Le temps commençait à se faire long. Patience est la mère des vertus. Elle attraperait bien celui qui avait dit ça. En attendant, elle se tenait bien droite comme un piquet, attendant désespérément le signal.

Pourtant, elle avait compris depuis un bout de temps qu'elle ne l'entendrait pas. Si elle restait, c'était parce qu'elle refusait de croire ce que le silence insinuait. Non.

Elle ne pouvait pourtant pas rester. Elle serra les dents. Quelle imbécile. Elle aurait dû insister. Elle aurait dû leur exposer ses suppositions et ses théories. Elle savait parfaitement que ce Ninja fraîchement débarqué dont ne sait où n'avait pas les capacités requises pour cette mission. Ce Rinku Uruka n'était pas assez discret ni très à l'aise avec le Kenjustu. Il maniait son sabre comme un enfant joue avec un bâton. Mais si elle n'avait rien dit, c'est parce qu'elle savait qu'il serait un atout majeur avec ses techniques d'Invocations. Le tigre à deux têtes faisant office d'une très bonne diversion et le renard, d'espion.
La mission était de simplement recueillir des témoignages sur ce barbare pour ensuite envoyer une équipe plus habilité aux missions de capture. . Sauf que la mission avait tourné court avec l’apparition du sujet. Le plus logique aurait été de fuir, histoire d’apporter les infos à Konoha, ou encore envoyé l’Invocation Renard. Mais rien ne c’était passé comme prévu. Il les avait repérés, et il fallait donc prendre une décision.
C'était tout ou rien. Mais la stratégie était mauvaise. L'envoyer attaquer de front était tout simplement suicidaire. N'étant que trois pour la réussite de cette mission, il aurait été plus logique d'envoyer Matsu, qui utilisait Genjustu aussi facilement  qu'un mouchoir en premier. Créer une illusion, puis lancer une invocation et terminer le travail avec une attaque combiner composée du Kenjustu ou du Bukijustu ou même des deux, en fonction de la situation pour s'assurer de la capture de ce barbare qui sillonnait les villages à la quête de plus d'argent, ne laissant derrière lui aucun témoin. Au lieu d'envoyer Rinku en combat au katana, de le couvrir avec une illusion, et après attraper le barbare Gustu avec l'aide de l'invocation en laissant Setsu sur la touche parce qu'elle est médecin Ninja dans cette mission. Elle ne devait intervenir que si vraiment la situation était critique. Et qui plus est, il valait mieux la laisser à une distance raisonnable du combat. C'était non seulement douter de ses capacités en tant que Ninja, mais aussi prendre le risque de n'avoir aucun soutient valable, puisque même si elle se mêlait à la bataille, elle ne connaîtra pas la situation.  Avec ses 14 ans, cela faisait d’elle la plus jeune de l’équipe et la seule Genin. C'était comme crier à l'oreille d'un sourd et faire des signes à un aveugle. Mais,  encore une fois, elle n'était pas capitaine, et elle devait suivre les ordres.

Et parce qu'elle les avait suivis, Rinku était peut-être mort. Si on leur avait confié cette mission, c'était essentiellement pour montrer les capacités de ce dernier et de Matsu en tant que Capitaine. Autant dire que la mission était un fiasco.

Plus grave encore, s'ils sont blessés, elle devra trouver un endroit sûr pour leur apporter des soins. Mais, mis à part la mission, elle tenait à ses coéquipiers, même si elle ne les connaissait pas depuis longtemps. Elle était le médecin ninja de l'équipe, même si elle ne l'avait pas vraiment voulu. Il était hors de question d'abandonner qui que ce soit.

Elle soupira, et elle sentit son katana se faire plus lourd dans son dos. Elle commençait à fatiguer. Elle n'avait plus le choix, s'il fallait intervenir, c'était maintenant.

Elle s'accroupi, bien décidée à agir. En se concentrant, elle perçu une présence à environ trente mètres devant elle. Elle ne connaissait pas ce Chakra, et ne sentit aucune autre présence. Elle tenta une dernière fois le signal, mais seul le silence lui répondit. Elle ferma les yeux, leva la tête vers le ciel, en une prière silencieuse. Puis, elle les rouvrit, déterminée.

