C'est une humide léchouille de la part de Chuujitsu qui me réveilla ce matin-là. Sa langue rappeuse rencontra ma joue et glissa sur celle-ci doucement, déposant de la bave gluante. En voilà un réveil forcé. En toute franchise, je ne peux lui en vouloir. C'est moi qui lui avais demandé de me faire ouvrir les yeux le plus tôt possible. Je levais donc mes paupières l'une après l'autre, étirant mes bras musclés vers le plafond de ma chambre, en lâchant un bâillement digne d'une bête. Je ne me posai qu'une seule et unique question à ce moment là, quelle heure était-il. J'avais beau lui avoir demandé de me réveiller tôt, Chuujitsu et moi n'avions pas vraiment la même notion de " tôt ". Personnellement je pense que c'est dans les premiers rayons du soleil, cinq à six heures environ. Mais pour lui c'était... " Huit heures ! Putain tu fais chier tu sais ?! " J'attrapai mon ami par le cou et le levai à hauteur de ma tête pour lui faire un bisou suivit d'une caresse. Je le remerciai quand même ne pas avoir oublié. Même en début de journée, le pelage de mon ami canin était encore doux et coiffé, preuve que je m'en occupe chaque jours. Mes parents, le clan et moi même étaient fiers de ce que j'avais réussi à créer avec ce chien, une telle complicité, un véritable ami, une bête ! Il n'avait pas de prix, si ce n'est des efforts et une valeur sentimentale inestimable. Je sortais de la pièce dans laquelle j'avais dormis pour aller chercher mes vêtements. Mon fameux pantalon, mon t-shirt, ma veste... Toute ma panoplie ! Je n'avais pas le temps de déjeuner ni même de prendre une douche, je n'étais vraiment pas en avance. J'avais environ deux heures de retards, ce n'est pas rien ! Je plaçai rapidement mon collier autour de mon cou, et sifflai Chuujitsu pour qu'il m'accompagne.

Il en avait de la chance lui ! Pouvoir sortir nu, sans que personne ne le dévisage. Au moins il n'avait pas à s'armer de toutes ces choses éphémères comme les vêtements et les coupes de cheveux. Je l'enviai parfois, tout le temps même. Il était donc dans les alentours de huit heures vingt du matin, et le village était déjà en activité. Les commerces commençaient déjà à recevoir du monde, et les bars eux, accueillaient les travailleurs venant boire un café pendant la pause. C'est vrai qu'un café ça donnait envie... Une bonne boisson chaude et généreuse, donnant sans excès tout l'énergie dont on a besoin. Aller, pourquoi ne pas se laisser tenter ? J'avançais avec mon ami en direction de ce fameux bar, la démarche assurée. Je n'avais pas vraiment l'habitude de me lever à cette heure ci, voir le village dans ces rues, à ce moment de la journée, c'était assez agréable. Les gamins qui se bousculaient entre-eux pour se rendre à l'académie et ne pas rater leurs cours, les plus jeunes encore, allaient acheter le pain sous les ordres de leurs parents. Cette vision du monde m'était presque inconnue. Je ne me moquai pas d'eux, je faisais surement la même chose à l'époque, de plus j'avais croisé un Inuzuka dans la foule. Celui-ci ne m'avait pas vu. J'observai son regard plein de hargne, lui et son chien s'étaient bien trouvés ! Une vraie bête, pour son âge il faisait déjà cinquante centimètres de haut environ, énorme pour un dog. Peu importe, ces gamins me remplaceront moi et mes équipiers dans une quinzaine d'années. Je souriais et sautais dans les airs pour pouvoir éviter de passer dans cette foule qui me ralentirait énormément. Chuujitsu fit de même, et nous nous réfugiâmes chacun sur un toit pour avancer. Nous marchions tranquillement, les mains dans les poches pour ma part. Je me demandais bien ce que j'allais pouvoir faire de ma journée... Aucunes missions de prévues, aucuns rendez-vous, bon, et bien un entraînement s'impose j'imagine ! C'était décidé, après un bon café, je me rendrai aux terrains d'entraînements de Konoha pour m'améliorer. De plus, étant devenu juunin, il était en mon devoir de devenir toujours plus fort pour aider le village, ça me paraît logique. Juunin... Quel grade, le plus évolué dans la hiérarchie des ninjas de bases. C'est vrai quoi, Kage, bras-droit, Sennin ? Ce sont les seuls grades qui sont supérieurs à Juunin après tout. Ahah ! J'avais enfin rejoints la cour des grands, ça fait bizarre de se dire que deux ans avant nous n'étions que de simples genin... Chuujitsu et moi étions devenus vraiment plus puissant. Après maintes réflexions, je me trompais peut-être, il est vrai que j'avais entendu des gens du village parler d'une unité appelée ANBU. Une escouade qui remplissaient les missions les plus périlleuses et dangereuses, qui accomplissaient des exploits et protégeaient l'Hokage. Ces Hommes vivent dans le plus grand secret professionnel et s'en voient récompenser. Pfiou ! Aucun doute, c'est excellent comme poste ! Encore faut-il avoir le niveau et l'envie. Personnellement, me couper du monde ne me tante pas trop, c'est pourquoi je resterai juunin pour l'instant. J'espère un jour monter encore en grades, mais ce n'est pas mon but actuel. Pour l'instant, je voulais juste m'améliorer, encore et toujours, et surtout continuer à me faire des amis, car il faut l'avouer, mes relations sociales sont en baisses en ce moment.

J'arrivais donc face au bar, ou plutôt, au dessus. Je sautais d'un bon accompagné de quelques saltos avants pour atterrir, un genou au sol en synchronisation avec mon camarade, devant l'entrée de la bâtisse. Ce bâtiment n'était pas très impressionnant, mais avait le mérite d'attirer du monde. J'avançais sans le moindre bruit poussant les portes qui menaient à la salle principale, et la seule d'ailleurs. Un comptoir, un barman qui essuyait quelques unités de sa vaisselle, deux piliers de bars, et enfin les travailleurs dont je vous ai parlé tout à l'heure. " Bonjour, un café s'il vous plaît. " L'homme ne tarda pas, et se ramenait immédiatement avec une carafe transparente. Un magnifique objet bien forgé, et s'en servit pour remplir une tasse qui se trouvait juste devant moi. J'hochais la tête pour le remercier, et il s'apprêtait à partir quand je l'interpellai. " Une gamelle d'eau pour le chien s'il vous plaît. " Il me regardai en levant un sourcil, comme si il n'avait pas compris. Je fis un petit sifflement dans le coin de ma bouche pour ordonner à mon chien de monter sur le comptoir. En un bond, le voilà qui sortait les crocs pour impressionner cet homme. " Ce n'est pas assez clair, monsieur ? " Obligé d'employer l'intimidation pour avoir un bol d'eau, matériel dont j'avais l'intention de payer ! Je lui donnais quelques pièces, et servis la marchandise à mon ami. Je souriais en le caressant doucement. " Régales-toi c'est moi qui offre... "