Flash-back, Rencontre avec Mana !

Son choix

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La nouvelle lui était parvenue si vite... aussi vite qu'elle fut partie.

Mana terminait de franchir les derniers mètres qui la séparaient de Kumo, cette majestueuse cité partagée entre les bois et les montagnes, un paysage qui lui avait été déjà donné d'apprécier. Des mois auparavant déjà. Des semaines plus tôt elle y était même revenue pour parachever son enquête sur un parchemin qui aurait pu l'aider à parfaire ses techniques en Kenjutsu. En ce jour, cependant, en ce nouveau matin, la déserteuse ne s'y rendait non pour récolter des informations sur le clan qui avait détruit sa vie et qu'elle escomptait encore d'anéantir, elle ne s'y rendait non plus à la quête d'un quelconque parchemin ou d'une arme qui l'aiderait à accomplir sa vengeance. Non. Si Mana se rendait en ce jour sur ces terres, c'était parce qu'elle avait avant tout appris le départ de Kaleïs Kalinko, cette femme qui lui avait promis de l'aider et qui avait lâchement disparu.

Pour cette femme, la kunoichi possédait beaucoup d'estime. La Raikage avait accepté de l'aider dans sa misère, l'avait même orientée vers Jiyuu, cette cité de liberté dont la misère l'avait entrainée à une nouvelle désertion, lui avait promis de la soutenir dans sa quête. Mais elle avait disparu, lui avaient certifié quelques nunkenins de ce village et qui logeaient actuellement le village malfamé qu'elle avait quitté volontairement, à cette annonce qui lui avait ramené les yeux sur le sol.

Son départ avait signé le sien. Abandonnant derrière elle l'appartement qu'elle avait dérobé à la dernière victime de sa haine, son sac chargé sur son dos, à l'exemple de sa désertion de Suna. Sauf que cette fois, nulle ni personne ne tenterait de la retenir, et Asaji serait heureuse d'apprendre qu'aujourd'hui la kunoichi s'apprêtait à entamer un chapitre bien plus honorable de sa vie.

Suite à son égarement, Mana ne pouvait plus se permettre de retourner sur ses terres d'origine. Qui savait ce que le Kazekage pourrait lui faire subir comme punition, s'il lui en réservait une ? La déserteuse ne daigna en connaitre la réponse. Alors ses prunelles brunes s'étaient tournées vers ces horizons qui pointaient Kumo, sa dernière destination, seul lieu hormis son village d'enfance qu'elle connaissait. Plus que jamais, l'adolescente avait besoin de points de repère, du haut de ses seize années. La désertion définitive d'un village n'était pas probablement la meilleure des décisions pour le moment, peut-être valait-il mieux se lier à un peuple autre que le sien et attendre de voir ce qui se produirait à l'avenir. Pour le moment. Sans certitude de rester, au risque d'abandonner définitivement les motifs premiers qui l'avaient conduite à quitter Suna, et cela Mana ne l'accepterait jamais. Se résoudre à oublier le meurtre de ses parents... hors de question qu'elle s'abandonne à un tel sacrifice.

Les portes du village du Kumo s'élançaient devant elle, et elle marchait encore. Son kimono blanc se fondant dans la lumière du soleil, sa couleur tâchait malheureusement le paysage vert et brun des environs. C'était laid. Mais c'était son armure, sa sécurité, ce qui lui permettait de garder à sa ceinture l'arme qu'elle palpait de la main.

"Me voici donc, Kumo" murmura-t-elle. "A toi de me dire ce que tu attends de moi, à présent..."

La kunoichi était consciente que ces deux remparts ne lui répondraient jamais, tout autant que toutes les constructions qu'abritaient ces enceintes qui les prolongeaient. Seulement plus que jamais Mana regrettait d'avoir quitté sa patrie d'origine, à l'instant d'en intégrer une nouvelle. Voudraient-ils seulement d'elle ? La figure impassible de la jeune fille ne trahissait aucun des doutes qui la parcouraient. Sans sentiment, sans émoi, en toute circonstance, son regard rivé sur l'entrée, cherchant le courage de la pénétrer.