A elle de jouer.

Elle prit une grande inspiration, et sauta de l'arbre. Le crépuscule coloriait le ciel en orange flamboyant, éclairant la forêt.

Elle avançait de manière à ce que le Chakra étranger se trouve toujours à sa droite. Immobile, il semblait faible. La bataille avait duré deux heures, et même si Rinku était mort, Matsu avait dû se retirer un peu plus loin, hors de portée pour qu'elle le sente. Du moins, elle l'espérait.

Elle s'arrêta à la lisière de la plaine. Le barbare Gustu était appuyé contre le tronc d'un arbre mort, sérieusement amoché. C'était sa chance. Elle dégaina son katana, en espérant sincèrement que Gustu était déjà partit.

Elle étudia d'abord le terrain. Le sol était ravagé par la bataille, et la moitié des arbres étaient brûlés. A ce qu'elle savait, aucun de ses deux compagnons n'avaient d'affinité avec le feu. Elle en déduit donc, que c'était forcément Gustu. Elle savait juste qu'il se déplaçait avec une hache et qu'il utilisait la technique de clonage pour faciliter ses cambriolages et massacres. Il était originaire d'un pays du Nord, sans plus de précision. Leurs informations se limitaient à ça, c'est à dire pas grand-chose. En prenant en compte ces nouvelles données, elle établit sa stratégie. Rapide, efficace, elle allait lui permettre d'obtenir et de prendre des informations sur ses compagnons et son adversaire.

Elle sauta de son arbre, et fonça. Gustu tourna la tête, aillant senti sa présence. Il se leva pour se protéger, mais pas assez vite, elle l'effleura avec son katana.

Il sauta et atterri lourdement six mètre plus loin. Grand, fin, il portait une vieille cape noir qui semblait s'élimer à certains endroits. Le vieux tissu semblait se plier d'une manière qui laissait penser qu'il saignait. Le tissu était humide.

Set' nota l'information. Elle passa en revu les alentours et ne sentit toujours pas la présence de ses compagnons. Où étaient-ils, bon sang ?!

- Barbare Gustu, rendez-vous ! Cria-t-elle, en serrant fermement le tsuka avec ses deux mains, en garde.

- Tiens, une gamine. Le mec aux cheveux verts que j’ai tué m’a pourtant dit qu’ils n’étaient que deux.

"Rinku est donc mort. Ce qui veut dire que Matsu est surement toujours en vie. Mais où est-il donc ?"

Gustu chargea. Il sortit sa lourde hache de sous sa cape, ce qui laissa le temps à Setsu de voir que son abdomen était ensanglanté. Setsu fit un rapide consta', et décréta qu'il était en train de se vider de son sang. Elle esquiva avec souplesse la hache, et sauta suffisamment haut pour lancer un rafale de shuriken. Gustu les envoya balader avec sa hache. Setsu atterri à une dizaine mètres de son adversaire.

Il suffisait de l'épuiser. Il allait se vider de son sang, s'il continuait ainsi. Faire des attaques en rafale, de manière à ne pas lui laisser le temps de se reposer comme riposter. Cette stratégie simple semblait la meilleure dans ce genre de combat. Elle en était convaincue.

Sans attendre, elle s'élança, en sortant rapidement de sa pochette deux kunai explosifs. Gustu planta sa hache dans le sol, et entreprit de joindre les mains.

Rat.

Tigre.

Chien.

Buffle.

Lièvre.

Tigre.

- Katon, pétales de feu !

Setsu s'arrêta attend pour éviter la première boule de feu que crachait Gustu. Elle en esquiva deux avant que la troisième frôle son épaule. Elle prit appui sur un tronc mort et se propulsa. Elle fit en sorte de maintenir une distance de quinze mètres. Il manie bien le feu. Bien. C'était un avantage. Setsu ne put s'empêcher d'analyser.

Visiblement, cette attaque l'avait vraiment épuisé. Il ne lui restait surement assez de Chakra pour deux ou trois techniques, et vu son état, un affrontement direct n'était pas envisageable. Elle avait de la chance sur ce coup-là. Rinku et Matsu l’avaient vraiment bien amoché, et même une jeune Ninja comme elle, pourrait facilement l’éliminer.

