Félines  

Voilà quarante-huit heures que j'étais rentrée au village depuis ma précédente rencontre avec Gargonith. J'avais utilisé un jour pour ma réflexion personnelle  et le soir même j'avais envoyé une requête pour rencontrer notre Mizukage. Mon esprit était embrouillé et je souhaitais débattre avec elle de choses et d'autres. Je n'avais encore jamais eu le privilège de la rencontrer personnellement et hors mis  les ragots parcourant la ville ainsi que quelques conversations entre collègues ou bien de simples papiers de formalité avec sa signature je ne savais pas qui elle était personnellement. Je pourrais donc enfin me faire une idée de qui elle, ou elles apparemment à en croire les dires étaient réellement. Et cette idée titillait mon esprit.



Debout devant la porte j'attendais en me laissant emporter par les limbes de mes pensées. Mon corps moulée dans mon habit de Juunin ordinaire et mes cheveux détachés tombaient dans mon dos et sur ma poitrine. Je regardais les individus passer dans le couloir furtivement et parfois mon regard  d'émeraude se perdait au dehors sur les architectures de notre ville brumeuse. Les mains jointes dans le dos je ne bougeais pas un muscle, droite comme un I au milieu du couloir. Je tenais quelque chose au creux de la main gauche. Un soupir s'échappa de mes lèvres, le temps s'écoule lentement lorsque l'on est impatient et j'avais l'impression de prendre racine au milieu de ce couloir, l'inaction était quelque chose d'insupportable pour moi et cette rencontre avait bizarrement une chose attirante et ma curiosité bouillonnait au fond de moi.



Je ne saurais dire combien de temps j'attendis ainsi à fixer cette porte en bois écoutant le moindre bruit pouvant en venir malgré moi. Finalement, un bruit inaudible pour l'oreille humaine se fit entendre mais mes oreilles canines se dressèrent. Je me rapprochais de la porte en quelques pas gracile tandis qu'un page en sortit au même moment, une pile de documents dans les bras, le dos penché pour soutenir ce poids. Il sursauta  en se retournant et se retrouvant à quelques centimètres de moi manqua de faire tomber sa pile de paperasses, je posais mon index sur sa pile de livre pour la soutenir et le repoussait de manière à le faire retomber sur la plante de ses pieds, rattrapant sa maladresse il replaça ses lunettes sur son nez et dit  :



«  La Mizukage va vous recevoir vous pouvez entrer... »



Ne prenant pas le soin de lui répondre j'acquiesçais simplement avec politesse et rentrai dans le bureau en fermant la porte derrière moi. Enfin j'allais pouvoir la rencontrer. Je m'avançais alors vers ce bureau familier, avec une nouvelle personne derrière celui-ci. Mon regard observa furtivement la pièce par réflexe de précaution.Ma curiosité était à son paroxysme. Arrivant à deux pas du bureau je gardais un air sérieux et M'inclinais brièvement face à notre Mizukage.



«  Bonjour. Tsuki Ökami, Désolée de vous déranger ainsi et merci de me recevoir. J'ai des informations qui pourrait vous intéresser à vous faire parvenir. »



Mes yeux en profitèrent pour analyser cette personne si importante pour notre village . Une jeune femme au regard froid et  relativement intimidante pour le commun des mortels je suppose. Néanmoins son enveloppe corporelle était relativement fluette et ses cheveux blonds en cascade lui donnait l'apparence d'une femme tout à fait ordinaire. Sauf que les gens ordinaires ne sont pas composés de plusieurs personnalité. Cet aspect ci m'intriguait particulièrement, comment pouvait on posséder plusieurs personnes dans un même corps ? Avec une j'étais déjà à assez insensée  donc je n'osais imaginer ce que cela pouvait être pour elles. L'être humain est décidément une créature étrange. Elle arborait un costume noire très solennel et froid. Mon oreille gauche tiqua légèrement sur le côté, un frémissement.


Ce sac que je venais de déposer contenait l'ancien couvre chef du précédent Mizukage, Gargonith Manjome. Il m'avait demandé de lui remettre et l'avait souillé de son sang pour prétendre sa mort. Cependant j'en avais décidé autrement. Il m'était évident qu' en tant que chef du village elle avait eu vent de notre petite rencontre sur l'île étant donné l'indiscrétion de celle-ci et ceci malgré le peu de temps qui ce soit écoulé depuis et c'est pourquoi je me livrais à elle de ma volonté avant que l'on ne vienne me réquisitionner comme un bandit. Mon point de vue à ce sujet était encore flou mais je le garderais pour moi. Face à elle et sans un mot je plongeais mon regard dans le sien en attendant qu'elle daigne regarder ce qui se trouvait dans le sac.

Félines.

Caractère. Le mien était bien trempé et si enfant j'étais plutôt joyeuse au fil des années il était devenu aussi froid que l'acier me caractérisant, l'on m'en attestait souvent de défauts me traitant d'impulsive, colérique,méprisante, rancunière … Mais je n'avais faire des dires des gens qu'ils soient de la simple vermine ou bien la personne la plus respectable et gradée possible personne ne pourrait changer ce que je suis. De plus les personnes me blâmant pour ces défauts avaient en général contribué à les acerber sans s'en rendre compte, et nombre de fois j'aurais voulu passer mes fines mains autour de leur cou et le serrer jusqu'à entendre les craquements sinistres du cartilage de leur trachée afin de les faire taire pour de bon avant de leur rire au nez en leur rappelant qu'ils ne peuvent me juger, personne ne le peut. Ceci peut paraître vantard mais pour moi un humain ne pouvait se permettre de me critiquer, pas après tout ce qu'ils m'ont fait. Je ne le tolère pas et je prends cela comme un insulte. De plus  les modifications que j'avais subi il y a de cela quelques temps avaient contribué à influencer cette partie de moi et renforcer mon côté animal et donc cette bestialité mordante grondant au fond de moi.