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reeeee

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Ombre d'un doute

La confiance que lui accorda avec une étonnante facilité le Kumojin la laissa de froid, bien que la stupeur se criait du fond de ses entrailles. Sans lui quémander plus de formalités, celui-ci l'invita à le suivre dans les vastes allées de Kumo, allées qu'elle connaissait déjà, qu'elle allait jusqu'à inspecter d'un œil sombre. La kunoichi n'était plus accommodée à tant de gaieté et d'entrain dans les rues, ayant connu peine et ombres, toutes rasaient les murs dans l'espoir de n'être vues, et clignait à répétition des paupières pour s'assurer de ce qu'elle voyait tout autour d'elle. Enfants imaginatifs, genins ambitieux, animaux domestiques, une femme même les veillait de son regard. Mana le maintint un instant d'ailleurs, curieuse dans son fors-intérieur de connaitre davantage sur celle de la dame, mais celle-ci le déclina rapidement, ses pupilles s'étaient rétrécies, prises sur le fait, avant de partir resquiller et de s'occuper du linge qui encombrait les bras de leur détentrice.

La nunkenin avait fait tête basse en ces rues, dans l'ombre de celui qui n'eut aucune peine à se faire relayer. Il marchait d'un air humble, humble pour une raison qui laissait perplexe l'ancienne Sunajin, habituée bien malgré elle à ne voir que les grands assassins tenir une droite posture. Elle n'était ni humble, ni assassin. Pourtant, l'adolescente, du haut de ses seize années, possédait un maintien irréprochable, juste pour ne pas tâcher la noblesse de son habit. Noblesse factice. Ses parents n'étaient, après tout, que malheureux marchands de leur vivant, et elle n'avait fait qu'emprunter un katana et égarer tout émoi d'elle à sa naissance. Une qualité comme un défaut, que s'avérait le manque d'émotions, de sensations liées à l'être humain, à ce qui le faisait vivre et à ce qui mouvementait sa vie. Cela dépendait de la manière dont il gérait tout ce vide, cette espace creux, où résonnaient interminablement une musique, celle de l'esprit qui ne cesse de s'interroger. Mana ferma les yeux.

Bientôt, une visite chez le nouveau Raikage. Un homme qui paraissait un tantinet ridicule, sans le savoir la kunoichi regrettait véritablement le choix de Kaleis Kalinko, elle aurait mille fois préféré l'avoir en face d'elle en ce jour, cela lui aurait épargné pas mal d'interrogations. Quand l'homme s'interrogeait sur elle et ses origines, l'ancienne Sunajin ne se faisait pas attendre et répondait d'instinct, de mémoire, sans hésitation, tout s'enfilait de fil en aiguille, après tout qu'avait-elle réellement commis de grave dans sa vie ? Elle avait assassiné un homme, oui. Mais son geste était un geste de justice, ne l'était-il ? A ses yeux oui, c'était ce qui importait, tant pis ce que ce Raikage en pensait, à présent la déserteuse avait un poids en moins à prélever de ses épaules. Il lui restait toutefois toute une liste…

Bientôt, cet homme lui accordait le droit d'intégrer les rangs de Kumo. Mana n'esquissa pas même un sourire. Cette nouvelle ne l'enchantait guère, mais ne lui déplaisait non plus. Elle s'avérait encore jeune et ses bases n'étaient pas encore bien établies. Pourtant, à son grade, il lui fallait de la stabilité, ne cesse que pour s'épanouir, grandir encore, rendre ses chances plus grandes, s'améliorer, repousser ses limites, mais fallait-il déjà qu'elle les connaisse. Incombée de son nouveau rang de Kumojin, la kunoichi se vit enchainée à la cheville du gardien de portes, qui paraissait tout aussi ravi qu'elle aurait pu l'être de se trouver en sa compagnie. Ironie. Sa présence le dérangeait à toute évidence, et l'individu fut presque risible quand son supérieur lui confia la mission de lui faire visiter un village qu'elle connaissait déjà de fond en comble, en ayant eu tout le loisir lors de son dernier séjour. Kumo ne détenait en effet plus aucun secret pour elle, pourtant Mana s'abstint de répliquer aux recommandations du Kage : son guide partait déjà d'une humeur très enthousiaste. Pure sarcasme.