Elle se mit à courir dans sa direction rapidement. Gustu reprenait son souffle difficilement, et se déplaçait trop lentement pour pouvoir contrer une quelconque attaque. Elle le savait. Il le savait.
Elle accéléra et planta son katana droit dans son cœur. Gustu cracha du sang. A sa plus grande surprise, il accrocha des deux mains le katana.
Il semblait vraiment lutter pour rester en vie. Elle en profita pour le questionner.

- Où sont les deux ninjas ? Demanda-t-elle, d'un ton sans appel.

Gustu la regarda avec mépris.  Mais, il lâcha tout de même dans un faible soupire :
- L'un est mort, l'autre blessé.

- Bien.

Elle retira la lame de corps. Le cri de douleur resta coincé dans sa gorge. Elle s’étonnait à quel point il ne lâchait pas prise. Elle tourna les talons.

- Hé, gamine!

Le prisonnier l'avait interpellé d'une telle vigueur, qu'elle sursauta. Elle se retourna pour l'examiner. Sa blessure saignait abondement. Elle aurait pu réduire l’hémorragie, mais si Matsu était toujours en vie et blessé comme il l'avait dit, elle n'avait pas le temps de soigner le prisonnier. Ce choix lui semblait logique, mais elle détestait être impuissante, et c'est exactement ce qui se passait et ce qui c'était passé. Alors elle accorda les dernières paroles du barbare. Gustu plissa ses grands yeux noirs et lança :

- Ton bandeau dit que tu es de Konoha. Mais, ton pendentif dit que tu es de Konoah et de Suna. Alors, avant que je ne meure, je veux quand même laisser une dernière information. Je voyage beaucoup, passe de ville en ville et j'ai entendu beaucoup de choses. Si tu es de Suna, tu dois savoir qui est Gaara Du Désert. Les gens parlent, les gens racontent...

- Que veux-tu dire ? Demanda-t-elle, avec intérêt.

Que voulait-il exactement dire ? Pourquoi cette référence au Kazekage disparu de Suna ? Elle vit avec horreur que Gustu faiblissait. Il ne pouvait pas mourir ! Pas avant de lui avoir dit ce qu'il avait à dire ! Elle s'avança, prête à le soigner, mais se stoppa en arrivant à sa hauteur. Et si c'était un piège ? Même si, au vue de son état, il lui serait difficile de l'attaquer, elle devait quand même se méfier. Elle serra les dents. Encore une fois prit entre deux feux.

- Parles !
- ... Certains... morts... reviennent...et... certains... dis... disparus... réa... réa... réapparaissent...

Avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit, elle vit la tête de Gustu rouler sur le côté. Elle sentit son pouls s'arrêter et son chakra le quitter. Soudain, sa tête se mit à tourner. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle avait retenu sa respiration tout ce temps. Elle prit une grande inspiration et se passa la main sur le front.

Certains morts reviennent ? Des disparus réapparaissent ? Pour être clair, c'est clair ! Elle se massa les tempes. Soudain, elle se rendit compte que la nuit était tombée. Elle conclue qu'elle aurait tout le temps d'y réfléchir et de tirer ses conclusions plus tard. En attendant, on l'attendait.

Elle jeta un oeil à Gustu.  Il était bel et bien mort. Elle le fixa une dernière fois, et tourna les talons.  Elle savait qu'elle n'avait plus rien à craindre de lui, elle partit donc à la recherche de ses compagnons.

- Je maintiens que l'amputer n'était pas la meilleure solution.

Setsu jeta un regard las à son amie qui semblait perplexe sur son compte rendu. Sakura releva la tête du document pour prêter plus attention à l'auteur des quelques pages qu'elle tenait entre ses mains. Setsu, qui était rentrée, voilà quatre heures semblait exténuée. C'était compréhensible, vue que pendant deux jours, elle avait dû porter à l'aide de clones qui disparaissaient tous les quarts d'heure deux corps et un blessé. Ses yeux étaient cernés et son teint un peu pâle. Deux jours, pendant lesquels il n'avait pas cessé de pleuvoir. C'était vraiment sa chance. Arrivée au village, elle avait déposé Matsu à l'hôpital avant de confier les deux corps aux légistes. Elle avait encore participé à l'autopsie avant de se retirer pour écrire son compte rendu. Sur la route, elle croisa le petit Konohamaru qui se rendait au bureau du Hokage. Elle lui confiant la tâche d'informer ce dernier du retour de mission de l'équipe.

