La colère, l’énervement, la haine.. Tout est lié. Ce n'est que la gradation de ce que vous pouvez ressentir dans une vie, vous, pantins appartenant au destin. Vous verrez en grandissant qu'à chaque instant de votre vie, vous êtes susceptibles d'entrer en collision avec ces sentiments, ces bouffées de chaleur immenses qui vous rongent de l'intérieur, jusqu'à ce que vous semblez être une source de rage en fusion. Sachez que celle-ci, lorsqu'elle atteint le paroxysme de son étouffement, peut devenir incontrôlable et faire de vous, un monstre qui détruit tout derrière lui. C'est étrange, ce ressenti-ci est plus fort que les autres. À croire que notre cœur apprécie davantage les émotions négatives, que c'est presque plus intéressant de vivre avec ces dernières. Oui, car lorsque que je suis heureux, épanoui, lorsque que j'atteins le sommet du mont sourire, et bien je ne ressens rien, rien de tous ça. Et pourtant, Dieu sait que j'apprécie la bonne humeur, que je clame l'optimisme. Mais déjà que j'ai l'impression qu'elle se manifeste peu, alors que serait la véritable extase si il n'existait pas de mauvais moments, hmm ? Comment apprécier quoi que ce soit, si ce dernier est présent sans arrêts ? Honnêtement, je crois que c'est pour cela que nous préférons les mauvais moment, c'est tout un paradoxe.

En revanche, parfois, il existe des raisons valables et humaines desquelles descendent des réactions comme celles décrites précédemment. Des raisons incompréhensibles, pourquoi pas ? Des raisons qui n'ont pas lieu d'être, aussi ? Mais surtout des raisons qui ne sont pas les biens venues, car ce sont souvent des mauvaises nouvelles. Qu'est-ce qui peut réellement solliciter le nerf de la rage, si ce n'est n'importe quoi. Oui, un petit quelque chose, un fait, une situation qui vous rend colérique. C'est ce qui n'allait pas tarder à m'arriver, mais je ne me doutais de rien, comme d'habitude. J'étais seul, Chuujitsu lui était en train de dormir, se reposant de l'effort matinal. Je ne l'attendais pas pour aller me promener, j'espérais profiter de la fraîcheur pour aller vivifier un peu mon humeur maussade, mais il n'en fut rien. Voilà qu'à peine je mis la patte dehors, que les nuages se perçaient pour laisser les gouttes qu'ils contenaient inonder le village et ses alentours. Je me contentais de lever les yeux au ciel, observant avec une certaine passion le décor mélancolique qui surplombait le village. Chaque impact de ces fusées invisibles contre le sol et moi même était assourdissant je le savais, et pourtant, je ne ressenti rien. Je subissais, essayant tout juste de ne pas être victime du vent de plein fouet en me tournant. On pourrait penser le contraire en me voyant, les yeux fixés en direction du sol cette fois ci, comptant chaque pavés avec un regard endormi, comme si je n'étais pas vraiment présent au fond de moi ; mais je ne rêvais pas, je constatais. Je constatais que la vie n'était pas forcément si belle que ça, que si on nous répète de ne jamais se plaindre, ce n'est juste pour ne pas aggraver notre cas. Je constatais que finalement, être ninja n'était pas utile. Car ce ne sont que des monstres utiles à protéger leurs semblables de menaces créées par leurs semblables. Un cercle vicieux qui ne s'arrêtera qu'à la fin de notre ère, le règne humain. Après tout, que ce serait-il passé si rien n'existait ? Rien, et cela aurait sans doutes été mieux. Car si certains voient l'amour et vivent à mesure de joie et de rires, ce n'est pas la même pour tout le monde. Reste à savoir finalement, lequel de ces deux genres de personnes est généreux ou égoïste. Moi, je me plains mais ne suis finalement pas le plus mal loti dans ce monde, surtout quand j'entends parler des ces famines qui tuent, de ces familles qui vivent seules dans des bidonvilles crasseux, bhhhh.. Ça fait froid dans le dos. J'ai la chance d'avoir un but, d'avoir un toit, de vivre dans un village qui s'occupe et s’intéresse à moi et surtout d'avoir des amis dignes de ce nom. L'Hokage, Inaku, Mariko, Chuujitsu et sans oublier Setsu.

" SETSU ?! "

C'est en pensant à elle que je la senti, puis la vis. Bouche bée, je peinais à me mouvoir en voyant une horreur pareille. Mais il le fallait. C'est alors que je me mis à courir avec ma plus grande force, glissant sur le sol mouillé, sans quitter des yeux mon élève. Elle était là, pendue. Pendue, pendue. Attachée comme un vulgaire poulet, le torse nu, mutilée. L'espoir de ne pas voir son visage lorsque que je me placerai devant cette silhouette était trop faible, je n'y croyais même pas.. Je la regardais, elle, les traits et les gouttes de sang ruisselantes le long de sa peau tantôt vivement éclairés par des éclairs, qui ne faisait que rendre plus cliché la scène qui semblait être une mauvaise pièce dramatique. Moi qui avais l'habitude de me moquer des personnages qui paniquaient lorsqu'ils devaient faire face à un crime, je dois bien avouer qu'une fois sur le terrain c'est bien moins évident. L'angoisse montait en moi, puis la peur. Une peur terrible de la voir rendre l'âme sous le regard impuissant de son senseï incapable, si ce n'est déjà fait. Je fermais les yeux quelques instants, inspirant et expirant une petite bouffée d'air qui fit toute la différence. Je bondissais une première fois, détachant le bras droit qui retomba en direction du sol en se balançant, puis fis de même avec le gauche qui n'eut point le temps de subir la gravité qu'il était déjà entre mes bras. J'entrais vite dans le village de Konoha, et après avoir fait quelques dizaines de mètres, la déposais au sol, dans le hall de l'hôpital. Je voyais une marre de sang commencer à se déverser sur le carrelage. Le corps gisait, faible, et moi j'étais tétanisé, incapable de bouger. Je me faisais des films, j'imaginais les pires choses, les pires scénarios, qu'avait-il pu lui arriver.. ? Une rage commençait à monter en moi. Plus je l'imaginais se faire déchirer, plus ma colère s'intensifiait. Je me levais doucement avant de sentir des griffes, des crocs et des poils me pousser. Je me transformais en bête, la rage m'avait fait presque perdre le contrôle de moi. Je me mis à hurler, criant de toutes mes forces pour appeler un maximum de gens, surtout Chuujitsu c'est de lui que j'avais besoin. Les médecins étaient présent ici et la prirent en charge, moi, je sortais. Je me mis à tourner sur moi même rapidement, frappant aléatoirement tout ce qui se trouvait ici tel un ivrogne fou, cassant des tables, des terrasses, découpant les poubelles, frappant le sol. La colère, l’énervement, la haine.. Tout était lié.