Jusqu'à la fin de la journée, la situation en fut ainsi : le gardien las et ennuyé ouvrant la marche, Mana la refermant quelques pas plus loin, entendant plus qu'écoutant, observant plus que regardant. Le seul détail auquel elle prêtait réellement attention s'avérait ce blanc barbouillé qui s'immisçait parfois entre deux énoncés du Kumojin. Il marmonnait des injures, n'était-il pas ? Envers qui, envers quoi ? L'adolescente leva les yeux au ciel, interrogeant la lune qui venait d'éclore. Elle-même l'ignorait. La kunoichi releva également la présence du fourreau à la ceinture de son guide. A toute évidence, il maniait également l'art du katana, à son exemple, peut-être mieux, car elle ne maitrisait encore pas complètement le kenjutsu, à faute d'entrainement, à faute de temps. Car ce ne serait jamais à faute de motivation. Car il fallait toujours une excuse à un handicap.

Enfin, le jour s'inclinait respectueusement devant le voile de la nuit prochaine et le Kumojin lui proposait de faire halte dans un restaurant du centre. Longuement, Mana l'eut dévisagé. Il paraissait pressé, lassé, il grimaçait, elle se demandait ce qui ne fonctionnait plus correctement chez cet être, étrangement blême. Tout au long de sa vie, Mana n'avait été très douée pour comprendre autrui, traduire ses émotions et ses mimiques. Elle se contentait d'observer, d'apprendre et elle se révélait très mauvaise élève, tout simplement incapable d'esquisser un sourire, même pour ses pauvres parents qui avaient probablement été les seuls à éprouver de l'affection à son égard. A cette pensée, un soupir lui échappa, silencieux, et au possible le plus court qu'elle le put. Sa frange couvrait la couleur terne de ses yeux. Eux fixaient le vide.

"Vous m'êtes bien étrange. Vous daignez m'accueillir mais vous seriez fatigué de ma présence ?"

Le timbre de sa voix ne variait jamais, mis à part quand la surprise s'y glissait ou à rares occasions, quand un élan d'inspiration l'aspirait. Sinon, ce manque de nuances persistait sans cesse, effrayait la plupart du temps ses locuteurs, sous les yeux hagards de la jeune fille qui n'écarquillait qu'un peu plus ceux-ci sous la surprise de voir se tendre ses vis-à-vis. Sa froideur, son indifférence face au danger, elle aussi, possédait sa part de responsabilité. Beaucoup la désignaient d'inconsciente, à faute de ne comprendre sa "maladie", et ce à cause de ce froid qu'elle inspirait. Ce n'était pas qu'une impression, mais bel et bien la vérité.

"Si vous m'aviez dit que ma présence vous importunait tant, je me serais éclipsée. Je me suis débrouillée seule durant des années et cela ne changera pas de si tôt. Je n'ai besoin d'aucun chaperon, j'aurais dû le signaler au Raikage, je suppose ?"

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~ Mana Geisha ~

Tour de garde au porte de Kumo

~ « Jeunesse enflammée ! » ~

"Vous m'êtes bien étrange. Vous daignez m'accueillir mais vous seriez fatigué de ma présence, si vous m'aviez dit que ma présence vous importunait tant, je me serais éclipsée. Je me suis débrouillée seule durant des années et cela ne changera pas de si tôt. Je n'ai besoin d'aucun chaperon, j'aurais dû le signaler au Raikage, je suppose ?"

"Je ne vous chaperonne pas et votre compagnie ne me dérange pas ! Vous vous méprenez mademoiselle... Simplement, le comportement de mon Kage me fatigue, toujours sur mon dos avec son manque de professionnalisme chronique(Grimm) !"

Je l'invite à me suivre, le sourire au lèvres. Le restaurant chaleureux du centre est ce soir calme, animé d'une ambiance reposante. Je prend place, passant commande sans plus attendre. La carte ne m'es pas inconnue et la faim me tiraille, autant ne pas perdre de temps ! Baguette en mains j'attaque mon plat tandis que d'un oeil curieux je regarde ce que ma comparse du moment a commandée. J'ai laissé mon tempérament ronchon au vestiaire pour une fois. Histoire de faire "bonne impression" avec la nouvelle. Effort de conduite rare pour ma personne... Et secrètement j’espérais, qu'elle baisserai les armes elle aussi. Cela apporterai sans conteste, plus de tranquillité au moment partagée.