Elle s'était réfugiée à la bibliothèque, rejointe par Sakura, qui s'était mis en tête de lire son compte rendu.

- Il a été propulsé à plus de cinquante mètres de la prairie, il a heurté un grava de pierre qui s'est écroulé sur lui. Je pense qu'au vue des circonstances, il s'en sort plutôt bien.
- Set', je sais que tu ne pouvais pas soulevée à toi toute seule cette montage de pierre, mais je suis sûre qu'il devait y avoir une autre solution.
- J'ai réussi à le dégagé, car il avait eu la présence d'esprit de jeter son bandeau pour indiquer son emplacement. Quand j'ai réussi à soulever le reste de pierre, son pied était littéralement écrasé par une pierre de deux tonnes au moins. Même si j'avais réussi à la déplacer, je doute que nous aurions pu sauver son pied. Et puis, il avait des blessures bien plus graves, et il fallait que je le sorte de là pour lui donner les premiers soins. Conclu-t-elle en se renversant sur sa chaise.

Elle parlait avec un ton détaché, mais l'image du pied complètement écrabouillé sous ce rocher ne quittait pas son esprit. La scène de l'amputation, accompagnée des cris de souffrance de son coéquipier la faisaient encore serrer les dents, et elle refusait de s'étendre sur ce terrain.

Sakura dû le comprendre, et posa le document sur la table.

- Tu te doutes bien que cette mission n'est pas une réussite et que tu as eu de la chance.
- Je n'en doute pas. Un mort et un blessé grave pour une simple mission de reconnaissance, ce n'est pas vraiment ce que j'appelle une réussite.
- Quant à Gustu, il était bien plus coriace qu'on ne le pensait. Je pensais quand même qu'il lutterait un peu plus.
- Avec plus de quatre organes vitaux touchés, c'est un miracle qu'il est réussi à utiliser une technique et à esquiver.
- Tu as oublié de le mettre dans ton rapport. Constata Sakura.

Setsu s’étira. Elle espérait pouvoir se reposer avant d'affronter l'Hokage. Elle allait surtout devoir affronter sa mère. Et les démons à queues étaient des enfants de chœur à côté de Shôna Nohara Nekos. Elle sourit.

- Merci Sakura. Je vais me reposer avant d'aller voir l'Hokage.
- D'accord. Ah, avant que j'oublie, Ryoko m'a dit que tu lui devais un bol de nouilles. Qu'as-tu fais pour ça ?

Setsu éclata de rire. Elle l'avait complètement oublié, celle-là !

- Disons que j'ai parié, et que j'ai perdu ! Dit-elle, joyeusement.

Sakura fronça les sourcils.

- Tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? Tu es trop rusée pour te faire avoir par cet idiot de Ryoko.

Le sourire de Setsu redoubla. Effectivement, on pouvait dire ça. Elle n’avait pas eu la force de le voir bouder toute la journée parce qu’elle avait gagné un stupide pari de vitesse. Du coup, elle l’avait laissé gagner en faisant semblant de trébucher sur une pierre.

- Ne lui dis pas, s'il te plait.

Sakura sourit à son tour.

- Promis.

Sur ce, Setsu sortit. Dehors, le ciel s'était assombri. Il allait encore pleuvoir.

Les gens rentraient, guettant le début de l'orage. Setsu, dont les pas lents lui permettaient d'observer les enfants courir vers leur mère, perdue dans ses pensées.

Elle avait choisi de ne pas mettre la confession de Gustu dans son rapport. Elle voulait en parler en tête à tête avec l'Hokage. Et puis à quoi bon ? Ce n'est pas le premier assassin qui tente de faire des révélations, histoire de faire encore entendre parler de lui. Mais, elle avait étudié le profil de ce Gustu, et il n'était pas du genre à partir en fanfaron. Et puis, ce qu’il avait dit, ne signifiait rien. Pas grand-chose, en tout cas.