Je restais de marbre tandis que le regard perçant de mon interlocutrice glissait le long de ma peau opaline et plus précisément sur mes atouts auditifs peu commun, soit, j'en avais désormais l'habitude et je ne réagis pas outre mesure si ce n'est que mon regard se plongeants dans le sien lui montra qu'elle ne m'intimidait nullement malgré sa gestuelle corporelle voulant asseoir son autorité et son aura quelque peu malsaine. J'attendais simplement qu'elle ouvre le paquet, ce qu'elle fit. Aussitôt elle prit la parole et ses mots me cinglèrent au visage comme une gifle, je me retins fortement de ne pas avoir une réaction déplacée et mon oreille droite tiqua fortement à plusieurs reprises, c'était la seule partie de mon corps que je n'arrivais pas encore à réellement contrôler. Un fin sourire naquit sur mon visage un instant révélant la pointe de mes canines puis je me raclais la gorge pour éclaircir ma voix et éviter d'éclater de rire.



«  Je ne suis pas aussi stupide que cela si vous me permettez. »Rétorquai-je «  Les informations que j'ai a vous donner sont toutes autres et je vais vous les exposer. » Je marquai une pause puis repris «  J'ai été convoqué par Gar-gonith Manjome il y  a de cela  deux jours. J'y suis allée pour voir qu'elles étaient ses intentions  et c'était une occasion plus que parfaite pour récolter des informations à son sujet. Mais passons outre cela. Ainsi donc il m'a annoncé qu'il était en train de monter une organisation dont le but serait en quelques mots " étendre la paix dans le monde en éliminant ceux qui la menacerait " . Il m'a demandé de vous remettre ce couvre chef en prétendant sa mort chose que je ne ferais point, je me contente simplement de vous le rendre en gage des liens que j'ai pu avoir avec lui par le passé. De plus il m'a également parlé de l'Akatsuki ... » Un bref silence s'installa tandis que je la regardais.  «   Mais ceci n'est pas le plus intéressant, pour finir il m'a demandé de rejoindre son organisation.. Je me devais donc de vous faire part de ces informations, à vous de voir de que vous désirez en faire ».



Les prises de parole n'étaient pas pour moi et lorsque je faisais mon petit discours j'avais encore en tête les précédents mots de la jeune femme que j'avais pris comme une insulte. Je n'étais pas aussi décérébrée que cela pour faire croire avec un simple vêtement la mort d'une personne. Pendant que mon esprit fulminant se calmait peu à peu je restais parfaitement droite face à ce bureau. Un souvenir me frappa l'esprit entremêlant joie et amertume et l'espace d'une fraction de seconde je revis cette chevelure de feu derrière un bureau comme celui-ci. Je fermais les yeux deux secondes puis les rouvrit en le chassant de mes pensées. C'était dans des moments comme celui-ci ou je me rappelais que c'était une personne assise comme cette femme derrière ce même meuble en bois qui avait ordonné son exécution. J'aimais mon village mais jamais je ne leur pardonnerais, ce qui faisait aussi pourquoi je doutais quelque peu de comment je devais réagir à la proposition de Gar-gonith. Devais-je rester fidèle à ma patrie qui m'avait à de nombreuses fois fait souffrir et qui finalement n'avait jamais eu de bienveillance envers moi ? Ou bien devais-je rejoindre Gar-gonith, l'aidant dans sa tâche et pouvant ainsi assouvir ma colère vengeresse sur ceux m'ayant fait souffrir ? La réponse ne me semblait pas évidente. Mais le choix le plus judicieux selon moi était de mener un double jeu, me mêler à Gar-gonith et ses individus pour ainsi tout connaître de leurs plans et de leurs actions en gardant un lien étroit avec le village. De plus dans cette situation je tenais les rênes. Je pouvais tout autant tenir mon rôle envers ma patrie que les duper. J'attendais cependant la réponse de la Mizukage suite aux informations que je venais de lui transmettre, qui sait peut être qu'elle viendrait éclairer ma lanterne.



La loyauté. Une qualité nécessaire à notre profession. Si j'ai toujours été une personne qui s'investissait entièrement dans une cause sans jamais m'en dévier l'on peut dire que c'était ma qualité principale. Cependant avec les événements ayant récemment traversés ma vie tel un ouragan en ne laissant que des ruines je me retrouvais comme une enfant à genoux dans la poussière à la recherche de repères. Que pouvais-je bien espérer de la vie désormais si ce n'est accomplir mon devoir comme un vulgaire pantin dénué de pensées et de sentiments ? Sauf que des sentiments j'en éprouvais à mon grand désespoir. Cela aurait été tellement plus simple de ne rien ressentir, d'exécuter les ordres sans jamais rechigner, mais je ne pouvais agir comme cela, ce n'était pas dans ma nature, la nature est faite d'action, de vie, elle est imprévisible et indomptable. Une fois de plus je ne pouvais compter que sur moi même et encore une fois un choix cornélien se présentait à moi. Fallait-il suivre ma raison ou mes sentiments ? Après tout j'avais toujours choisi la voie de la bonté, de la raison, du bien et cela ne m'avait apporté que malheur. Alors que se passerait-il si je changeais de camp et passais de l'autre côté, cela pourrait-il vraiment être pire que ce que je vivais à présent ? J'en doutais fortement.  

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