La curiosité, n'est pas l'un de mes traits caractérisé, mais parait-il une bonne discutions se veut intrusive et direct pour être constructive et utile. En tant que future collègue de travail, je me dois un temps soit peu de m'intéresser à elle, bien que j'ai coutume de travailler seul ! C'est dans cette optique que je m'élance... avec toute la maladresse du monde.

"J'ai pu assister à l’interrogatoire du Raikage et lire les conclusions de l'unité de recherche à votre sujet, et j'y trouve de nombreuse zone d'ombre... Avant d'être l’élève de Kalei, n'étiez vous pas déjà initier aux rudiments des arts ninja ? Étiez vous une mercenaire ?"

La question est abrupte, mais son passé aussi sombre soit-il m'intéresse. Je suis persuadé qu'il ressemble au mien !

Jin Kaza.

Invité

reeeee

Autrefois

Manque de professionnalisme. Un Kage serait donc encore capable d'en faire preuve, malgré les années et l'expérience emmagasinées et qui avaient mené conseil et hauts dirigeants à offrir un poste aussi important à l'individu dont il était question. Surprenant. Intéressant. Ce fut une phrase que Mana grava dans sa mémoire, interpelée par ces mots qui se suivaient et qui pourtant ne paraissaient pas se tenir, à l'exemple d'un puzzle que l'on essaierait de construire avec des pièces rondes.

Une fois la mise en mémoire effectuée, la kunoichi réaccorda toute son attention à son interlocuteur. Il souriait et elle se demandait bien pour quelle raison. L'être humain détenait après tout tant de mécanismes complexes à ses yeux, il se révélait un véritable mystère et elle n'avait malheureusement pas les outils adéquats pour découvrir les raisons qui avaient perturbé l'humeur de l'individu. Elle se contenta d'acquiescer, de découvrir, de réfléchir, de visser son regard sur un objectif, nouveau, pour ne plus songer à regarder derrière. Au fond d'elle, l'ancienne nunkenin était encore incertaine quant à son choix de se poser et de ne plus voler de ses propres ailes.

Aurait-elle seulement encore la liberté de ses recherches ? Pourrait-elle encore seulement chercher les responsables de l'assassinat de ses parents ? Le lui permettraient-ils encore seulement ? Était-il probablement trop tard pour songer à tout cela. A présent, l'adolescente n'avait d'autre choix que de s'adapter, rentrer dans le moule des idées de son nouveau Kage, au risque de mettre de côté les siennes, tout en prenant le temps de les peaufiner et en les surveillant de loin. Elle n'avait d'autre choix, d'autre alternative.

Une fois le seuil du restaurant franchi, une atmosphère lourde de vapeur la happait, la tirait vers l'avant, si ce n'était cette personne devant elle qui avançait et qui avançait, à la recherche de ses repères et de ses réflexes. A l'œillade, l'étrangère qu'elle fut éplucha les murs, rasa le sol et son plancher, feuilleta le regard de ces personnes qui vérifiaient son identité à leur entrée. Ils se posaient la question, cette question qu'à Jiyuu également elle relevait dans le regard des occupants des rues. Était-elle amie ou ennemie, de confiance ou l'une de ces personnes dont il était préférable de se méfier. La présence de son guide aidait à leur inspirer confiance et à retourner à leur repas. Tant mieux, Mana n'aimait pas être le centre d'attention. Elle avait fini par s'adapter à son statut d'ombre.