La pluie commença à tomber, la forçant à accélérer. Elle tourna à gauche, en s’enfonçant dans une ruelle sombre, avant de sauter sur le toit d’un de ces immeubles qui penchaient légèrement. Elle atterrit avec souplesse sur les tuiles glissantes et prit une autre impulsion pour pouvoir atteindre une autre ruelle, qui débouchait sur le pont de la rivière. Elle longea les murs, et couru jusqu’à ce que l’imposante villa se dessine dans l’ombre du brouillard qui s’était levé. A son arrivée, elle découvrit avec un soupire que la fenêtre de sa chambre était restée ouverte.  

« A tous les coups, mes livres vont être trempés, et je ne parle même pas de mes parchemins . »

Et ça ne manqua pas. Quand elle sauta à sa fenêtre, elle constata que ses bouquins n’étaient plus qu’un tas de papier mâché. Elle secoua la tête vraiment fatiguée.
Sans attendre, elle se déshabilla après avoir fermé la fenêtre, et se jeta sur son lit, en espérant que sa mère ne remarquerait pas sa présence avant un bon moment.

***

- Cette mission s’est avérée plus compliqué que je ne le pensais, mais il n’en reste pas moins qu’un de nos ninjas est mort. Et je ne peux accepter qu’une mission comme celle-ci compte une perte.
- Je comprends, Sensei.
- C’est un travail d’équipe. Même si tu as bien rempli ton rôle en suivant les ordres et en tant que Médecin Ninja, je m’attendais à plus d’insistance de ta part.

La voix de l’Hokage, impartial mourut dans un silence teinté d’une once de culpabilité. Setsu détestait les leçons de morale, surtout quand elle savait qu’elle aurait pu les éviter. Généralement, elle ne se faisait jamais attraper, si c’était une bêtise, elle était beaucoup trop rusée pour se faire prendre, mais là, il ne s’agissait pas d’un mauvais coup, mais d’une mort.

Elle comprenait ce que ressentait l’Hokage, ainsi que son devoir d’appuyer là où à ça fait mal.

Elle attendait le compte rendu de l’autopsie de son coéquipier, Rinku. Dès demain, on pourra constater une nouvelle plaque dans le cimetière de Konoha, portant son nom. Elle avait sorti son kimono noir juste avant de partir.

- Avant que les résultats d’autopsie arrivent, je dois vous informer de quelque chose qui  ne figure pas dans mon rapport.
L’Hokage leva la tête de rapport que Setsu lui avait remis pour fixer la jeune fille.  
- Quoi donc ?

Setsu lui fit par alors de la confession de Gustu . Quand elle se tue, elle put constater que le visage de l’Hokage s’était fermé à  l’évocation de Gaara et de la prédiction de Gustu. Elle remarqua l’Hokage essayait de contrôler sa respiration, et son index de la main gauche tirait sur sa manche en un tic nerveux.

Etrange. Comment une simple confession pouvait mettre l’Hokage dans un tel état de nervosité ? Aurait-il un rapport avec la 4ème Grande Guerre Ninja ? L’Hokage n’aimait pas trop qu’on en parle. Il est vrai qu’on avait eu tendance à ressusciter les morts, mais les probabilités que ce soit en rapport avec ça sont soit insuffisante, soit trop grande.

- Ne te préoccupe pas de ça. Ce barbare voulait surement attirer l’attention encore une fois. Finit-il par dire, d’une voix ferme.

Stesu tomba des nus. Comment peut-il lui mentir ? Il savait très bien qu’elle devait l’avoir percé à jour ! S’il s’appliquait à lui mentir, c’est qu’il n’y avait qu’une seule possibilité : sous cette menace à peine dissimulé, se cachait le message très clair que quel que soit la réponse, cela la dépassait. Ce qui avait le don, justement d’attiser la curiosité de Setsu.

Elle ne put questionner l’Hokage à ce propos, car Sakura ouvrit la porte après avoir toqué pour apporter les résultats de l’autopsie.

