toute blanche. Grande sœur est forte, mais je sais qu’elle est très malheureuse. J’aimerais tellement qu’elle ne passe plus son temps à regarder dans le vide. Enfin, je ne sais pas trop quoi faire. Je n’écris pas tellement, parce que je dessine. Obasan m’a ramené mes crayons, mais il manque le rouge. Je ne peux pas dessinée des pensées rouges… Ni de clown au nez rouge… Enfin je peux dessiner des lapins, c’est le plus important. Et aussi, des cheveux au Cher Docteur Marno, parce qu’il a dû en avoir un jour. »





   « Toi,

   Je ne vais pas beaucoup écrire, je n’arrive pas trop à tenir un stylo. Les médecins disent que ce n’est pas bon. Je ne peux plus allée au toilette toute seule. J’ai dû mal à manger, je suis fatiguée. Le soir, j’ai peur de dormir, parce que j’ai l’impression que je ne vais pas me réveiller. Sayuri est distante, Obasan absente. Je me sens un peu seule, et Ao me manque…
Pardon pour la rature, mes yeux se sont floutés. Je vais arrêter ici.

   C’est peut-être la dernière fois que j’écris… »





   Une semaine plus tard.

   « Papier à gratter,

   Finalement, les abeilles, c’est méchant. Et trop petit pour qu’on les dissèque. Mais c’est marrant leur bourdonnement, je n’avais jamais entendu ça auparavant. Onee-Chan dit que si je m’étais fait piquée, c’était de ma faute. Je pensais que c’était une mouche, moi ! Une grosse mouche jaune et noir, je n’avais pas vue sur le moment…

   Je suis morte finalement, tu le savais ?

   C’était il y a quatre jours, quand on avait commencé à me veiller. Le dernier médicament, une grosse piqûre qu’on m’avait planté sans méninge dans la cuisse, n’avait pas fait encore effet, et nous n’avions plus d’espoir. On m’a dit que j’avais lutté, jusqu’à trois heures vingt-huit du matin, où je suis cliniquement morte. Mais un des médecins de Kumo m’a redonné une dose, une importante dose, nous n’avions plus rien à perdre. La dose a agis comme de l’adrénaline, c’est ce que m’a dit Sayuri-Chan. Et le temps que mon cœur redémarre, les premiers effets ont pu se ressentir. Je suis vivante et sauvée ! Je ne me souviens de rien, mais j’ai cru être un fantôme, quand je me suis réveillée. Je suis vivante, et je reprends de l’énergie.

   Les médecins ont un peu modifié le médicament, pour qu’il soit plus concentré. Cher Docteur Marno avait les larmes aux yeux quand il est venu me dire que j’allais vivre, aussi longtemps que je me ferais une piqûre tous les jours. Et que je ne pouvais me permettre de l’oublier  aucune fois. Il fallait toujours que j’ai mes doses sur moi, et il fallait aller les chercher une fois tous les deux mois à Oto, et en profiter pour faire d’autres analyses pour voir s’il n’y a pas trop d’effet secondaire.
Voilà pourquoi j’ai décidé que je n’aimerais pas les abeilles.

   Mais le principal, c’est que demain, je retrouverais mon crayon rouge et Ao. »




Chapitre 3
Les sœurs
Narrateur interne


[EN COURS]


Chapitre 4
Le clan
Narrateur interne


[EN COURS]


Chapitre 5
L'hôte.
Narrateur interne


[EN COURS]

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Enako Toshizo, dernier modèle de la série Toshizo.

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