La commande fut rapidement passée. N'étant pas accommodée à la cuisine autre que celle qu'elle avait toujours connue à Suna et ne voulant pas spécialement s'encombrer de questions à propos de tel ou tel plat, l'ancienne Sunajin choisit le premier qui figurait sur la carte. En s'armant de ses baguettes, à l'heure du repas, celle-ci constata l'attention de son vis-à-vis et se surprit à le dévisager. Acte déplacé, mais ce garçon l'intriguait terriblement et cette curiosité à son égard grossissait en même temps que la sienne, à première vue. L'extrémité de ses baguettes goûtant à la nourriture, son regard ne dérivait pas, attentive à la moindre mimique de sa part, quand d'une approche maladroite le Kumojin osa enfin lui adresser un mot. Toute une phrase, toute une interrogation, et Mana l'écoutait d'une expression neutre, le brun de ses yeux noyé dans le récipient situé devant elle.

Il avait assisté à son interrogatoire, et ? Et elle avait été brièvement l'élève de l'ancienne Raikage, et ? Et que voulait-il connaitre de plus à son propos ? La manière dont elle avait acquis son savoir ne le regardait en rien, ni son passé en son ensemble. C'était sa vie, son passé, ses épreuves, ses victoires et ses nombreuses défaites. Le questionnait-elle, elle, sur son passé, sur la raison qui l'avait mené à effectuer un tour de garde à l'entrée du village, sur la raison qui le poussait à garder ses cheveux longs ? L'adolescente demeura bouche cousue un instant, absorbée dans le noir de ses souvenirs, noir qu'elle avait daigné conservé, au contraire du soleil et de l'atmosphère chaude du pays du vent qu'elle avait volontiers laissé derrière elle. Au bout de nonante-trois secondes de profonde réflexion, l'adolescente obliqua enfin les yeux sur son vis-à-vis, son expression ne changeait pas, le timbre de sa voix aussi vide de sentiment que lorsqu'il lui a fallu l'aborder aux portes.

"J'étais chuunin au village de Suna avant de déserter. Le Kazekage m'a repérée alors que je n'étais qu'une enfant et il m'a accordé un maitre particulier pour m'apprendre les rudiments du Bukijutsu et du Kenjutsu. Il est mort il y a un an ou deux, je ne me rappelle plus et ce n'est pas important. Il m'a abandonnée au moment où j'avais besoin de lui, c'est tout ce que je retiens."

Un craquement. L'une de ses baguettes venait de se briser, sous la pression de deux de ses doigts, sous l'impulsivité, et la kunoichi regardait à présent le bois brisé d'un œil surpris. Elle paraissait inconsciente de son acte, spectatrice, alors que c'était sa force qui avait provoqué cette mort subite et indésirée. Un soupir lui échappa. Bref. Ce n'était pas la première fois que ce genre d'accident lui arrivait.

"Autrefois, ce genre d'incidents ne m'arrivait jamais… Pardon."

Son mensonge devenait-il plausible par le manque d'altération de sa voix ? Mana ne s'en souciait pas plus que cela, posa ses baguettes sur le côté et ses mains sur ses genoux, le tissu de son kimono se froissait sous ses doigts.

"Je n'étais pas mercenaire. Certes, je stationnais à Jiyuu, mais uniquement parce que l'on m'avait conseillé ce village pour ma propre sécurité. Je ne remplissais pas de contract. Je me contentai d'accomplir mes propres desseins… bien que jusque-là je n'aie eu l'opportunité que d'en n'effectuer qu'un."

Cette idée descendait son moral au plus bas, plus bas que terre, plus bas que les entrailles de la terre, et risquait de lui couter pas mal en tissu si elle persistait à lui pourrir sa conscience. L'ancienne déserteuse secoua la tête en signe négatif, déroba une mèche de cheveux qui s'immisçait entre ses lèvres, d'un geste rapide de la main, comme pour n'être vue. Mais voilà, son guide n'avait pour seul interlocuteur sa personne et Mana n'avait aucune façon d'échapper à son attention.

"Pourquoi me poser toutes ces questions ? A quoi te servent-elles ?"

~ Mana Geisha ~

Tour de garde au porte de Kumo

~ « Nos passés troubles ! » ~

"J'étais chuunin au village de Suna avant de déserter. Le Kazekage m'a repérée alors que je n'étais qu'une enfant et il m'a accordé un maitre particulier pour m'apprendre les rudiments du Bukijutsu et du Kenjutsu. Il est mort il y a un an ou deux, je ne me rappelle plus et ce n'est pas important. Il m'a abandonnée au moment où j'avais besoin de lui, c'est tout ce que je retiens."