Setsu avait elle-même analysé le corps, quand elle l’avait découvert. Rinku n’avait pas souffert, c’était une chose sûre. Il avait la gorge complètement arrachée, et mis à part des coupures et des brûlures importantes, la cause de la mort était bien visible.

L’Hokage se saisit du dossier et lu attentivement. Au bout de quelques minutes, il releva la tête.

- Gorge tranchée. Il n’a au moins pas souffert. Conclu l’Hokage avant de mettre fin à l’entretient à donnant trois jours de congés à Setsu.

Celle-ci sortit du bureau accompagné de Sakura.

- Que vas-tu faire maintenant ? Demanda la fille aux cheveux roses.
- A l’hôpital. Je veux voir comment va Matsu. Je file voir Shikamaru juste après.
- Bien. Si tu croises Saï, dis-lui de me rejoindre à la bibliothèque, avec les livres que je lui ai prêtée.
- Oui m’dame.

Quand elles se séparèrent, Setsu décida de passer d’abord chez Shikamaru. Elle n’en avait pas pour longtemps, elle ne voulait pas s’attarder.

Dehors, il faisait bien plus beau qu’hier. Le vent était frais et l’air chaud. L’envi de se coucher sur l’herbe et de regarder les rares nuages blancs qui sillonnaient lui traversait l’esprit.  Elle souriait rien qu’en pensant au bien être qu’on ressent quand on fait rien. Elle aurait vraiment aimé rêvasser, mais elle n’en avait décidément pas le temps.

Elle monta la petite pente et tourna dans la rue d’un petit quartier tranquille. Les maisons commençaient à s’animer, les odeurs d’œufs brouillés,  et de soupe au riz envahissaient la rue. Il n’était que sept heures du matin, et même si elle était debout depuis deux heures, elle sentait encore la fatigue des derniers jours. Elle récupérait vite, mais les nuits blanches qu’elle avait passé, l’avait vraiment laissé zombifier.

Elle s’étira avant de monter les marches de la maison de la famille Nara. Les connaissant, elle avait une chance sur trois pour que quelqu’un soit debout. Elle entendit du bruit, qui provenait surement de la cuisine. Des pas sur le parquet lui confirmèrent qu’elle avait de la chance. On lui ouvrit.  Shikaku  bailla longuement avant d’ouvrir un œil. Quand il la reconnu, il lui sourit. Elle le lui rendit.

- Ah, Setsu ! Quel plaisir de te voir. Comment tu vas ?
- Je vais bien, merci. Je suis désolée de vous déranger aussi tôt, mais est-ce que Shikamaru est là ?
- Tu ne me déranges pas. Pour Shikamaru, tu n’as pas de chance, il est parti en mission hier soir. Il voulait passer te voir, mais l’Hokage l’a convoqué avec Shôji et Ino.
- Mmm…

Ce n’était effectivement pas de chance. Par réflexe, Setsu saisit son collier et commença à le tripoter. Un tic nerveux qui agaçait sa mère, et dont elle avait pris l’habitude.  Elle avait tellement envie de partager ses pensées avec Shikamaru, qu’elle n’avait pas pensé qu’il n’était peut-être pas là. Parce qu’il est vrai qu’à chaque fois qu’elle rentrait de mission, il venait lui rendre visite, quand il n’entrainait pas le fils de Kurenaï et d’Asuma. C’était son Sensei, non officiel, mais elle le considérait comme tel, et comme son ami. Elle l’appelait Sensei pour l’embêter, parce que ça lui rappelait qu’il était plus vieux qu’elle.

- Tu as l’air préoccupé. Viens, entre, je vais faire du thé.

Elle s’apprêtait à refuser, mais elle finit par accepter après avoir conclu que  Shikaku était une bonne écoute aussi. Elle entra donc, se déchaussa et le suivi jusqu’au salon. Elle s’installa, et observa Shikaku disparaître dans la cuisine.

- Dis-moi donc ce qui te préoccupe.
- Ma dernière mission a été particulièrement éprouvante. L’un de mes coéquipiers est mort. Commença Setsu, en prenant la tasse fumante que lui tendait le père de son ami.
- Je suis désolé. C’est toujours dur. Ça va allait ?
- Oui, merci. Je ne le connaissais pas très bien, mais comme vous l’avez dit, c’est dur. Voilà, ce qui me tourmente, c’est ce que m’a dit le barbare Gustu, celui qui massacrait les pauvres gens pour les voler.
- J’en ai entendu parler. Vous l’avez finalement arrêté. Que t’a-t-il dit ?
- Comme il a vu que je portais le signe de Suna en pendentif, il m’a donc fait part de ce qu’il avait entendu en pensant que je comprendrais. Après avoir évoqué brièvement le Kazekage Gaara du Désert, il m’a confessé avait beaucoup voyagé, et qu’il avait entendu certaine chose. Il ne m’a pas détaillé ces « choses », mais il est mort en soufflant une sorte de prophétie qui n’a ni queue ni tête. « Certains morts reviennent et certains disparus réapparaissaient. ».

Le Ninja haussa les sourcils. Puis, il prit un air perplexe.

- En voilà une confession bien étrange.
- Effectivement. J’en ai parlé à l’Hokage. Et je sais, au vue de sa réaction, que cette confession n’est pas anodine.  
- Ce n’est pas très surprenant…

Ce fut au tour de Setsu d’être perplexe. Rien de surprenant ?  Que voulait-il dire ? Avait-elle visé juste en affirmant que tout ça était louche ? Elle posa la question, et eu la surprise de voir le Ninja Nara laisser son regarde flotter dans le vide. Il lui fallut une bonne minute avant qu’il ne lui réponde.

- L’hokage ne t’a pas répondu, n’est-ce pas ?
- Affirmatif, encore. Qu’est-ce que ça signifie ? Demanda-t-elle, de plus en plus intriguée.

Shikaku soupira.

- S’il avait fallu te donner une réponse, il aurait fallu qu’il te parle de ton père.
- Mon… mon pè-père ?

Une vieille douleur amère lui écrasa le cœur. S’il y avait une chose pour laquelle Setsu était douée, était d’éviter tout sujet en rapport avec son père.
Le Ninja l’observait attentivement. Il comprenait la douleur et la surprise de cette jeune orpheline d’un parent. Beaucoup de gens avaient perdu un proche pendant la 4ème Grande Guerre Ninja, mais on ne s’habituait jamais à la douleur.  La petite Setsu avait dix ans quand la Guerre avait éclaté.

- Ton père, Torn Nekos de Suna était comme toi. Il cherchait toujours à éviter le combat.

Setsu s’interdit de corriger le Ninja. Pourquoi tout le monde était convaincu qu’elle voulait éviter le combat ?

- Il avait le don pour convaincre les gens. C’était un bon ninja, un bon équipier et bon ami.  Quoi qu’il disait, les gens s’arrêtaient pour l’écouter. Son élocution était telle, qu’il était devenu une sorte de diplomate entre Suna et Konoha. Il était vraiment l’incarnation de la parfaite neutralité.
- Un diplomate ?

Shikaku hocha la tête. Setsu se passa la main dans les cheveux avant de saisir son pendentif. Elle savait très peu de chose de son père, elle s’en rendait compte. Sa mère ne parlait jamais de lui, et les souvenirs qu’elle gardait de lui étaient remplis de joie et de rire, loin du monde des Ninjas.

- Le Kazekage lui donnait la lourde mission d’être son représentant et son messager. Mais, comme dit, ses véritables fonctions étaient des plus secrètes. Seules quelques rares personnes connaissaient ce statut particulier, dont moi.
- Mon père…
- Etait quelqu’un d’important. Tu peux être fière de lui.

Il y eu un moment de silence, pendant lequel Setsu se rappela les sourires de son père, leurs longues promenades en forêt, les heures qu’ils avaient passé à contempler les nuages, et les descriptions du paysage de Suna qu’il lui racontait le soir avant qu’elle ne s’endorme, les rares fois où il était là. La douleur s’intensifia encore un peu. Mais, elle devait savoir.