J'écoutais attentivement son récit. Dans ses dires je note un parfum d'amertume acre, une répugnance tenace à l'encontre d'hommes et d'organisations qui l'ont délaissé et abandonné. Comme prévu nos passés se ressemblent. En elle j'ai retrouvé ce que je cherché quand moi même je suis venu m'enrôler pour Kumo. Une nouvelle maison ! Son air neutre et dur ne m'y trompe pas, j'ai le même genre de comportement au quotidien. Qui mieux que moi pourrait la comprendre. J'ai moi même après de long mois d'errance dans les montagnes du pays, monnayer mon tallent pour la lame à de riche noble ou Yakuza. La vie de porte sabre et de mercenaire m'a alors longtemps permis de subvenir à mes besoins. Dans une époque ou j'avais perdu les miens et ou l'errance me pourchassait inlassablement. La tension est à son paroxysme, resaçer les traîtrises et les cicatrices du passé ce n'est jamais bon... La baguette entre ses mains finit par craquer et le soupir qui suit, signe le sommet de son exaspération !

"Autrefois, ce genre d'incidents ne m'arrivait jamais… Pardon."

Mon sourire complaisant, se veut doux et miséricordieux. Je ne lui tiens pas rigueur de cette excès de zèle. J'ai pour ma part des énervements tout aussi hargneux aux souvenir de mon enfance. Aussitôt le calme revenu en elle j'interpelle le serveur.

"Garçon, de nouvelles baguette pour mademoiselle je vous pris !"
Aussitôt servis elle reprend son récit...

"Je n'étais pas mercenaire. Certes, je stationnais à Jiyuu, mais uniquement parce que l'on m'avait conseillé ce village pour ma propre sécurité. Je ne remplissais pas de contract. Je me contentai d'accomplir mes propres desseins… bien que jusque-là je n'aie eu l'opportunité que d'en n'effectuer qu'un." Secouant la tête, comme pour oublier ou se dérober de ses songes sombres.

Jeune et insouciante, elle n'en reste pas moins belle et provocante. J'aurai voulu lui dire qui je suis, comment je le suis devenu, qui je serai demain et ou la mènera ses lendemains. J'aurai voulu lui dire que la vengeance et l’errance sont de grands ennemies. Mais j'en suis le premier lésé, moi même ils me pourchassent inlassablement ! La voir si jeune voué à de tel démons me chagrine et me rappel qui je suis. C'est dans son regard, un regard miroir pour ce que je suis. Que le remord me prend ! Dans ces conditions je n'ai pas d'autre solution que de lui offrir ce que je n'ai pas eu... Un chez soit et des gens sur qui compter.

"Pourquoi me poser toutes ces questions ? A quoi te servent-elles ?"

"Simple curiosité malhabile Mana... Mangez à votre guise et prenez donc ces clés. Mon appartement est modeste, rien de bien chaleureux mais vous y trouverez tout le nécessaire pour vivre et de nombreux ouvrages pour vous distraire. Le temps que l'on vous donnes un logement considérée que c'est chez vous. Je logerai pour ma part au dojo. Quelque jours de retraite me feront le plus grand bien.
Bienvenu dans la famille !"

Jin Kaza.

Invité

reeeee

Sans mots

L'angoisse, cette sévère sensation d'oppression, Mana la sentit parcourir son corps à vive allure, d'une légèreté remarquable mais d'un mordant aussi douloureux que celui de la mâchoire d'un lion sauvage. Cette sensation fut si prenante, si dominante en son être, que les paroles qu'elle eut prononcées en une seconde la menèrent à tutoyer son interlocuteur, le garde des portes, ce drôle d'individu qui semblait se marrer en silence de sa situation. Un acte impardonnable pour l'adolescente qui avait toujours été attachée à des valeurs intransigeantes envers les ainés.

Bien que le Kumojin n'en tint pas rigueur, l'embarras pesa sur le revers de son crâne et celui-ci s'affaissa sous son poids. Légèrement, à l'exemple de son regard qui suivait le mouvement, à l'exemple de sa frange qui se décollait de son front par faute de la gravité. Pendant ce temps, son interlocuteur répondait à toute aisance, sans plus de soucis, sans plus de tracas. D'une attitude lésée qui désappointait à un point encore inexploré l'ancienne nunkenin, feuilletant du regard la face qui soutenait une expression dont elle se répugnait de plus en plus du dessin au fil des minutes.