- Arrêtes-moi, si tu en as assez…
- Continuez. S’il vous plait. On ne me parle jamais de lui.
- Il n’était jamais à l’heure.  J’ai fait plusieurs missions avec lui, et même si on le réveillait une heure avant tout le monde, il était quand même le dernier à être prêt. Il aimait la simplicité des choses. Il ne se compliquait jamais la vie. Setsu, tu es son portrait craché.

Setsu ferma les yeux. Cette fois-ci, les larmes n’étaient pas loin. C’était si soudain. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce que le sujet de son père soit abordé. Surtout avec Shikaku Nara. Ou encore à cause de la confession d’un assassin. C’était inconcevable. Pourtant, si pendant ces six dernières années, le silence autour de la mort de son père était plus que présent, cette soudaine rupture de silence était bien réelle.

Elle était partagée. Oh, elle ne demandait qu’à savoir, mais était-elle vraiment prête à entendre ? Elle ne voyait pas ce qu’elle pourrait apprendre de dramatique ou quelque chose dans ce genre, mais si Shikaku était aussi bavard, elle allait apprendre beaucoup de chose.

Malheureusement, la discussion coupa court. Le Ninja avait perdu son regard nostalgique, et avait retrouvé son sérieux. Il lui expliqua alors tout.
Son père avait découvert quelque chose, peu avant la dernière Grande Guerre Ninja. Quelque chose, dont le Ninja ne pouvait en parler car il ignorait encore aujourd’hui ce que c’était. Il savait juste que l’Hokage avait connaissance de cette « chose » qui aurait changé beaucoup la donne dans certains vagues. Shikaku resta très vague à ce sujet, laissant plus de questions à Setsu que de réponse, finalement.
Mais, il conclut avec une phrase qui déconcerta profondément la jeune fille. Ce qu’avait confessé Gustu, était, mot pour mot, la même chose qu’avait répondu son père quand Shikaku lui avait demandé ce qu’il avait trouvé.
Les morts qui reviennent à la vie et les disparus qui réapparaissent.

***

Tout en resserrant la ceinture de son kimono noir, Setsu se rendit d’un pas ferme et déterminée au bureau de l’Hokage.

Shikaku lui avait été d’une grande aide dans sa réflexion, et même si elle avait obtenu quelques réponses, elle avait décidé de vraiment s’y consacrer. Puisque son père était concerné, elle devait forcément creuser de ce côté. Et c’est qu’elle avait fait, toute la nuit durant. Elle s’était enfermé dans le grenier, où les affaires de Torn Nekos étaient entreposées, et avait commencé ses investigations. Elle avait écumé chaque dossier, chaque bout de papier, même ceux qui n’avait aucune signification particulière. Elle s’était même attardée sur les vieilles photos, qu’elle avait regardées avec nostalgie et douleur. La plus part des dossiers étaient codés, mais elle avait emprunté un livre sur l’art du décryptage qu’elle avait gardé. Elle n’avait réussi qu’à traduire que quelques codes, sans plus. Mais, ce qui avait attiré son attention, était dans la boîte, qu'elle gardait fermement sous son coude.

Ses joues blafardes, ses yeux rouges, la voix rauque, elle entra sans frapper dans le bureau du Protecteur de Konoha.

Ne laissant le temps à personne de réagir, elle jeta la boîte qu’elle tenait sous son bras sur le bureau de l’Hokage.

Celui-ci regarda attentivement la boîte, releva la tête vers la jeune Ninja qui se tenait, bien droite, impartiale dans l’entrée du bureau.

Il avait compris.

Elle avait compris.

Les mots ne suffiront jamais. Quel que soit le conflit, les chances pour qu’on n’en vienne pas aux mains sont rares. Trop rare.

Elle savait, elle connaissait le prix de la paix. Son père le connaissait lui aussi.

A une seule chose différente, elle a la Flamme. La volonté du Feu.

Setsu Nekos, fille du médecin et biologiste Shôna Nohara et du Ninja Torn Nekos de Suna, sera le lien.

Elle sera, comme son père avant elle, la Neutralité.

Elle se fera accepter par Suna, et elle y arrivera coude à coude. Et grâce à ce sceau, son héritage.

Elle devra y arriver.

Même au prix de sa vie.