Ce geste de bonté qu'il avançait envers elle, était-ce cela la preuve d'une éventuelle empathie ? Un partage de sentiments, une compassion sous une forme plus souple et moins brutale, ce qui faisait de l'Homme ce qu'il était et qui le contraignait à commettre les pires bêtises qui soient. Déjà les émotions personnelles étaient embarrassantes, alors supporter celles d'autrui en parfaite conscience de cause, volontairement, sans obligation… quelle idée !

Quel mystère que s'avérait être l'humanité et ses précisions. Et ses clés se révélaient tout aussi mystérieuses, leur présence déroutante et son intention la laissait silencieuse, stoïque, ses yeux s'arrondissaient imperceptiblement, et ses iris faisaient faute, impassibles. Une drôle d'expression qui fut pourtant réponse à la marque de soutien de son interlocuteur, sans cillage de paupières ni rien de ce genre. Ses mots la laissaient sur la touche, son incompréhension s'évasait comme le bleu du ciel à la naissance du jour, son regard la visait et elle peinait à détendre la bouche.

"Bienvenue dans la famille ?" répéta Mana du ton neutre au sein duquel elle se plaisait. Un moment de silence persista, conséquence de cette aiguille qui dérangeait la tranquillité de sa personne, avant qu'une voix muette ne s'échappe : "Je ne comprends pas l'élan de votre geste. Sincèrement. Tous ces changements me mettent au plus mal, et j'ai rarement autant de mal en moi."

La chuunin battit la tête en signe de négation, et cette fois la présence étalée de ses cheveux sur son visage ne la gêna pas. Son indifférence reprenait le dessus. Prudemment. De crainte en apparence d'être balayée comme cette esquisse sereine qui se substitua par une mimique quasiment menaçante. Seule mimique qu'elle parvenait à exprimer. Sans fond, ni raison.

Ses yeux se fondirent dans le noir le plus sombre, sa main se détacha de la sécurité du tissu qu'il frôlait et s'accrocha aux baguettes que le serveur lui avait apportées pour remplacer celles qu'elle avait brisées. De celles-ci, elle comptait prendre soin. Comme elle prendrait soin de sa nouvelle vie au sein de ce village, parce qu'on lui offrait une nouvelle chance et que la gâcher encore ne ferait que ternir l'œil de Dieu porté sur son être.

"Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'accepter votre offre, mais je vais le faire. Je ne sais pas encore pourquoi, mais peut-être aurais-je réponse à ma question plus tard. Vous me paraissez sympathique après tout. Enfin… je n'ai pas grande notion de la sympathie… mais je suppose qu'elle se présente ainsi, n'est-ce pas ?"

Le repas se terminerait bientôt, comme cette journée lourde en questions et si légère en réponses. A propos de qui, à propos de quoi ? Quelle importance après tout...

~ Mana Geisha ~

Tour de garde au porte de Kumo

~ « Nos passés troubles ! » ~

"Bienvenue dans la famille ? [...] Je ne comprends pas l'élan de votre geste. Sincèrement. Tous ces changements me mettent au plus mal. [...] Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'accepter votre offre, mais je vais le faire. Je ne sais pas encore pourquoi, mais peut-être aurais-je réponse à ma question plus tard. Vous me paraissez sympathique après tout."

Debout, du haut de toute ma hauteur, j'abats une main tendre et douce qui ébouriffe les cheveux de la jeune femme. Elle est attachante avec ses airs de durs et ses mimique retenu. Mais au fond c'est un trésor de gentillesse et de volonté. Kumo est une maison parfaite pour elle !

"Pas besoin de comprendre soeurette. Accepte cette main tendu comme un nouveau dépars. C'est plus que de la sympathie mais ça tu le comprendras plus tard, avec le temps... "

Sur ses belles parole je quitte le restaurant, laissant la belle à ses interrogations...

Fin du topic !

Jin Kaza.

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